Tant pis, c’est moi
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Thème
Un jeune homme annonce à sa mère qu’il a trouvé sa place dans le monde : elle est sur la scène, il fera du théâtre plutôt que médecine !
Cette entrée en matière lui permet de dérouler le fil d’une histoire familiale bouleversée par les déracinements successifs : celui de sa mère, Colette Rochet, une femme profondément croyante et qui, après avoir vécu en Italie, se marie sans amour en Egypte pour échapper à ses parents, vit une fade vie domestique et bourgeoise, a six enfants, rencontre l’amour, divorce, vient s’installer en France, etc...
C’est donc une histoire d’amour et de famille, une histoire d’identité dont le fil directeur est celui de la filiation, que le lourd secret de famille qui pèse sur l’identité du dernier-né ne parvient pas à noircir.
Points forts
Sam Karmann est un conteur hors pair : son récit est haletant, plein de drôlerie, de pudeur et d’une clarté salubre regardant la question des agressions sexuelles.
Mais ce que l’on voit sur scène, c’est avant tout un spectacle, une interprétation et une dramaturgie.
La mise en scène, soutenue par un éclairage et une bande son d’une précision remarquable, est une merveille d’ingéniosité sans apprêt, fluide, suggestive et évocatrice : cinq accessoires et la scène ressemble à la vie.
La manière dont Sam Karmann pose sur le mannequin de couture un imperméable pour suggérer l’amour naissant entre les amants est d’une infinie délicatesse.
Quelques réserves
Aucune.
Encore un mot...
Ce récit théâtral autobiographique était conçu au départ comme devant être la biographie de la mère. Il a évolué au gré de la mise au jour de ces “noyaux durs“ qui organisent l’existence des êtres et ponctuent leur histoire : les événements de l’histoire collective comme ceux des vies particulières. Le « tant pis, c’est moi » de Don César de Bazan, ce noble déchu de Ruy Blas, dit à la fois le refus de se laisser enfermer dans une identité, l’intention de mettre fin aux ambiguïtés et d’assumer cette clarté, l’humilité de reconnaitre ce que l’on est : rien que cela, mais cela.
En ces temps de déchirements qui opposent entre elles des communautés trop souvent enfermées dans des questions identitaires, ce joli récit d’une vie qui navigue entre les religions, les cultures et les marqueurs nominaux est un vrai plaisir en même temps qu’il est formidablement salubre.
Cette histoire de filiation, de transmission, d’héritage, de choix de vie rend hommage en douceur aux identités indécises et instables, à tout ce flou qui se résout heureusement dans l’accomplissement d’une vie choisie et agie.
Une phrase
La mère : « La dernière chose que je te dirai c’est que si tu choisis le théâtre, j’arrête de travailler jour et nuit.
Sam : mais bien sûr maman ! »- Sam : « J’ai différentes identités et j’en ai fait mon métier. »
L'auteur
Auteur, metteur en scène et comédien, Denis Lachaud a publié son œuvre romanesque chez Actes Sud, son œuvre théâtrale chez Actes Sud Papiers puis chez Esse Que Éditions.
Sam Karmann est acteur et réalisateur de courts (Omnibus, Palme d’or à Cannes 1992, Oscar 1993) et de longs métrages (Kennedy et moi, A la petite semaine, La Vérité ou presque). Il est directeur artistique du Festival de courts-métrages Regards Croisés (Métiers et Handicap). On l’a vu acteur au cinéma dans de nombreux films depuis 1981, du Grand Pardon d’Alexandre Arcady au Sens de la fête d’Olivier Nakache et Eric Toledano, et Place publique d’Agnès Jaoui, ainsi qu’à la télévision dans des téléfilms et des séries (Navarro).
Leur livre Tant pis, c’est moi est publié par l’Avant-scène théâtre.
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