Colorature. Mrs Jenkins et son pianiste

Dieu que ce duo est drôle et touchant à la fois ! On connait tous la légende de cette femme excentrique au cœur généreux et à la démesure musicale. Cyril Romoli et Agnès Bove forment ce couple parfait qui, du bout des doigts au piano et à la pointe de la glotte, nous entraîne dans la folie de Mrs Jenkins.

C’est un spectacle jubilatoire, une gourmandise délicieuse que l’on savoure dès les premiers instants et qu’on prend plaisir à déguster au fil des notes qui s’égrènent, plus fausses que jamais, dans la gorge de ce rossignol blessé qu’incarne à merveille Agnès Bove. La maestria de cette artiste, qui manie subtilement le quart de ton en dessous, est inénarrable et nous remplit de tendresse.

Quel régal que le désespoir effaré qui s’empare de Cyril Romoli (ou Gregori Baquet) quand, derrière son clavier (où il brille par son toucher), le musicien tente d’insuffler la justesse d’un “presque“, d’une note perdue à jamais dans le gosier de sa diva.

Le talent d’Agnès Boury dans sa mise en scène et sa direction est de tisser avec une douce ironie mais une tendresse infinie le rapport de ces deux êtres, véritable mariage de la carpe et du lapin !