Les secrets de la Méduse

Le beau choix des humbles
De
Geoffrey Callènes et Antoine Guiraud
Durée : 1 heure 20
Mise en scène
Antoine Guiraud
Avec
Geoffrey Callènes
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre du Ranelagh
5, rue des Vignes
75016
Paris
01 42 88 64 44
Jusqu’au 30 mars 2025. Du jeudi au samedi à 19 heures. Dimanche à 15 heures

Thème

  • Le 2 juillet 1816 la frégate La Méduse chargée d'acheminer du matériel, des fonctionnaires et des militaires à Saint Louis du Sénégal s’échoue sur un haut fonds, à quelques encablures de la côte. 

  • Mal dirigé par le capitaine Duroy de Chaumareys, qui n’a plus navigué depuis vingt ans et ne reçut le commandement du navire qu’en vertu de ses relations à la cour de Louis XVIII, pressé par un gouverneur avide de mettre la main sur les ressources de ce qui n’est pas encore une colonie française, le navire n’a pas su éviter les bancs de sable d’Arguin pourtant bien connus de tous les marins habitués de la région. 

  • Alors 147 soldats et membres de l’équipage s’entassent tant bien que mal sur un radeau, tandis que les officiers et les hauts fonctionnaires fuient en chaloupes…

  • C’est le récit de ce drame que le matelot Pierre-Laurent Coste, l’un des rares rescapés du radeau, qui s’est embarqué tout joyeux pour l’aventure, livre au jeune peintre Géricault.

Points forts

  • On aime cette remarquable mise au point sur « l’histoire la plus honteuse de la marine française », ses linéaments politiques et le véritable scandale qu’il provoqua dans les premiers mois de la Restauration, ce régime monarchique né de la chute du Premier empire en 1814-1815.

  • L’interprétation de Geoffrey Callènes, qui vit avec fougue et emportement les moments qu’il a contribué à mettre en mots, est saisissante. Le seul en scène était un vrai défi, et la vivacité du comédien emporte l’adhésion. L’expressivité et la plasticité de son visage, ses yeux clairs tour à tour illuminés à la vue de la belle Angélique, effarés, goguenards, saturés d’incompréhension, roulant et fous, sauvages puis d’une tristesse infinie, et sa voix modulée et modulable lui permettent de camper la diversité des protagonistes de l’événement. 

  • La lumière, évidemment, est ici une pièce maitresse du dispositif scénique : il n’en fallait pas moins pour évoquer le clair-obscur qui baigne le tableau romantique, sans plat décalque cependant. 

Quelques réserves

  • On peut trouver outré l’expressionnisme véhément qui caractérise la mise en scène et le jeu du comédien. Et estimer que la manière dont il se donne à plusieurs reprises la mimique de l’autoportrait de Courbet intitulé Le Désespéré est répétitive et un peu usée. Mais le drame n’est-il pas lui-même outrancier ?

Encore un mot...

  • Il n’y a pas que le scandale politique dans cette affaire, comme dans le si célèbre tableau de Géricault, pas que la dénonciation de l’incompétence et de la morgue des puissants. La pièce conte aussi la manière dont l’adversité métamorphose les hommes les plus doux, quand « il n’y a plus de frères, plus d’amis, juste la vie qui hurle. »

  • La folie massacreuse qui, peu après l’abandon du radeau par les deux chaloupes, gagne les rescapés, les trahisons des uns et la folie des autres, tout ce chaos excède le si tristement fameux épisode de l’anthropophagie, révélant ce qu’il peut advenir d’une humanité aux abois.

Une phrase

  • « Je voulais faire un chef d’œuvre pour moi, je vais le faire pour vous (…). Je vais montrer votre calvaire au monde. Et personne ne vous oubliera et tous connaitrons l’histoire du radeau de La Méduse. » [Geoffrey Callènes]

L'auteur

  • Les secrets de la Méduse,  pièce coécrite par Antoine Guiraud et Geoffrey Callènesest la première mise en scène individuelle d’Antoine Guiraud, comédien de cinéma et de théâtre habitué des classiques. Depuis 2012 on l’a vu sur scène, entre autres pièces, dans L’AvareLa Belle Vie de Jean Anouilh, Le Huitième ciel et, avec Geoffrey Callènes, dans Cyrano de Bergerac

  • Geoffrey Callènes, qui est aussi peintre, se définit avant tout comme un créateur et un mystique. Il a rejoint en 2014 la compagnie Le Grenier de Babouchka.  

  • De la rencontre entre ces deux compères est née l’écriture de ce drame immortalisé par Géricault.

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