Le hasard merveilleux
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Thème
Sylvie, entraîneuse de l’équipe féminine de handball d’Aubervilliers emmène, par le plus grand des hasards, ses filles jouer un match en Algérie, et plus précisément à Constantine, la ville natale qu’elle a dû quitter petite fille, avant les « événements » d’Algérie.
Elles vont jouer le grand match de la réconciliation contre une équipe algérienne, mais la magie opérera-t-elle ?
Points forts
La comédienne est tout bonnement époustouflante. Elle a une sacrée santé sur scène lorsqu’elle mène son équipe à grands coups de sifflet, quasiment “comme un mec“. Elle descend son paquet de clopes par jour (pour une sportive, ça pique un peu). Elle est pétulante, forte, vivante, elle sait où elle va et l’instant d’après, elle redevient toute douce par magie, croyant aux hasards merveilleux que nous offre l’existence, avec ses espoirs alimentés par une foi de charbonnier. Elle a quitté un pays qui l’avait mise dehors ; elle y revient, persuadée qu’elle retrouvera sa tante restée là-bas et on y croit.
L’écriture de cette pièce est épatante, où l’on traite d’un sujet grave avec une drôlerie féroce et d’un sujet léger avec profondeur. L’auteur manie la dérision avec doigté et la magie de façon aérienne.
La mise en scène est subtile : lorsqu’il s’agit de l’entraîneuse, elle est minimaliste (un sac de sport, un ballon). Lorsque l’on repart dans les souvenirs, elle devient féérique, avec un jeu de lumière derrière un fin rideau, un foulard de soie doré qui vole dans l’air et brille.
Quelques réserves
- Aucune faute à siffler !
Encore un mot...
Ce spectacle est très gai, portant sur un sujet qui l’est moins – l’entente franco-algérienne – surtout par les temps qui courent... Il s’agit là d’une comédie résolument optimiste, avec sa part d’irréel, très efficace pour le moral face à la morosité ambiante. Il offre d’excellents instants hors-sol.
Il est enlevé de main de maître par une comédienne qui sait jouer à la fois la force et la douceur, le réalisme et le rêve, et qui veut croire au « merveilleux hasard.»
Une phrase
Son leitmotiv lorsqu’elle s’adresse à son équipe d’une voix forte : « Focus, vous me regardez, les doigts dans les yeux ! »
Nous avons droit à des expressions très actuelles :
- « La vie d’ma mère, comme coach, t’es canon ! »
- « Je suis musulmane par le mari de ma tante. »Et surtout, ce magnifique passage où sa tante lui raconte que son mari chéri algérien lui demande de porter le voile « surtout pour faire plaisir à ma mère » et fait cette réponse : « Tu sais que je t’aime à la folie et que je ne peux rien te refuser. Tu veux que je porte le voile, d’accord. Mais à une seule condition : si je porte voile, tu le portes aussi…
Nous n’en avons plus jamais reparlé. »
L'auteur
Jean-Christophe Dollé a étudié le théâtre à l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique de Paris et publie ses premiers textes dès 1993. En 2001, il crée une compagnie avec Clotilde Morgiève et y crée un certain nombre de pièces, dont Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé, Téléphonez-moi et Allosaurus.
Leur prochaine création proposée à Villeneuve les Avignon sera Happy Apocalypse.
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