Person of Interest
Cinq saisons (2011-2016) d’une vingtaine d’épisodes (13 en saison 5) de 41 mn chacun par saison
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Thème
A person of interest est, dans le langage policier, une personne sur qui pèse une soupçon. Pour le reste, tout est dit dans le générique (cf. plus bas : “Un extrait“), d’une grande concision (il n’y a guère que celui du Prisonnier de Patrick McGoohan qui fasse mieux, en plus visuel). On peut ajouter que les deux principaux protagonistes de Person of Interest sont à divers titres brisés et en quête de rédemption, et que celle-ci passe par une utilisation vertueuse de la Machine.
Malheureusement pour eux - et heureusement pour la série et ses spectateurs - tous les personnages qui agissent et ont des vues sur ce système secret sont loin de partager les mêmes considérations morales...
Points forts
• On se souvient de Minority Report, cette nouvelle fameuse de Ph. K. Dick (1956) adaptée avec brio par Steven Spielberg en 2002. Person of Interest reprend l’idée du maître de la science fiction, en l’orientant dans toutes sortes de directions : bienfaits et méfaits de la prédiction et de la surveillance de masse ; convoitise suscitée par la Machine ; utilisation (« science sans conscience ») problématique d’une technologie quasi-prométhéenne ; enjeu de lutte entre États ou entre grands intérêts et gouvernements...
• La série parvient parfaitement à intriquer toutes ces orientations et à tirer jusqu’à leurs dernières conséquences toutes les potentialités scénaristiques du postulat prédictif de départ : scénaristiquement parlant, certains déroulements sont véritablement virtuoses. C’est ainsi qu’alternent des épisodes qui tournent autour du « whodunnit », avec d’autres qui, au gré d’une sophistication du scénario et des rôles des protagonistes, traitent de la maîtrise de cette insaisissable Machine...
• Pour servir le propos, les concepteurs de la série ont choisi de croiser de manière très convaincante la ville de New York dans ce qu’elle a de plus classique avec, en arrière-scène, tout un monde parallèle où la technologie et la virtualité règnent sans partage. Le showrunner a également choisi de donner aux principaux personnages, très contrastés, une vraie épaisseur humaine et un passé conséquent, qui nous est rappelé en de multiples flash back ; ils constituent autant d’histoires venant s’insérer sans invraisemblance dans l’histoire centrale, ce qui rend Finch, Reese, Carter et même Fusco extrêmement attachants, à mesure que la série creuse, par touches successives, leur personnalité.
Quelques réserves
• Certains pourront juger un peu convenue l’association de deux personnages (Finch et Reese) que tout, en apparence, oppose et qui vont faire équipe : il y a là un motif un peu récurrent qui peut agacer, sans toutefois exaspérer vu la densité de leurs personnalités.
• Quelques épisodes tirent un peu trop sur la ficelle du retournement de situation : la victime que les justiciers entendaient protéger se révèle souvent in fine l’assassin que l’on voulait empêcher d’agir.
Encore un mot...
Cette dystopie nous invite à nous méfier des apparences, et à considérer que le contrôle des individus et des sociétés par des ressources utilisées à plus ou moins bon escient ne prendra pas forcément l’aspect d’une mutation en profondeur de notre cadre de vie habituel.
Une phrase
« On vous surveille. Le gouvernement a un système secret : une machine qui vous espionne jour et nuit. Je l’avais conçue pour prévenir des actes de terrorisme, mais la Machine voit tout, tous les crimes impliquant des citoyens ordinaires, que le gouvernement considère “sans importance“. Pas nous. Traqués par les autorités, nous travaillons dans l'ombre. Vous ne nous trouverez jamais ; mais, victime ou criminel, si votre numéro sort, nous, nous vous trouverons... » (Harold Finch, en voix off du générique).
L'auteur
• Jonathan Nolan, né en 1976, est le frère du réalisateur Christopher Nolan, aux projets duquel il a contribué (ainsi Memento, oscar du meilleur scénario original, 2001). Jonathan Nolan avait du reste débuté sa carrière en 1999 comme machiniste pour Le suiveur, le film de son frère Christopher. Il collabore avec ce dernier en 2008 sur un épisode de Batman (The Dark Knight), puis sur Interstellar, et participe entre-temps au scénario de Terminator. Renaissance.
• Avec le concours du producteur JJ Abrams, il lance en 2011 la série Person of Interest, et une fois cette série achevée, on le retrouve dans Westworld, réalisé cette fois-ci avec sa femme, Lisa Joy.
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