LAËTITIA
Sur France 2,
Diffusion 21 septembre et 28 septembre 2020 (6 x 45’) et en replay sur FRANCETV
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Thème
Ce drame social, survenu en janvier 2011 à Pornic, est l’histoire de l’assassinat sauvage de Laëtitia, jeune fille de 18 ans, qui a défrayé la chronique et bouleversé la France entière jusqu’au sommet de l’Etat.
La série ne se limite pas à la chronique de cet assassinat mais plonge au cœur même de la vie des protagonistes (victimes, assassin,…) et montre le combat mené par les 2 sœurs, Laëtitia et Jessica, ballottées au gré des décisions prises par les adultes. De leur naissance à leur vie de jeune femme, leur monde est un monde de violence. Violence qui se joue non seulement dans leur propre famille, mais aussi dans celle qui deviendra leur famille d’accueil.
Ce sujet, hélas toujours d’actualité, nous fait vivre toutes les formes que la violence peut revêtir : à la fois brutale et explosive (ici les éclats, les coups de gueule et les gestes physiques de leur père et plus tard ceux de Tony Meilhon, le meurtrier) mais aussi celle qui progresse de façon cachée et sournoise, faisant partie de ce qu’on appelle les non-dits. En retrait, celle dont on ne parle pas qui n’en devient que plus terrifiante et oh combien malsaine ! Plus difficile à déloger, elle va se frayer un chemin dans les fibres de la psyché des 2 sœurs. Cette dernière forme de destruction se visualisera au travers de la famille d’accueil.
C’est cette violence, filmée dans un milieu social fait de gens « quelconques », ordinaires plus ou moins marginaux qui a pu conduire à ce qu’est devenu le fait divers : le meurtre de Laëtitia.
Points forts
- Que de sobriété, d’élégance et de dignité pour traiter d’un fait aussi dramatique ! Bravo à l’équipe de réalisation.
- Les acteurs, sans exception, nous offrent ici une remarquable interprétation ; exit le sensationnalisme, mais au contraire une palette de jeux tout en retenue, montrant qu’ils sont complètement incarnés dans leur rôle ; ils prennent le spectateur par la main pour le conduire dans ce qu’eux-mêmes ont pu ressentir. Encore bravo.
- A noter la fluidité incontestable apportée par l’intégration des images d’archives à la série
Quelques réserves
Aucun point faible en lien direct avec la série ; par contre une mauvaise note attribuée à France 2 : quel gâchis que la chaîne ait choisie de diffuser 3 épisodes par soirée ! Ceci la rallonge inutilement au risque de perdre des spectateurs, et ce pour de très mauvaises raisons. Heureusement le replay vous permettra de voir la série à votre rythme laissant du temps au temps…
Encore un mot...
Dans Laëtitia ou la fin des hommes, Nous traversons ainsi la vie de ces 2 jeunes filles dont le caractère s’est forgé au fil du temps dans leur monde perturbé ; elles ont « poussé », comme elles ont pu telles des plantes malmenées au gré des secousses du vent ; elles ont essayé et sont aussi arrivées, à force de résilience, à s’accrocher quand bien même les fortes rafales secouaient leurs existences.
Si tristesse et doutes s’observent sur leurs visages tout au long de cette histoire, il ne faut surtout pas en oublier les moments de joie et de gaîté qu’elles ont et partagent avec leurs ami(e)s. Elles sont imprégnées de cette force de vie qui accompagne les découvertes de l’adolescence.
Je fus d’autant plus impressionnée par la réalisation, qu’ayant lu le livre de Ivan Jablonka, après avoir assisté à son exposé en 2016 à Lyon, j’ai été émue par sa motivation : avant tout, faire vivre Laëtitia, bien au-delà d’un simple fait divers (le meurtre) pour montrer la force, la vie et l’énergie qui habitent ces 2 sœurs.
Ceci a été remarquablement et fidèlement repris par Jean-Xavier de Lestrade.
Avec cette chronique, mon souhait serait, à mon niveau, de continuer à faire vivre Laëtitia…
L'auteur
Jean-Xavier de Lestrade ; faite à partir de Laëtitia ou la fin des hommes de Ivan Jablonka (professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris XIII).
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