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Thème
Cette exposition regroupe les peintures et encres de grand format de Zao Wou-Ki (1920-2013), des années 50, période cruciale dans sa recherche stylistique, jusqu’au début du XXIe siècle. L’artiste chinois s’installe à Paris en 1948, alors en plein débat esthétique de l’art moderne après l’impressionnisme, le cubisme et l’art abstrait.
Quatre grandes salles pour accueillir ces peintures aux dimensions inhabituelles, caractérisées par de larges surfaces de couleurs vives et puissantes. Sur chacune ce motif de turbulences, formant comme un chaos d’une infinité de minuscules coups de pinceaux, ou de rayures de couteau, comme cherchant dans l’immensité de l’univers l’essence de la vie et du monde.
Points forts
- L’immensité des toiles. Bien que le regard identifie au prime abord dans ces imposantes oeuvres (certaines de 200 x 525 cm) l’influence de l’art abstrait de ses premières années en France, l’œil attentif croit déceler des éléments calligraphiques ou même des motifs figuratifs chinois derrière ces formes denses, subtiles et vibrantes.
- L'importance soulignée de ses amitiés et ses influences. Ses premières peintures montrent une certaine empreinte de Matisse et de Picasso. Mais c’est finalement Cézanne et Matisse qui, disait-il, étaient les plus proches de son tempérament et qui l’ont le plus inspiré pour l’évolution de sa peinture.
- Le milieu artistique de Montparnasse. Zao Wou-Ki, ayant appris le français, s’y intègre rapidement et compte parmi ses amis quelques uns des peintres les plus renommés de l’époque : Jean-Paul Riopelle venant du Canada, Pierre Soulages, Hans Hartung, Nicolas de Staël, Vieira da Silva ou encore Sam Francis. Mais ce fut Henri Michaux, peintre et poète, qui est resté jusqu’au bout le plus fidèle complice. Il le présente au marchand Pierre Loeb qui l’invite dans sa galerie. Wou- Ki – son prénom – est lancé. Il part en Suisse, où il fait la découverte déterminante de Paul Klee, lui-même très attiré par l’art de la calligraphie chinoise, et en qui Zao Wou-Ki reconnaît une même sensibilité d’âme.
- Mais la musique et la poésie font également partie intégrante de son univers artistique. Le précurseur de la musique concrète, Edgar Varèse, et sa création révolutionnaire en 1954, Déserts, est une révélation pour le peintre ce qui nous vaut son Hommage de 1964. Avec le poète Henri Michaux, le lie une solide amitié et affection. « L’Espace est silence », emprunté à Michaux, a été choisi comme sous-titre de l’exposition pour bien marquer l’esprit fusionnel entre ces deux artistes.
- Plusieurs oeuvres majeures exposées :
Traversées des apparences, 1956, Hommage à Henri Michaux, 1963,
Hommage à Edgar Varèse, 1964, Hommage à André Malraux, Triptyque, 1976
Hommage à Henri Matisse I, 1986, Le vent pousse la mer, triptyque, 2004
Et la plus « impressionniste » des peintures exposées, Hommage à Claude Monet, 1991, un éclat de couleurs pastels rose et bleu où l’on croit deviner le fameux pont japonais de Giverny.
Quelques réserves
Malheureusement, un public trop clairsemé. Ce peintre majeur de l’abstraction lyrique mérite un écho plus important.
Encore un mot...
Plutôt un seul : j’ai été éblouie, tant l’impression de monumentalité et de mystère s’empare de vous en entrant dans l’exposition. Pour moi, ce fut un choc esthétique rare.
Une phrase
Zao Wou-Ki, lui-même, parle de « l’évocation du bruissement des feuilles ou du moutonnement de la surface de l’eau au passage de la brise »…. A propos de Vent, en 1954, que le peintre considérait comme première œuvre entièrement abstraite.
L'auteur
Zao Wou Ki est né à Pékin dans la famille Tsao aux origines très anciennes de la dynastie Song (Xe-XIIe siècles). Tout jeune, il fait ses premiers essais en dessin et en peinture. A quatorze an, il est admis à la très réputée Ecole des beaux-arts de Hang-Tchou. En 1947, fait une première exposition personnelle à Shanghai, avec un certain succès. Mais c’est la peinture occidentale moderne qu’il découvre sur des cartes postales, qui le fascine. Il embarque avec sa femme Lan-Lan, pour un long voyage de 36 jours pour Marseille. Aussitôt arrivé le 1er avril 1948 à Paris, il court au Louvre où il passe tout l’après-midi.
A partir de 1952, Zao Wou-Ki voyage énormément. Italie, Espagne, Etats-Unis, Hawaï, Japon, Mexique, Autriche. En 1958, rencontre de sa deuxième femme, May. Une des toiles les plus singulières de l’exposition (aussi la plus grande) « En mémoire de May », 1972, fut composée après le décès de celle-ci. De larges formes noires semblent comme échouées sur fond ocre, cherchant désespérément à se rapprocher… Une sensation de profonde détresse s’en dégage.
Sa renommée grandissant, les expositions personnelles à travers le monde se multiplient. Ainsi que les distinctions. Obtention de la nationalité française grâce à André Malraux. Officier de la Légion d’honneur en 1987. En 1992, Commandeur de la Légion d’Honneur. Le 4 décembre 2002, Zao Wou-Ki est élu membre de l’Académie des Beaux-Arts, au fauteuil de Jean Carzou.
Sa troisième femme, Françoise Marquet, l’accompagne jusqu’à sa mort le 9 avril 2013 en Suisse. Zao Wou-Ki est inhumé au Cimetière du Montparnasse à Paris.
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