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Thème
L’exposition du musée Bourdelle nous invite à nous plonger dans les rapports qui se nouent entre maître et élève, entre artiste et praticien, à travers la figure du sculpteur Antoine Bourdelle, dans son atelier, chargé d’âmes et d’histoires.
Passionné d’enseignement, il a accompagné pendant 40 ans près de 500 élèves, dont 142 de nationalités différentes, venus du monde entier, qui ont eu des trajectoires variées, restant fidèles ou pas au maître. Son enseignement s’appuie sur la transmission de leçons, de savoir- faire techniques (observation) et sur la parole (comme Socrate, disait-il).
Une cinquantaine de photographies, une cinquantaine de sculptures et une quarantaine de dessins sont mis en scène et retracent la fidélité ou le rejet à l’enseignement du maître.
Points forts
- L’intérêt du thème : la transmission. En plus d’intégrer les Beaux-Arts, le passage dans l’atelier d’un maître enseignant est recommandé à la fin du XIXe siècle pour devenir sculpteur. Elaborer une sculpture requiert des praticiens/artisans et des artistes. Bourdelle sera tour à tour élève (Beaux-arts et atelier de Falguière), praticien de Rodin, maître-enseignant et sculpteur.
Formidable pédagogue, l’enseignement est pour Bourdelle une source d’épanouissement personnel. Bienveillant, éclectique, il propose un apprentissage anticonformiste. Comme Socrate, il veut être un « accoucheur » qui aide les élèves à se connaître afin de « chanter son propre chant ». Il le sera jusqu’à sa mort.
- Le lieu : son atelier. Très émouvant de se retrouver dans les lieux où Bourdelle vivait, créait ou enseignait et qui ont été sanctuarisés par Cléopâtre Sévastos, sa seconde épouse. Dans le charmant jardin déployé autour de l’atelier, des statues monumentales s’élèvent dont l’Héraclès archer (1910) qui a été le déclencheur de son succès en tant que sculpteur/créateur.
- L’exposition, nichée dans l’extension bâtie par Christian de Portzamparc, nous accueille avec des photos d’archives projetées sur un grand écran et montrant ses très nombreux élèves.
- Le buste de Rodin (1919), peu apprécié par son commanditaire, trône aujourd’hui à l’entrée du Musée Rodin: « votre sculpture ne sera comprise que dans 100 ans ». Eh, oui !
- La vidéo montrant la technique de la taille de pierre avec « la machine à mettre aux points » permet de bien comprendre comment le praticien dégrossit la taille grâce aux points de repère inscrits sur la pierre.
- Les magnifiques têtes de 3 de ses élèves, des femmes, ses modèles favoris: Madeleine Charnaux (1917), la Chilienne (1921) et la Roumaine sans oublier l’Eve de Rodin/Bourdelle (1907) et le buste de la Roumaine(1927).
- La dernière salle illustre le thème transmission/transgression avec Germaine Richier qui dit : «tout ce que je sais, c’est Bourdelle qui me l’a appris » alors qu’Alberto Giacometti dira : « l’enseignement de Bourdelle ne m’a pas apporté beaucoup »
Quelques réserves
Pourquoi avoir conclu l’exposition avec une petite maquette du musée-atelier de 1928-1929?
Bien sûr, il s’agit encore de transmission…
Encore un mot...
L'après Bourdelle, pour ses élèves? Certains vont poursuivre leur trajectoire avec Brancusi ou Jean Arp. D’autres vont rejeter Bourdelle, comme Alberto Giacometti; mais la plupart se réclameront de lui, comme Germaine Richier.
Une phrase
Ou plutôt deux phrases de Bourdelle:
« Je suis comme Socrate. Je vous accouche de votre âme »
« Le Parthénon quand je t’embrasse frémit dans mes bras » à propos de Cléopâtre, son épouse, incarnant la sculpture
L'auteur
Fils de menuisier-charpentier, Bourdelle, né en 1861 à Montauban, entre l’école des Beaux-Arts de Toulouse, puis à celle de Paris. Il se forme dans l’atelier de Falguière avant d’être praticien pour Rodin, entre 1893 à 1908. Il manifeste une réelle admiration pour chacun d’entre eux mais il se rattache aux maitres d’œuvre bâtisseurs de cathédrales. Il propose un enseignement ouvert, " chanter son propre chant ".
Marié à Stéphanie van Parys, il va divorcer en 1910 pour vivre avec Cléopâtre Sevastos, qui sera sa seconde épouse et va devenir sa collaboratrice. Il dira d'elle: « je dois tout à ma femme ». Il est mort au Vésinet en 1929. En 1950, le musée sera cédé à la ville de Paris à condition que Cléopâtre, puis sa fille Rhodia, gère le bâtiment.
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