SPILLIAERT (1881-1946), LUMIÈRE ET SOLITUDE
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Thème
Les œuvres de Spilliaert présentées ici sont celles dites de « jeunesse », toutes réalisées entre 1900 et 1917.
Avec son style reconnaissable mais inclassable, Spilliaert nous dévoile un univers fait de figures fantomatiques, de paysages obscurs presque abstraits et d’intérieurs « sombres et graves ».
Ce sont les trois thématiques de l’exposition.
N’ayant suivi que quelques mois d’études à l’Académie des beaux-arts de Bruges, Léon Spilliaert n’en est pas moins un amateur d’art et de littérature avisé. Nous comprenons lors du parcours de l’exposition qu’il s’inspire aussi bien de Nietzsche que de Maeterlinck, de Lautréamont que de Verhaeren. Son travail sombre et grave se situe à la croisée du symbolisme et de l’expressionnisme.
Au fur et à mesure de notre déambulation dans l’exposition (somme toute, assez courte), nous comprenons aussi que le peintre est véritablement hanté par la mort et l’expression tourmentée de la solitude. Cette dimension psychologique s’observe notamment à travers les divers autoportraits de l’artiste qu’il réalise entre ses 21 et 28 ans. Progressivement, le cadre se resserre, le silence s’établit sur la toile, le corps se déforme monstrueusement.
Plus intéressants encore sont les paysages d’Ostende qui sont représentés. La ville natale de l’artiste lui a inspiré de nombreuses œuvres minimalistes, presque abstraites. Les paysages sont effectivement simplifiés à l’extrême, et le recours au motif purement géométrique renforce considérablement « l’atmosphère générale de solitude et d’angoisse, miroir de son vécu », comme le précise le texte de salle. La série suivante, consacrée aux « figures d’Ostende, le théâtre des ombres » confirme cette perception. Les personnages d’Ostende, croqués par Spilliaert, ne sont que des ombres, et les femmes de pêcheurs sont transformées en véritables archétypes de l’attente.
Le fil de rouge de l’exposition est donc le lyrisme de Léon Spilliaert, personnage solitaire et torturé.
La dernière série nous montre des serres et des verrières avec leurs végétaux qui envahissent l’espace. Enième écho de l’univers mélancolique de l’artiste.
Finalement, l’exposition s’avère succincte. La scénographie, sobre, ne fait pas particulièrement écho aux intérieurs angoissants peints par Spilliaert. Le travail sur la lumière n’était pas non plus une priorité des scénographes, malgré le titre de l’exposition.
Points forts
Le Musée d’Orsay propose une exposition sur un peintre méconnu du grand public mais dont le travail compte dans l’histoire de l’art. Les peintures de Spilliaert raviront les amateurs.
Une diversité de médiums et de supports sont présentés dans l’exposition : aussi bien de la lithographie que l’encre de chine ou de la peinture à l’huile. Ce qui permet d’avoir un bel aperçu des techniques picturales utilisées par Léon Spilliaert.
Relativement succincte, cette exposition permet de profiter des autres collections du musée sereinement.
Quelques réserves
- Plutôt réservée aux initiés de cette période et peu ludique, cette exposition n’est pas appropriée au jeune public.
- On déplore le choix chronologique de l’exposition qui ne se concentre que sur les œuvres de jeunesse de Léon Spilliaert. Aucune explication n’est apportée par rapport à ce choix.
Encore un mot...
Le musée d’Orsay propose de retracer les 15 premières années de production du peintre belge Léon Spilliaert. Sombre et grave, le style inclassable de l’artiste décontenance. Léon Spilliaert surprend, déroute et invente un symbolisme de la nuit intérieure qui laisse son empreinte dans l'art belge de la première moitié du XXe siècle.
Une phrase
- « La mer pour moi est un enchantement (…) Tout m’apparaît à nouveau neuf, extraordinaire, fantastique ». Léon Spilliaert, Ostende, 1920.
L'auteur
Léon Spilliaert (né à Ostende le 28 juillet 1881, mort à Bruxelles le 23 novembre 1946) est un peintre belge ayant fréquenté le milieu du symbolisme belge, dont Maeterlinck et Verhaeren furent les membres les plus connus. Ses influences vont de Edvard Munch à Fernand Khnopff, mais aussi Nietzsche et Lautréamont, tandis que ses peintures ainsi que les thèmes qu'elles représentent peuvent être rapprochés de ceux d'Edward Hopper, contemporain de Spilliaert.
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