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Thème
Dans cette œuvre réalisée en 1993, trois ans après le décès de son épouse, le photographe Nobuyoshi Araki traite du deuil. La série se compose d’une succession de 101 photographies noir et blanc, toutes sur le même format, à la manière d’un journal intime qui documente son quotidien. Une alternance de vues de Tokyo, de natures mortes, et de figures féminines prises tantôt nues dans l’intimité de sa chambre ou dans des mises en scène érotiques. La série de photos de rue présentées fait écho au travail du photographe américain, auquel Araki a dédié cette série.
Points forts
- La succession de 101 images de même format, en noir et blanc, et sa mise en scène linéaire dans l’exposition, évoquent bien le quotidien répétitif et morne d’un homme en proie au désespoir.
- La poésie et la délicatesse de la composition de certaines images à l’instar des vues du ciel, de scènes de la vie urbaine à Tokyo, des photos du chat adopté par sa femme, ou encore d’un square où trône un éléphant qui semble abandonné de tous.
- La référence au kinbaku* qui nous questionne sur la relativité d’un art qu’on associe facilement en Occident à une pratique érotique en faisant abstraction de sa dimension spirituelle.
*Le kinbaku, ou l’art du ligotage, trouve sa source dans une technique ancestrale utilisée pour entraver les guerriers et leur infliger un châtiment corporel.
Quelques réserves
L’absence de cartels autre que celui de la présentation initiale rend difficile l’immersion dans cette œuvre à la fois intime et très frontale tant certains clichés peuvent apparaître comme crus. On aurait envie d’en savoir un peu plus sur la vie de l’auteur, et pour les néophytes, de connaître son rapport à l’érotisme et la place de son épouse-femme-inspiratrice dans son œuvre.
Une illustration
Une phrase
Né en 1940 à Tokyo, ingénieur de formation, Nobuyoshi Araki débute comme cameraman avant de devenir photographe. En 1971, il publie Voyage sentimental, où son mariage et sa nuit de noces sont dévoilés sous la forme d’un journal. L'œuvre d’Araki révèle les mutations de la culture nippone à travers une démarche autobiographique, entrelaçant les thèmes de l’érotisme, de la mort, du temps et de la ville. Artiste prolifique, figure médiatique au Japon, Araki a initié très tôt une œuvre auto-fictive, inspirant des artistes comme Sophie Calle ou Roman Opalka.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Shi nikki (private diary) for Robert Frank - Nobuyoshi Araki
Editeur : Delpire & co - 2021, 208 pages
Araki nobuyoshi - rétrospective
Catalogue d’exposition réalisé à l’occasion de la première exposition rétrospective en France. Coédition Gallimard/Musée Guimet – 2016, 304 pages – 719 illustrations
Araki : Impossible love
Catalogue de l'exposition présentée à la C/O Berlin Foundation. Édité par STEIDL - 2018, 370 pages.
Expos encore à voir
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