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Thème
Difficile de croire que, fort de ses 80 000 œuvres, le Musée d’Orsay continue d’enrichir ses collections d’art occidental... Et pourtant : depuis 2008, le musée a fait l’acquisition de 4 000 nouvelles pièces composées entre 1848 et 1914, parmi lesquelles près de 200 sont présentées aux visiteurs avant d’être intégrées aux collections permanentes. Une occasion originale de comprendre le modus operandi d’une telle institution sur le marché de l’art, et de découvrir en toute intimité certains chefs-d’œuvre oubliés.
Points forts
- Le Musée d’Orsay aborde ici une thématique rare car souvent tabou : présenter les stratégies d’investissement d’un musée national, permises grâce à un prélèvement de 16% sur le prix de notre ticket d’entrée. Le visiteur sera surpris de découvrir les différents arbitrages effectués par le Musée, expliquant son remarquable dynamisme depuis sa création en 1986.
- Par ailleurs, l’exposition donne l’occasion de redécouvrir - dans une version condensée - l’étendue de la création artistique du XIXème occidental : la sélection de peintures, sculptures, photographies et pièces d’arts décoratifs témoignent d’une époque au foisonnement créatif unique, et où tous les styles sont représentés avec une grande justesse.
- Parmi les acquisitions les plus remarquables, l’une d’entre elles a particulièrement retenu mon attention : plus que le Portrait d’Yvonne Derolle en trois aspects, de Maurice Denis, qui a été choisi comme affiche de l’exposition et trône en majesté, c’est devant Dante et Virgile de William Bouguereau que je vous conseillerais de vous arrêter plus longuement, et qui, si vous avez manqué l’exposition « l’Ange du Bizarre » l’an passé, vous saisira par sa monumentalité et sa puissance picturale.
- Plus que de faire montre de ses œuvres, le Musée d’Orsay fait preuve d’une relative pédagogie, puisqu’il tâche de présenter au visiteur les différentes étapes et parties prenantes impliquées dans un processus d’acquisition, qu’il s’agisse d’achats, de dons ou de legs : au regard d’un marché de l’art au fonctionnement souvent nébuleux, le visiteur appréciera cette vulgarisation.
- Enfin, et cela ne me semble pas négligeable, « Sept ans de réflexion » s’est contentée d’une promotion discrète : ainsi les foules, beaucoup plus attirées par la rétrospective sulfureuse sur Sade, ne s’y pressent pas, ce qui vous permettra de profiter des œuvres dans le calme, le silence et la tranquillité.
Quelques réserves
- Si l’on pressent, dans les premières salles, une certaine tentative d’organisation de la collection, le visiteur pourra rapidement en perdre le fil et ne plus en saisir la cohérence, tant les choix d’associations de certaines œuvres laissent perplexe.
- Enfin, néophytes, passez votre chemin : le Musée d’Orsay ne s’embarrasse pas d’explications basiques sur les artistes et leurs différents courants, et la première salle centrée sur les œuvres nabis pourra décourager nombre de visiteurs. Afin d’apprécier les nouvelles acquisitions dans toute leur richesse, il semble nécessaire d’être très familier avec les collections permanentes du Musée, ou du moins de disposer d’une solide connaissance de l’art du XIXème.
Encore un mot...
Traduisant une réelle volonté de transparence de la part du Musée d’Orsay, voici une exposition synthétique, sobre et étonnante, qui séduira les passionnés mais laissera, sans doute, de marbre les plus novices de ses visiteurs.
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