Ribera, Ténèbres et lumière

La rétrospective éblouissante d'un artiste prodige du XVIIe siècle.
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris
Av. Winston Churchill
75008
Paris
Jusqu'au 23 février 2025. Du mardi au dimanche de 10h à 18h. Dernière entrée à 16h30. Nocturnes jusqu'à 20h le vendredi et le samedi dernière entrée à 18h30.

Thème

Pour la première fois en France, une grande exposition monographique rend hommage à Jusepe de Ribera, peintre né en Espagne à Jativa en 1591 dont toute la carrière s'est déroulée en Italie, d'abord à Rome, puis à Naples (alors possession espagnole) jusqu'à sa mort en 1652. Tout jeune, et durant les années romaines, il fait preuve d'une virtuosité exceptionnelle. Plus tard, il sera convoité par les vice-rois, l'aristocratie et les ordres religieux. En une dizaine d'années, il se fait un nom dans ces villes, capitales artistiques de l'époque. 

L'exposition offre à la fois des peintures de grande taille, des dessins et des estampes (Ribera fut un graveur brillant), venus du monde entier qui retracent ainsi l'ensemble de son œuvre. Elle permet de percevoir l'originalité de l'artiste, qui, bien que souvent rapproché du Caravage (mort quelques années auparavant en 1610, peut-être Ribera l'a-t-il rencontré...), déploie son propre langage : un rejet du "beau idéal" pour privilégier une peinture d'après nature avec un réalisme cru, une gestuelle théâtrale, des fonds noirs impressionnants (du moins au début), des ocres et des rouges flamboyants, des sujets de la vie quotidienne autant que des scènes religieuses ou mythologiques.  

Points forts

 

Dès la première salle, attendez-vous à un choc : huit portraits sont ici exposés et ce sont huit chefs-d'œuvre ! Vous resterez longuement devant "Un mendiant" tendant son chapeau et devant les deux allégories, celle du goût et celle de l'odorat.  Puis viennent les portraits de saints qui ne sont pas moins puissants : le regard de Saint Barthélemy est impressionnant, et dans la salle suivante, la terrible scène où il est écorché vif, difficilement soutenable ! Ribera renouvelle la représentation de moments bibliques maintes fois montrés, par exemple, celle du fameux Jugement de Salomon ou celle de la Délivrance de saint Pierre ainsi que Saint Jérôme (cf l'affiche de l'exposition) qu'il a peint une quarantaine de fois !  Quant à Marie l'Egyptienne datée de 1641, ascétique et décharnée, elle ne peut que susciter l'empathie.  

L'exposition permet aussi, pour ceux qui connaissaient déjà quelques œuvres majeures de Ribera, d'admirer "le Ribera romain", découvert seulement depuis 2002, depuis que plusieurs œuvres ont été identifiées comme étant de lui.  

Autres chefs d'oeuvre prouvant que Ribera s'intéresse aux marges de la société, aux personnes pauvres ou en difficulté, au point qu'on peut le qualifier de "portraitiste de la plèbe napolitaine" : ses portraits, à sa manière très réaliste d'une Jeune fille au tambourin, d'un jeune infirme au "pied-bot", d'une "Vieille sorcière"...  ou encore la fameuse Femme à barbe, tirée d'une histoire vraie, celle d'une femme allaitant un bébé qui s'est vu pousser une longue barbe noire... 

Image

Jusepe de Ribera, Le Jugement de Salomon, vers 1609-1610. Huile sur toile, 153×201 cm. Galleria Borghese, Rome. © Galleria Borghese, Rome.

Quelques réserves

Ribera utilise peu de fonds paysagés et les deux toiles exposées représentant un paysage n'ont pas la force des portraits ni la violence des scènes de torture.  

Encore un mot...

Un film de quelques minutes des peintures majeures permet de visualiser en grand format la précision des détails notamment des visages, des rides aux sourires édentés, des drapés et des étoffes, des vêtements luxueux ou  des haillons, des muscles, des plis de la chair... 

Image

Jusepe de Ribera, Vénus et Adonis, 1637. Huile sur toile, 179×262 cm. Galerie Corsini, Gallerie Nazionali di Arte Antica, Rome. © Gallerie Nazionali di Arte Antica, Barberini/Corsini, Ministero della Cultura.

Une phrase

Une phrase de Giulio Mancini : "Ribera suit la voie frayée par Caravage, mais en plus sombre et plus féroce". 

L'auteur

Annick Lemoine, conservatrice générale, directrice du Petit Palais.

Maïté Metz, conservatrice des peintures et arts graphiques anciens du Petit Palais 

Le catalogue est édité par Paris Musées (49€). Un Hors-Série du magazine Beaux-Arts est disponible à la boutique (13€) ainsi qu' un Petit Journal de l'exposition (7€). 

Jusepe de Ribera, Le Jugement de Salomon, vers 1609-1610. Huile sur toile, 153×201 cm. Galleria Borghese, Rome. © Galleria Borghese, Rome.
Jusepe de Ribera, Vénus et Adonis, 1637. Huile sur toile, 179×262 cm. Galerie Corsini, Gallerie Nazionali di Arte Antica, Rome. © Gallerie Nazionali di Arte Antica, Barberini/Corsini, Ministero della Cultura.

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