Infos & réservation
Thème
Aussi charmant qu’il est confidentiel, le Musée Gustave Moreau rouvre les portes de son rez-de-chaussée après plus d’un an de rénovation. Ancienne demeure de l’artiste, le Musée met en lumière le style unique de ce maître français du Symbolisme, dont les œuvres, empreintes d’un syncrétisme mystique, ont inspiré le coup de pinceau d’Henri Matisse et la verve de Huysmans. L’hôtel particulier, riche de ses 25 000 œuvres réparties sur trois niveaux ouverts à la visite, offre un témoignage précieux de la technique et de la vision de ce représentant, parfois méconnu, de l’art du XIXème.
Points forts
- Depuis son ouverture au public en 1903, les conservateurs du Musée se sont appliqués à suivre la muséographie très précise pensée par Gustave Moreau lui-même : l’accrochage inchangé et la réhabilitation à l’identique des parquets, tapisseries et boiseries, témoignent d’un remarquable respect du testament du peintre, attaché à faire de ce lieu de vie et de labeur un éminent symbole de son talent artistique.
- Conservant la structure d’un hôtel particulier, le Musée s’étend sur trois niveaux, mettant chacun à l’honneur un trait stylistique de Moreau : le rez-de-chaussée introduit le visiteur à sa technique picturale unique, particulièrement discernable dans ses dessins préparatoires ; le premier étage s’attache ensuite à faire découvrir l’intimité du personnage, laissant le visiteur évoluer dans son appartement, meublé à l’identique depuis son décès en 1898. Le dernier étage s’ouvre enfin sur un atelier majestueux – et son escalier, mythique – où sont exposés, sur deux niveaux, ses plus grandes œuvres et ses innombrables croquis… Difficile alors de détourner les yeux de l’étrangeté de « l’Apparition » ou de la profusion de détails de « Jupiter et Sémélé » ; difficile, en fait, de quitter cet espace impressionnant, où l’on vagabonde de chef d’œuvre en chef d’œuvre.
- Enfin, il est rare qu’un musée national reste si fidèlement dédié à un seul artiste : cette protection, permise grâce au mécénat et au financement alloué par le Ministère de la Culture, est un témoignage sans équivalent d’une œuvre prolifique, appréhendée comme un tout indivisible, et permettant au visiteur de saisir avec justesse l’évolution de la personnalité, du style et de la carrière de ce grand peintre.
Quelques réserves
- La rénovation du rez-de-chaussée, si elle suit à la lettre les consignes laissées par Moreau, pose malgré tout la question de la pertinence du respect de ce testament. En effet, la disposition chargée des toiles, sans recul dans des pièces très exiguës, ne fait pas honneur à certains tableaux, qui tireraient probablement profit d’une scénographie plus aérée.
- D’autre part, au sous-sol a été aménagé un cabinet d’art graphique ouvert aux chercheurs, qui regorge d’un inventaire aussi fascinant que les collections mais que l’artiste a refusé de rendre public ; on aimerait pourtant découvrir, entre autres, les portraits des modèles qui posaient pour le peintre, ou les photographies qui ont servi d’inspiration au palais de Salomé.
- L’étroitesse de l’architecture est enfin inadaptée à la relative affluence que l’on observe certains jours, et qui tend à briser l’intimité de ce lieu confidentiel. Le Musée est d’autant plus appréciable qu’il est vide : choisissez donc la date de votre visite avec soin.
Encore un mot...
Un musée rare et superbe, traduisant une véritable volonté de respect et de conservation de l’héritage d’un artiste aussi mystérieux qu’attachant ; courez-y avant que sa notoriété renaissante ne le rende inaccessible.
Ajouter un commentaire