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Thème
L’exposition retrace de manière chronologique l’évolution de son style, de son processus créatif, au cœur du travail de l’artiste à travers une vingtaine de tableaux et une trentaine d’œuvres graphiques.
L’idée de l’exposition est née de trois tableaux, trois Rembrandt, évidemment, qui font sans conteste partie des plus grands chefs-d’oeuvre du musée. Achetés par Nélie Jacquemart et Edouard André, les trois œuvres appartiennent chacune à une période différente de la carrière de Rembrandt/
- Le premier, Les Pèlerins d’Emmaüs, qui date de 1629, est le point de départ autour duquel s’articulent les deux premières salles de l’exposition, consacrées aux débuts de Rembrandt (1625 – 1631).
- La deuxième acquisition est le Portrait de la princesse Amalia von Solms (1632), qui est accompagné, entre autres, d’une exceptionnelle série de dessins.
- Le dernier des trois tableaux acquis par Jacquemart et André, le Portrait du Docteur Arnold Tholinx (1656), nous emmène vingt ans plus tard, face à un Rembrandt au sommet de sa subtilité et de sa maîtrise technique, dont les portraits brillent d’une lumière intérieure dont lui seul a le secret.
Points forts
- La première partie, avec les Pèlerins d’Emmaüs (1629), est dédiée à l’époque de Leyde (1625-1631) durant laquelle Rembrandt se révèle, par des sujets essentiellement historiques et bibliques. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si dans la même salle, face à face, le tableau Les Pèlerins, souffrant de leurs doutes, s’opposent de part et d’autre de la pièce à un Saint Paul qui n’aurait pas encore la foi.
On perçoit dès cette époque chez le jeune peintre une parfaite maîtrise technique, la présence, et le jeu, si ce n’est l’expérimentation de plus en plus évidente du clair-obscur et l’approfondissement de la compréhension psychologique des sujets qu’il traite.
Dans cette salle, en plus des Pèlerins d’Emmaüs, deux autres remarquables tableaux, dont l’Homme riche, moralement représenté écrasé derrière ses sacs que l’on suppose d’or, et une splendide petite Fuite en Égypte. Un élégant travail, dans ces tableaux, est fait par le peintre, sur la lumière, qui y joue un grand rôle, et parvient même parfois de plusieurs sources.
Rembrandt, qui se passionne pour le théâtre, a aussi une grande expérience de la mise en scène dont il fait profiter ses tableaux.
- Une deuxième partie est consacrée aux années de son triomphe à Amsterdam, de 1631 à 1635. Formidables dessins de scènes populaires, dont la Vendeuse de crêpes - avec un acheteur fouillant sa poche- est un chef-d’œuvre à lui tout seul.
- Enfin, autour du Portrait d’Arnold Tholinx (1656), sont évoquées les années 1652-1669, qui sont celles du « style tardif » de Rembrandt, au sommet de son art.
Son style se place en rupture de la peinture contemporaine néerlandaise, réaliste, lisse et subtile. Rembrandt, lui, simplifie les formes et les couleurs. Sa palette se restreint et il va dorénavant à l’essentiel.
En présentant, répartis en trois chapitres, une quarantaine de tableaux, l’exposition présente donc trois étapes-clés de la création de Rembrandt. Elle permet d’appréhender de façon très didactique l’évolution de ce peintre qui a dominé l’art hollandais du XVIIe siècle.
Quelques réserves
Le parti-pris de l'exposition est un peu confus, même si elle s'articule autour de trois tableaux du peintre appartenant aux collections du musée Jacquemart-André.
Certes, l'accrochage nous permet d'appréhender son évolution stylistique, mais il ne répond que partiellement au titre Rembrandt intime... qui nous laissait espérer un coup de projecteur plus franc sur l'existence aussi passionnante que tragique du maître du clair-obscur. Faut-il rappeler qu'à 26 ans, ce fils de meunier est déjà reconnu par la Cour ? Qu'il affronte, très tôt, des drames personnels, dont la mort de sa femme Saskia, qui n'a que 30 ans ? Qu'à 50 ans, il voit ses biens et sa maison dispersés par six ventes aux enchères ?
Bien sûr, il y a ces eaux-fortes représentant ses parents, pour nous le rendre plus familier; ou ces tableaux dans lesquels il immortalise son épouse, leur fils Titus ou Hendrickeje Stoffels qui fut sa servante avant de devenir sa dernière compagne. Mais, contrairement à sa progression artistique, son cheminement intérieur n'est que vaguement esquissé.
Malgré une judicieuse vidéo reprenant quelques-uns des 80 autoportraits dans lesquels le Hollandais aimait se représenter à tous les âges de la vie, la promesse de nous faire entrer en étroite connexion affective avec lui reste en demi-teinte.
Encore un mot...
C'est toujours un choc esthétique que de se confronter à la lumière exceptionnelle des toiles de Rembrandt et à leur vibrante impression de vie.
Donnons sans réserve raison à Van Gogh, qui affirmait à son frèreThéo : "Les portraits peints par Rembrandt, c'est plus que la nature, ça tient de la révélation."
Reste que le titre de l'exposition laissait espérer plus...
L'auteur
Rembrandt Harmenszoon van Rijn (du Rhin), connu sous son prénom de Rembrandt (1606-1669), naît dans une famille de meuniers à Leyde, où il s’inscrit, après l’école latine, à la faculté de philosophie. Qu’il abandonne d’ailleurs bien vite pour se former à la peinture.
Rembrandt est l’une des très grandes figures à la fois de l’histoire de la peinture, et de l’École de la peinture hollandaise du siècle d’Or. Peintre notamment baroque, aquafortiste, il a produit des gravures et des dessins.
Parmi ses nombreuses peintures, près d’un quart sont des autoportraits dans lesquels il se montre... tel qu’il se voit, laissant clairement déceler ses évolutions tant physiques que psychologiques ou même sociales, laissant se déployer sa chevelure hirsute, qu’il travaille au bois du pinceau, ou se coiffant d’une toque, quant il ne se peint pas en costume oriental, ce qui était alors à la mode.
Souvent même, dans ses autres tableaux, il prendra malice et satisfaction à se représenter. Avec discrétion certes, mais présent.
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