Portraits de Cézanne

Hommage authentifié et subtil à la peinture "couillarde" d'un des pères de l'art moderne
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Musee d'Orsay
1, rue de la Légion d’Honneur
75007
Paris
01 40 49 48 14
Jusqu'au 24 septembre
Vu
par Culture-Tops

Thème

Paul Cézanne a peint près de deux cents portraits au cours de sa carrière, dont vingt-six autoportraits et vingt-neuf représentant son épouse, Hortense Fiquet.

L'exposition explore les particularités esthétiques et thématiques de Cézanne dans cet exercice particulier, notamment comment il instaure un dialogue entre des oeuvres complémentaires et réalise de multiples versions d'un même sujet.

Une approche chronologique du Cézanne portraitiste permet d'étudier son évolution, en s'attardant sur les variations qui apparaissent dans la continuité de son style et de sa méthode.

Portraits de Cézanne pose également la question de sa conception de la ressemblance et de l'identité du modèle, ainsi que celle de l'influence qu'ont pu avoir certains d'entre eux dans ses choix et dans le développement de sa pratique.

Les oeuvres présentées, venues de collections privées et de prestigieux musées du monde entier, vont du remarquable portrait de l'oncle Dominique datant des années 1860, jusqu'aux ultimes représentations de Vallier, le jardinier de Cézanne à Aix-en-Provence, réalisées peu de temps avant la mort de l'artiste en 1906

Points forts

- Quand nous entrons dans la salle d’exposition, nous sommes étonnés de découvrir une telle diversité de modèles de Cézanne. Paul Cézanne a commencé par se peindre, puis sa mère, sa sœur, ses proches, mais aussi des paysans provençaux, ses amis et fréquentations professionnelles.

- J'ai été surprise de la manière dont il peint sa femme Hortense. Portraits d'une épouse mélancolique  et résignée qui en disent long sur les relations du couple…

- J'ai beaucoup apprécié également de nombreux auto-portraits très audacieux pour leur époque, comme celui à la palette, le seul où il se représente en tant qu'artiste.

 - J'ai été agréablement conquise par les innombrables et fugaces jeux de lumière et d’ombre. Fascinée par l’harmonie des couleurs de la robe d’Hortense ou du gilet rouge,  irradiant, d’un adolescent.

- Vers la fin de sa vie, Cézanne abolira le contraste entre les visages et le fond. Ainsi, son jardinier, dénommé Vallier, se voit fondu, fusionné dans une charmille; nous frôlons l’abstrait. 

- Le plus étonnant, ce sont les yeux noirs de tous les personnages de ses portraits. Les pupilles  donnent l’impression de concentrer toutes les couleurs.

- Sa hardiesse surprend, ses touches de couleurs brutales rebutent, sa frontalité choque, ses expérimentations étonnent. Là où un visage doit être réalisé avec la plus méticuleuse des touches, Cézanne lui, les exécute au couteau à palette.

Quelques réserves

Bien sûr, Il manque des tableaux mythiques comme les Joueurs de cartes, c’est dommage. Il y a aussi, hélas, l’absence de Madame Cézanne dans la serre, chef d’œuvre du Met de New York. Mais, heureusement,  le choix est suffisamment riche.

Encore un mot...

Nous sortons de cette exposition le cœur gros d’émotions et de ressentis nouveaux, après avoir découvert un tout autre peintre que celui que nous connaissons traditionnellement. Nous l'avons vu  vieillir, nous avons vu ses conceptions de l’art évoluer, ses amitiés se faire et se dénouer au long des aléas de l’existence. Et toujours, ses recherches picturales sans concession, pures et exaltées.

Une phrase

« Me voici dans ma famille, avec les plus sales êtres du monde, ceux qui composent ma famille, emmerdants par-dessus tout ». Agressif, tourmenté, voici Paul Cézanne. Il a 27 ans quand il écrit ces mots à Camille Pissarro, rongé par les rapports conflictuels avec ses parents

L'auteur

Paul Cézanne (1839-1906) resta longtemps retiré près d’Aix-en-Provence, dont il était originaire. Paris restait pourtant le lieu de son éternelle confrontation avec l’art dit classique. À partir de 1865, il tentait chaque année de se faire accepter au Salon officiel des Beaux-Arts, qu’il provoquait aussi parfois volontairement, il faut bien le dire, par le choix des œuvres qu’il proposait, comme en 1870 avec son Portrait du peintre Achille Emperaire, son ami, ou sa Femme à la puce, allongée et nue.

Ainsi la capitale, où il se rendit plus de 20 fois, exerçait-elle sur lui ce mélange constant, binaire et irritant, d’attraction et de répulsion, comparable un peu à ce lien ancien d’une amitié d’enfance qu’il entretenait avec Émile Zola, et qui finira bien mal...

De 1861 à 1905, ses fréquents séjours lui permirent de visiter le Louvre et de rencontrer aussi certains peintres impressionnistes, Pissarro, Guillaumin, Renoir, et Monet.

Paul Cézanne, déjà âgé et encore incertain de l’importance ou de la qualité de son œuvre, se retira sur les bords de la Marne ou vers Fontainebleau. Il eut quelques amis en Île-de-France, comme le fameux Docteur Gachet, à Auvers-sur-Oise, qui le soutenait.

Après 1890, critiques, marchands et collectionneurs commencèrent à s’intéresser à son œuvre. Si Cézanne se montrait attentif à cette reconnaissance, qui ne pouvait venir que de Paris, il restera ombrageux, préférant toujours privilégier sa tranquillité et sa quête artistique personnelle : faire une "peinture couillarde", bien éloignée de la peinture conventionnelle, "peinture donc châtrée" !

Paul Cézanne occupe une place bien particulière dans l’art moderne. Les grands, dont Pablo Picasso, qui l’appelait « notre père à tous », exprimaient pour lui reconnaissance et respect.

 

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Expos encore à voir