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Thème
En partenariat avec la Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte (FABA), l’exposition Olga Picasso revient sur les années partagées du couple qu’a formé Pablo Picasso avec sa première épouse, Olga Khokhlova, danseuse au sein des Ballets Russes. L’exposition cherche à mettre en perspective la réalisation de quelques-unes des œuvres majeures de Picasso entre 1917 et 1935, en re-situant cette production dans le cadre de cette histoire personnelle, filtre d’une histoire politique et sociale élargie de l’entre-deux-guerres.
À travers une riche sélection de peintures, dessins, archives écrites et photographiques, l’exposition se déploie sur deux étages du musée, soit environ 800 m2.
Points forts
Un coup de cœur mais aussi un coup de poignard. L’exposition Olga au musée Picasso est formidablement mise en scène, comme un film hollywoodien. Elle restera longtemps en mémoire, séquence par séquence : l’amour, puis le désamour et l’abandon. Du portrait d’ »Olga dans un fauteuil » en 1917, d’un élégant classicisme, au corps violemment déformé du « Grand nu au fauteuil rouge » 1929.
Au début, c’est fou ce qu’elle lui inspire : ces portraits grandioses en rafales, ces dessins considérés comme néoclassiques, brillantissimes, saisis sur le vif de leur bonheur quotidien. Picasso croque sa femme, leur vie, leur maison, leurs amis.
Nous sommes en symbiose avec eux dans ce journal de bord en dessins, en peinture, photos, films. La maternité avec la naissance de Paul révèle le côté tendre du peintre avec ses œuvres bouleversantes : succession de nativités (Mère et enfant au bord de la mer), portraits de son fils. Il y a les fêtes, les voyages. Elle est la première femme et, en un sens, la seule.
A l’étage, et en prenant de l’âge, tout change. Ils se disputent. les tableaux deviennent violents. Olga ? Plus rien de cette douceur mais un masque abstrait et hurlant avec des dents menaçantes.
Picasso lui préfère Marie-Thérèse Walter, plus jeune, plus en chair, plus inspirante. Il referme le livre d’Olga mais l’exposition continue avec des photos d’elle, mère esseulée, puis, dans les dernières images, grand-mère. On dit qu’elle écrivait tous les jours à Picasso et qu’il ne répondait jamais…
La danseuse des Ballets russes de Diaghilev, après la Révolution russe, n’a jamais revu sa famille. Ni son homme. Pablo qu’as-tu fait à Olga ?
Cette magnifique exposition est à suivre un peu comme un récit intime et évidemment un peu impudique. Les œuvres présentant Olga vont suivre et subir les successives métamorphoses de la chronologie des sentiments que les époux traverseront plus mal que bien. Idéalisée au début de leur rencontre, la danseuse russe, modèle parfait , lointain, rêveur et vaguement inaccessible au regard du visiteur, deviendra progressivement ce poids, cet empêchement et cette contrainte agressive que Picasso cherchera à blesser et écarter dans des œuvres d’une rare cruauté.
Quelques réserves
Autant dire qu’il n’y en a pas, tellement cette exposition vous prend du début à la fin dans le tourbillon de la vie !
Encore un mot...
«Ce ne fut que bien plus tard, à la mort prématurée de mon père (Paul Picasso, ravissant modèle de "Paul en Arlequin" 1924) que ma mère m’ouvrit la fameuse malle» raconte avec pudeur Bernard Ruiz-Picasso, petit fils du peintre.
Une phrase
« Celui qui cassera ce contrat sera condamné à mort » jurent les deux amants.
L'auteur
Picasso et Olga Picasso
De 1918 à 1935, la danseuse russe Olga Khokhlova a partagé la vie de Picasso.
Modèle par excellence de la période classique de Picasso, Olga apparaît d’abord sous une ligne fine et élégante, marquée par l’influence ingresque. Synonyme d’un certain retour à la figuration, Olga est souvent représentée mélancolique, assise, lisant ou écrivant, allusion sans doute à la correspondance qu’elle entretient avec sa famille qui vit un moment tragique de l’Histoire. Au même moment en effet, parallèlement à l’ascension sociale du couple et à la reconnaissance artistique accrue de l’oeuvre de Picasso, la Russie impériale, gravement atteinte par la Grande Guerre, souffre d’une importante crise économique et alimentaire, et perd plus de deux millions de soldats au front. La famille d’Olga subit du même coup une tragédie dont se font écho les lettres que reçoit Olga : déclassement social, disparition du père, coupure progressive des liens épistolaires.
Après la naissance de leur premier enfant, Paul, le 4 février 1921, Olga devient l’inspiratrice de nombreuses scènes de maternité, compositions baignées d’une douceur inédite. Les scènes familiales et les portraits du jeune garçon témoignent d’un bonheur serein qui s’épanouit notamment dans des formes atemporelles qui correspondent à une nouvelle attention pour l’antiquité et la renaissance découverte en Italie et réactivées par le séjour estival à Fontainebleau (1921).
Après la rencontre en 1927 de Marie-Thérèse Walter, jeune femme alors âgée de 17 ans et qui deviendra la maîtresse de Picasso, la figure d’Olga se métamorphose. En 1929, dans Le Grand nu au fauteuil rouge, elle n’est plus que douleur, forme molle dont la violence expressive traduit la nature de la crise profonde alors traversée par le couple.
Si les époux se séparent définitivement en 1935, année qui marque d’ailleurs un arrêt temporaire de la peinture dans l’oeuvre du maître, ils restent mariés jusqu’à la mort d’Olga en 1955.
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