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Thème
Si le public connaît bien Cassandre, dont la création du logo d’Yves Saint Laurent a favorisé la postérité, l’on sait beaucoup moins de son acolyte Charles Loupot : fondateur et maître de l’Art Déco en France. C’est pourtant l’un des pères du graphisme et de la réclame moderne, dont le travail est à découvrir jusqu’en mai à la Bibliothèque Forney.
Points forts
• La structure chronologique de l’exposition a beau être classique, elle n’en est pas moins efficace, car c’est bien en suivant le fil de la vie et des rencontres de Charles Loupot que l’on en comprend les évolutions stylistiques : à sa sortie des Beaux Arts, il s’illustre d’abord dans le dessin de mode et les estampes de produits de luxe, dans la veine léchée de la Gazette du Bon Ton, revue d’ « Arts, de Modes et de Frivolités ». Avec la naissance du mouvement Art Déco dont il participe à l’éclosion, sa patte se fait plus graphique, presque cubiste par moment, à mesure qu’il étend ses productions aux produits de grande consommation : les publicités pour l’Ambre Solaire, les Peintures Valentine ou le personnage de Nectar, stylisé et épuré à l’extrême pour la marque Nicolas, sont parmi celles qui participeront à sa notoriété. De la même façon - et c’est peut être le meilleur exemple de l’évolution de son style - Loupot collabore avec les apéritifs Saint-Raphaël durant plusieurs décennies, dépouillant d’année en année les deux serveurs qui forment le célèbre logo de la marque : d’un visuel très coloré, aux jeux de perspectives et d’effets de mouvement dans les années 1930, il aboutit dans les années 1950 à sa version la plus sobre, faite de grands aplats graphiques de couleurs primaires dessinant la silhouette des deux personnages. L’une de ses dernières productions, le logo d’Air Liquide, ne fait que confirmer cette maîtrise et cette volonté d’épure que l’on avait senti poindre tout au long de l’exposition.
• A mon sens, le travail de Charles Loupot a beau être en lui-même universel et accessible, l’exposition permet de comprendre avec encore plus précision son travail et sa démarche : la scénographie, aussi simple, dépouillée et sans prétention que l’était le style de Loupot, ne fait que rendre plus efficace et percutante l’oeuvre de ce très grand artiste. Et chose rare de nos jours à Paris : l'expo est gratuite !
Quelques réserves
D’un point de vue très personnel, quel regret de voir que l’exposition ne jouit pas de l’affluence qu’elle mériterait ; il est évident que les budgets de communication sont bien plus réduits que d’autres pour une exposition publique et gratuite, mais peut être le choix d’une affiche différente aurait permis de susciter la curiosité de plus de visiteurs : ce Nectar noir, rouge et jaune, est certes l’un des emblèmes de Loupot mais reste très conceptuel - et presque inquiétant.
Encore un mot...
Pour les amateurs de graphisme et surtout pour les autres, une rétrospective efficace et sans prétention sur un artiste visionnaire, qui mérite bien plus que l’attention qu’on lui porte.
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