Les Visages de l'Effroi

Le XIX°siècle, côté sombre
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Musée de la Vie Romantique
16 rue Chaptal
75009
Paris
0145233545
Jusqu'au 28 février de 10h à 18h
Vu
par Culture-Tops

Thème

Effrayés et effrayants sont ces visages que l’on prend plaisir à découvrir aux détours des couloirs étroits du Musée de la Vie Romantique : ces figures mythiques, ces personnages historiques ou ces simples inconnus incarnant les affres d'un siècle troublé ont inspiré les peintres romantiques, hantés par la profonde violence sociale et politique dans laquelle baigne la France du XIXème siècle. Des faits divers les plus macabres aux mythes les plus lugubres, le Musée de la Vie Romantique retrace l’influence d’un siècle tourmenté sur la foisonnante - et fascinante - production fantastique des romantiques français. 

Points forts

• S’il s’impose comme héritier du néo-classicisme, dont David est l’une des figures de proue, le romantisme français marque une véritable rupture dans l'expression picturale de la violence : alors que les néo-classiques s’attachaient à représenter la gloire et l’héroïsme des drames historiques et mythologiques, les romantiques font le choix de mêler à ces figures symboliques la réalité morbide du quotidien. Ce mélange des genres donne naissance à une production artistique nouvelle, dont l’exposition donne une vision quasi-exhaustive : l’on découvre, entre autres, la vigueur avec laquelle Emile Signol saisit l’effroi et la folie presque divine de la fiancée de Lammermoor, et l’on revoit comment Géricault dans le Radeau de la Méduse - resté entre les murs du Louvre mais dont on retrouve avec plaisir les études saisissantes - mêle la réalité d’un fait divers à une construction picturale dramatique et presque mythique. 

• La jolie sélection d’œuvres récoltée par le Musée fait la part belle à quelques représentations célèbres -dont une réplique de la Mort de Marat d’après David-, mais elle met surtout en lumière plusieurs œuvres méconnues et pourtant superbes : l’on retiendra tout particulièrement la tristesse glaçante d’Edward Young portant le corps inanimé de sa fille sur ce tableau à l’éclat glisâtre de Pierre-Auguste Vafflard, la Tête de Femme et d’Enfant de Léon Cogniet, dont le réalisme sauvage des expressions rappellent celles de Gustave Courbet, ou la Femme Asphyxiée de Charles Desains, sublimement funeste.  

Quelques réserves

• Si le visiteur ne pourra qu’être enchanté par la discrétion et le charme irréprescible de ce petit musée, force est de constater que l’étroitesse du lieu ne fait pas honneur à la beauté des œuvres exposées. L’absence de recul, le parcours sinueux, la densité et la confusion de la scénographie contribuent à perdre le visiteur novice, pour qui l’exposition pourra sembler succinte et peu didactique. 

• Enfin, les Visages de l’Effroi vise à s’inscrire dans la continuité des expositions dédiées au fantastique dans l’art du XIXème siècle ; mais malgré les efforts accomplis et salués, la rétrospective n’est pas à la hauteur de celles dont elle se veut l’héritière : manquant d’espace ou de matière et aussi remarquables que le soient les œuvres présentées, elle n’a malheureusement pas l’impact de l’exposition sur le Romantisme Noir organisée par le Musée d’Orsay en 2013, qui avait encore une fois montré toute l’étendue de sa richesse et de sa pédagogie. 

Encore un mot...

Plusieurs perles sont à découvrir pour les amateurs de cette période riche et troublée, tandis que les visiteurs les plus novices apprécieront la douceur et le charme de ce cadre atypique.

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