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Thème
"Le Talisman ", la petite étude réalisée par Paul Sérusier à Pont-Aven, en octobre 1888, « sous la direction de Gauguin », est l'occasion pour le musée d'Orsay de revenir sur l'histoire de cette œuvre et de la replacer au rang d'icône d'une nouvelle conception de la peinture : pure, autonome et abstraite.
Lorsque l'artiste Paul Sérusier présente aux Nabis ce paysage juste esquissé, aux couleurs pures, ceux-ci le baptisent Le Talisman.
En introduction de l'exposition de plus de 60 œuvres, la présentation de l'étude de Sérusier place le tableau au centre d'une sorte de mythe d'origine du mouvement des peintres Nabis, messagers d'un art nouveau, issu des leçons de Gauguin.
Points forts
L'intérêt de cette courte exposition est de comprendre comment " Le Talisman", dit aussi "Paysage au bois d'amour" (1888), va se retrouver porteur d'un étrange statut qui fait que l'on regarde l'œuvre moins pour elle-même qu'en tant qu'icône de l'histoire de la peinture.
Au premier regard, l'œuvre spontanée et exécutée sur une simple planchette (27 sur 21 centimètres), représente un paysage à Pont-Aven, à peine achevé.
Cette petite huile sur bois nous surprend, les couleurs sont vives, saturées et posées en aplats, sans aucune couche préparatoire et sans dessin sous-jacent.
Cette « leçon de peinture » de Gauguin à Sérusier va devenir le manifeste d'un art qui remplace une approche du réel mimétique par la recherche d'un « équivalent coloré », et qui aboutit à l'éclosion du synthétisme.
Quelques repères pour appréhender l'exposition et le synthétisme :
- Comment voyez-vous cet arbre ? Cette interrogation de Gauguin est au cœur de cette exposition. « Il est bien vert ? Mettez donc du vert, le plus beau vert de votre palette ; et cette ombre, plutôt bleue ? Ne craignez pas de la peindre aussi bleue que possible.»
- La découverte de la couleur pure et de sa valeur expressive pour l'artiste qui est invité à transcrire non plus uniquement ce qu'il voit, mais ce qu'il ressent.
- Une nouvelle manière simplifiée de représenter le paysage, parfois proche d'abstractions colorées avec de larges aplats qui effacent la perspective ou le modelé, se retrouve dans les paysages peints par Sérusier, Verkade, Balin ou Lacombe.
L'exposition se prolonge d'une manière intéressante par la reprise de ce courant novateur du synthétisme au sein d'un groupe de jeunes peintres, les Nabis (prophète en hébreu), constitué à leur début de Sérusier, Maurice Denis, Ranson, Piot, Ibels et Bonnard.
En effet, de retour à Paris, Sérusier montre son tableau aux jeunes artistes de l'académie Julian. Le "Talisman", par son caractère novateur, devient alors un véritable catalyseur pour ce groupe d'amis désireux de renouveler le langage artistique.
On remarque par ailleurs leur intérêt, dans certains tableaux, pour l'ésotérisme et les scènes religieuses; particulièrement chez Maurice Denis, mais ce sujet mérite d'être l'objet d'une autre exposition .
Quelques réserves
- La scénographie n'est pas très lisible, avec un parcours mal identifié
- L'exposition manque un peu de consistance, peut-être à cause de l'exposition en préparation qui sera consacrée aux Nabis, au musée du Luxembourg .
Je conseille aux visiteurs de prolonger leur visite par la galerie des Nabis et les salles des collections permanentes dédiées à Pierre Bonnard et Félix Vallotton, qui sont mitoyennes. Vous profiterez ainsi pleinement du Musée d'Orsay...
Encore un mot...
L'histoire de la réception de ce petit tableau par les artistes de son époque, symbole du concept de la « surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées », et sa postérité iconique dans l'art du XXème siècle sont l'intéressante découverte de cette courte exposition.
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