Le Surréalisme et l'Objet

Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Centre Pompidou
19 Rue Beaubourg
75004
Paris
01 44 78 12 33
Vu
par Culture-Tops

Thème

Lors de sa fondation en 1924, le surréalisme s'était donné pour projet une réinvention du réel, à travers le rêve et l'inconscient. Des premiers "ready-made" de Marcel Duchamp aux sculptures de Miro de la fin des années 1960, l'exposition retrace l'histoire de ce courant artistique et son amour pour les objets "ni beaux ni laids", ainsi que son influence chez les artistes contemporains. Au total, 200 oeuvres, de Giacometti, Dali, Calder, Picasso, Max Ernst ou Man Ray, font comprendre l'importance de l'objet dans ce mouvement subversif. 

Points forts

1 On entre dans une délicate pénombre pour voir des "oeuvres" bizarres, joliment présentées, souvent dans des vitrines en verre subtilement éclairées. Le parcours chronologique se fait à travers 12 salles séparées parfois par des parois transparentes qui font apparaître des projections de textes ou d'images. La scénographie est très belle.

2 L'exposition commence par le porte-bouteilles que Marcel Duchamp  élève en oeuvre d'art, ainsi que par le mannequin en bois peint par Giogio de Chirico. Après les atrocités de la guerre de 14, les artistes ont envie de s'amuser: pourquoi ne pas se servir de l'objet pour provoquer, déranger, rêver... Ces objets, ces "ready-made" élevés à la dignité "d'oeuvres d'art" par la seule volonté de l'artiste, vont révolutionner l'univers artistique. Bien évidemment, on sourit devant ces oeuvres qui ne sont que des objets usuels, détournés de leur contexte. C'est facétieux et rigolo.

3 Nous suivons un parcours marqué par des rues, tel "la rue aux lèvres" ou "la rue de tous les diables"... Après des salles intéressantes, consacrées à Giacometti et à Calder, on découvre la reconstitution des expositions surréalistes d'objets datant de 1936 à 1960. On se croirait dans un étrange marché aux puces: Instruments mathématiques, art pré-colombien, fourmilier empaillé... 

4 L'exposition montre aussi l'influence du surréalisme sur les artistes contemporains. Une collection de pierres d'aquarium sans eau, accrochées sur un mur,  est signée Théo Mercier; des moulages de parties de corps féminins sont l'oeuvre de Philippe Mayaux.

Quelques réserves

Certaines salles sont beaucoup moins drôles... Dali propose la fabrication d'objets symboliques, inspirés des fantasmes. Il y a également la "boule suspendue" de Giacometti, une boule en bois fendue comme une paire de fesses, suspendue au dessus d'une forme phallique. L'allusion sexuelle ne fait que commencer... La poupée devient l'objet de tous les fantasmes. Un extrait de film projeté en grand sur un mur montre Michel Piccoli danser et caresser une poupée qui ne dit jamais non. Hans Bellmer crée des poupées macabres et lugubres... Poupée gonflabe, soupirs de jouissance qui envahit une salle... A l'intérieur d'une chaussure signée Dali, une forme en marbre représente une crotte... Tout cela est pénible...

Encore un mot...

Tout ce délire d'objets représente bien ce qu' a été le surréalisme. Au début de l'exposition, j'envisageais de revenir avec des enfants pour leur montrer la vivacité de la création de cette époque. Hélàs, cela devient impossible dès lors qu'on aborde des fantasmes sexuels qui choquent. 

On sort de cette exposition abasourdi et perplexe... 
Pour ceux qui sont particulièrement intéressés par cette période, qu'ils n'hésitent pas à acheter le catalogue de l'exposition, qui est un dictionnaire très complet de l'objet surréaliste, allant de A comme Alphonse Allais à Y comme yeux qui "existent à l'état sauvage"...

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