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Thème
La ville de Versailles organise aux Archives communales une exposition consacrée à son théâtre, le Montansier, qui fête cette année son 240e anniversaire.
La première partie est consacrée au bâtiment, sa construction, son architecture, ses rénovations ; la seconde braque le projecteur sur deux grandes dames qui ont présidé à sa destinée, sa créatrice Mademoiselle Montansier et Marcelle Tassencourt, sa directrice pendant trente ans, jusqu’en 1991.
Points forts
1) Situé rue des Réservoirs, le Montansier est un ravissant théâtre à l’italienne, aux tons bleu pâle, blanc et or, inscrit au titre des Monuments historiques depuis 1991. Entre ville et château, il tourne le dos au parc, plus précisément au bassin de Neptune. Son originalité : la salle est de forme circulaire. Elle a été inaugurée par Marie-Antoinette et Louis XVI le 18 novembre 1777.
2) Clairement présentée, l’exposition est particulièrement instructive. De grands panneaux réunissent de nombreux documents : des plans des différents projets et du monument définitif, des cartes, des photos, des coupures de presse et des affiches (notamment celle de la pièce « Un viol », de Monsieur de Chirac, datant de 1904).
Parmi les tableaux accrochés, à ne pas manquer deux huiles sur toile, très ironiques, de Louis-Léopold Boilly, « Une loge un jour de spectacle gratuit » et « L’Effet du mélodrame », toutes deux prêtées par le musée Lambinet. Quelques bustes, ceux de Louis XVI et de Marie-Antoinette récemment acquis par le théâtre. ou celui de Thierry Maulnier, l’époux de Marcelle Tassencourt, réalisé par Jean Marais.
3) Le théâtre de la cité royale a été fondé au XVIIIe siècle par une personnalité incroyable, haute en couleur, audacieuse, effrontée même, Marguerite Brunet qui se fera appeler Mademoiselle Montansier. Sa vie pourrait donner lieu à une série TV tant elle est riche en rebondissements !
Fille de forgeron, cette aventurière, originaire de Bayonne, monte à Paris, fait un peu de théâtre, devient marchande de mode, verse dans la galanterie, tient salon et entre dans la haute société. Femme d’affaires avisée et grande organisatrice de spectacles, elle recherchera sans cesse la protection des puissants de chaque régime, de Madame du Barry à Louis XVIII. Car elle va vivre jusqu’à l’âge de 90 ans, la Montansier ! Outre le théâtre de Versailles, on lui doit deux salles parisiennes toujours en fonction, le Palais-Royal et les Variétés.
4) Riche, la programmation de Marcelle Tassencourt le sera incontestablement, de 1961 à 1991, quand elle va diriger le théâtre, avec l’aide de son mari, Thierry Maulnier, membre de l’Académie française. Comédienne et metteuse en scène, fervente admiratrice de Claudel, Goldoni, Racine, elle mettra à l’affiche des pièces variées aux écritures différentes, des spectacles parisiens et des créations versaillaises. « Le Dialogue des carmélites » un soir, « Joyeuses Pâques » un autre. « Eclectisme » semble son mot d’ordre dès lors que les pièces sont les meilleures dans leur genre.
5) En fin de visite, les organisateurs ont eu la bonne idée de réunir une série d’affiches de cinéma, celles des films tournés dans le théâtre. On apprend ainsi que le Montansier a servi de décor à « Mayerling » avec Omar Sharif, « La Maison Bonnadieu » avec Danielle Darrieux, « Camille Claudel » avec Adjani, et surtout « La Jeune Fille et la mort » de Polanski, « La Chinoise » de Godard et « Les Liaisons dangereuses » de Stephen Frears.
Quelques réserves
L’exposition est organisée aux Archives communales et ceux parmi les visiteurs qui ne sont jamais entrés au Montansier ressentiront peut-être une légère frustration de ne pas pouvoir admirer la salle à l’issue de la visite. L’occasion pour eux de prendre une place pour l’un des (nombreux) spectacles proposés par les deux directeurs actuels, Geneviève Dichamp et Frédéric Franck...
Encore un mot...
Aller au théâtre, c’est souvent - hélas - aller voir un spectacle en faisant abstraction du lieu où il se donne. Pourtant ces monuments ont chacun leur singularité, leur personnalité, leur histoire. Avec cette exposition d’un genre nouveau, Versailles donne un exemple que d’autres villes ou même des propriétaires de salles devraient imiter.
L'auteur
Commissaire de l’exposition, Pierre-Hippolyte Pénet est conservateur au Musée lorrain de Nancy. Amateur de théâtre, il est aussi le directeur de la Compagnie La Dive Bouteille.
Le lundi 6 novembre à 20h30, il donne une conférence sur le Montansier dans la salle du théâtre, et le lundi 20 novembre, il participe à la table-ronde « Entendre et voir : une histoire sensible du théâtre (XVIIIe–XXe siècle) ». Dans le même temps, sous sa direction paraît aux Editions Gourcuff Gradenigo un ouvrage bien documenté et très illustré, intitulé simplement « Le Théâtre Montansier ».
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