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Thème
Le musée Jacquemart-André continue sa présentation de collections étrangères. Après celle de la riche femme d'affaires espagnole Alicia Koplowitz, c'est au tour de la collection Ordrupgaard, constituée par un couple de danois amoureux des arts : Wilhelm (1868-1936) et Henny Hansen (1870-1951).
Homme d'affaires passionné d'art, Wilhelm Hansen assemble en seulement deux ans, entre 1916 et 1918, une collection unique en Europe d’œuvres représentatives de l'impressionnisme et du post-impressionnisme de la seconde moitié du XIXe et du début du XXe siècle.
Une sélection de plus de 40 tableaux est présentée pour la première fois à Paris, au musée Jacquemart-André.
Points forts
1- Un écrin magnifique, l'hôtel particulier du musée Jacquemart-André, pour accueillir avec charme une merveilleuse sélection de peintures de la collection Hansen habituellement présentée dans leur ancienne résidence du manoir d'Ordrupgaard, légué à l'état danois en 1953.
Quel meilleur choix d'exposer ces œuvres dans une ancienne demeure de collectionneurs , la collection Hansen est encore une histoire de couple, tout comme celle d'Edouard André et Nélie Jacquemart .
2- A travers 8 petits salons totalement adaptés par leur volume à l'exposition d'une collection particulière, le parcours nous offre une vue d'ensemble très cohérente des débuts de l'art moderne français, des pré-impressionnistes français au fauvisme: de Corot à Cézanne en passant par Monet, Pissarro ou Sisley puis Manet, Redon, Gauguin et Matisse.
3- Dans la salle 1, les tableaux de Corot ouvrent l'exposition et nous font découvrir le goût des Hansen pour le paysage français au XIXe siècle. Ces premières toiles classiques de la maturité de Corot nous ouvrent aussi un dialogue sur l'évolution de l’impressionnisme avec des œuvres de Monet dont un magnifique tableau, le "pont de Waterloo" à Londres, avec ses effets de brumes, ses reflets dans la Tamise et les touches dansantes du pinceau du maître.
Un bel hommage à deux maîtres du paysage !
4- Dans la salle 2, la pertinence des choix très impressionnistes ne peut que nous ravir, avec un lumineux Pissarro, "Effet de neige à Eragny, soir", et les ciels de Sisley, comme dans " Le Déchargement des péniches à Billancourt".
5- En fait, dès les tous premiers salons, on sait que l'on est devant une grande collection éclectique et subtile dans tous ses choix et qui aborde tous les genres picturales de la peinture de l'époque.
Il ne vous faudra pas manquer :
Une merveilleuse nature morte testamentaire de Manet, d'une totale simplicité: "Corbeille de poires".
Deux toiles de Degas, d'une grande modernité, dont un magnifique portrait, "Femme se coiffant", huile sur toile mais travaillée par l'artiste comme un pastel, une image construite par la couleur, comme le rouge orangé de la chevelure qui se détache sur un fond vert dans un cadrage serré.
Un coup de cœur plus surprenant pour une "Pleine mer,temps gris" de Charles-François Daubigny, exceptionnel tableau de modernité avec un riche empâtement donnant des effets d'optique d'une mer agité. Ce tableau a très bien pu influencé les grandes fresques contemporaines de paysage du peintre allemand, Anselm Kiefer
Seule femme du groupe impressionniste, Berthe Morisot nous offre un beau tableau, "Femme à l'éventail" qui ne manque pas de nous rappeler dans sa composition le célèbre tableau de Manet, "Olympia", mais sans aucune intention provocante.
6- La visite se termine dans la salle 8, avec des œuvres de Gauguin qui constituent l'ensemble le plus spectaculaire de la collection Ordrupgaard; elles couvrent les grandes périodes de création de l'artiste, qui d'ailleurs avait épousé une danoise.
Deux chocs picturaux : les " Arbres bleus ", une toile peinte à Arles et rythmée par des troncs verticaux bleus, un ciel jaune, un sol ocre et des modulations de violet et de bleu-gris; puis unsaisissant "portrait d'une jeune fille, Vaïte Goupil", en opposition totale avec la pose lascive de la "Femme tahitienne": pâleur du visage, silhouette raide sur un fond abstrait rose et bleu, seul rappel du cadre exotique de l'oeuvre; c'est tout simplement magnifique.
Quelques réserves
Aucun point faible ! Cette collection danoise est décrite dès 1918 comme " la plus belle collection impressionniste au monde".
Encore un mot...
Quelle incroyable année 2017 ! Nous avons eu un festival d'expositions à Paris avec quelques unes des plus belles collections internationales de l'art français de la fin du XIXème au début XXème siècle.
L'année 2018 pourra t-elle nous réserver autant de belles émotions ?
Pour l'instant, "Le Jardin secret des Hansen" nous révèle de merveilleuses surprises. Il faut sans hésitation pousser la porte de ce jardin et pénétrer dans l'univers subtil et plein de charme de cette collection Ordrupgaard, qui s'offre à nous quelques mois avant qu'elle ne reparte pour être présentée dans d'autres musées en Europe et dans le monde, comme le musée des Beaux-Arts à Ottawa.
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