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Thème
Après avoir rendu compte de la naissance de l’art spirite avec « l’Entrée des médiums », en 2012, La Maison de Victor Hugo, avec cette fois « La Folie en tête », s’ancre à nouveau dans la vie de l'auteur des "Misérables", initié au spiritisme et frappé par la maladie mentale de son frère, Eugène, et celle de sa fille, Adèle.
Au cours du XIXe siècle, le regard sur la « folie » change sous l’impulsion de personnes comme l’aliéniste, Philippe Pinel. Elle devient l’emblème de romantiques comme Charles Nodier, qui ne croient plus dans la seule explication rationnelle.
Par ailleurs, de plus en plus de psychiatres œuvrent pour l’humanisation des traitements et encouragent leurs malades à pratiquer des activités artistiques. Après des siècles de rejet, la maladie mentale suscite la fascination. Et les œuvres des patients sont rassemblées petit à petit en plusieurs collections, constituant le germe de l’art-thérapie. Les psychiatres se comportent comme des collectionneurs et, surtout, comme des passeurs.
Deux cents œuvres nous sont ainsi proposées dans cette expo, qui nous plonge aux racines de l’art brut.
Points forts
- Le parcours très pédagogique, organisé en 4 temps, correspondant aux 4 grandes collections réunies par les médecins. Les œuvres, souvent très peu vues, sont reparties de manière chronologique et géographique. Elles sont encadrées et éclairées comme des œuvres d’art.
- Les œuvres présentées sont exclusivement celles des malades. Il s’agit de dessins à la mine de plomb, d’aquarelles, de broderies, de sculptures en bois et d’objets divers… Beaucoup d’auteurs sont anonymes; un gros travail pour identifier les artistes sera fait par la suite. Pas étonnant que ces productions stupéfiantes aient inspirés de nombreux artistes tant expressionnistes que surréalistes.
- Les 4 collections exposées sont impressionnantes:
- La première est écossaise, celle du Docteur Browne. Elle rassemble 3 volumes découverts en 1983. La plupart des malades ont reçu un enseignement artistique. Plusieurs toiles sont remarquables. Ainsi l’aquarelle de Joseph Askew proposant une nature morte ou celle d’un paysage à l’envers, peint par un anonyme.
- La seconde est française, celle du Docteur Marie, élève de Charcot. A l’asile de Villejuif, puis à St Anne, il récolte la production de certains de ses malades et possèdera plus de 1500 pièces. André Breton acquiert au moins 2 œuvres lors d’expositions qui seront organisées en 1927 et 1929. La Compagnie de l’art brut, fondée entr’autre par Jean Dubuffet, hérite de ces œuvres dont une minorité d’auteurs est identifiée. C’est un apport important pour la préhistoire de l’art brut. Ainsi, le dessin de 1904 de Jules Léopold. Ou bien, les peintures anonymes du « Voyageur français ».
- La troisième est suisse, celle du docteur Morgenthaler. La plus dense. La psychanalyse réduit encore la frontière entre normalité et folie. Beaucoup d’œuvres de son célèbre patient, AdolfWolfi, sont présentes.
- La quatrième est allemande, celle de Prinzhorn, qui n’est pas psychiatre mais chanteur et gestionnaire du fonds qu’il développe comme une collection muséale. Elle fera d’ailleurs partie de l’exposition nazie « d’art dégénéré », en 1937. Certains artistes seront victimes du programme « d’euthanasie», puis du programme T4 visant l’extermination des handicapés physiques et mentaux.
Cette collection mythique aura une grande influence sur les artistes de l’avant-garde. Elle sera redécouverte par Jean Dubuffet. Beaucoup d’aquarelles, celles d’August Klett et d’Else Blankenhorn, entre autres, sont aussi belles qu’émouvantes.
Quelques réserves
Les contraintes de l’espace du musée. La Maison de Victor Hugo va heureusement s’agrandir en 2018.
Encore un mot...
Quel bel hommage que celui que La Maison de Victor Hugo rend ainsi aux psychiatres et à leurs malades !
Si l’Art-thérapie ne soigne pas, il peut aider à améliorer l’insertion de ceux qui souffrent de troubles psychiques et mentaux .Jean Dubuffet, « inventeur » de l’art brut, intègrera les œuvres produites par les malades mentaux dans le fonds de la Compagnie de l’art brut.
Commentaires
Etonnant de reprendre le titre d'un ouvrage de Violette Leduc pour votre exposition... Dans l'air du temps, j'imagine. Le pillage étant devenu un "art" fort répandu.
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