Jean Jacques Lequeu, bâtisseur de fantasmes
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Thème
C’est la première fois que le Petit Palais, avec la collaboration de la Bibliothèque de France, accueille Jean Jacques Lequeu, architecte de « papier », génie méconnu mais sûrement dessinateur hors pair et doté d’une approche particulièrement singulière ! S’il a connu le siècle des Lumières, la Révolution, l’avènement de Napoléon, lui n’a jamais été reconnu. Dessinateur-Architecte, particulièrement extravagant, il faudrait pour mieux le comprendre faire appel tant à l’architecture qu’à la psychanalyse.
Points forts
*facétieux, JJ Lequeu nous accueille en nous tirant la langue
*le parcours thématique retrace bien les différentes facettes de son œuvre: ses portraits, ses autoportraits, ses dessins d’architecture, ses plans topographiques, ses délicats lavis d’encre nous entraînent dans ses fantasmes…
*le recueil de son « Architecture civile » est issu de son imagination féconde. Des projets (églises, hôtels particuliers ou maisons de plaisance) sont plus ou moins aboutis. Des monuments somptueux sont libérés des contraintes techniques. Ils ne sortiront jamais de terre. Son esprit est pétri de références artistiques, littéraires et scientifiques. Il imite Le Palladio et inspirera Gaudi.
*70 ans avant « l’Origine du monde » de Courbet, il rentre dans des détails anatomiques quasi cliniques du sexe féminin. En gros plan !
*la quête de cet architecte, désireux de tout connaître, tout voir et tout décrire afin de mieux se connaître aussi, est animée par sa pure imagination et sa grande curiosité.
Quelques réserves
Que de dessins ! 150 ! Rien que des dessins techniques! J’ai regretté de ne pas être architecte.
J’avoue que j'ai été déconcertée par la majorité des œuvres exhibées...
Encore un mot...
A force de se libérer des contraintes techniques, JJ Lequeu n’a pas vu ses constructions étonnantes sortir de terre. La rançon de ne pas vouloir se résigner à trop d’astreintes...
L'auteur
Jean Jacques Lequeu (1757-1826) est né dans une famille de menuisiers, à Rouen. Né sous Louis XV, il est mort sous le règne de Charles X. Il reçoit une formation de dessinateur technique. Ancré dans son époque, très doué, curieux de tout, il est recommandé auprès du grand Soufflot, architecte du Panthéon. Mais Soufflot meurt en 1780. Désormais, Lequeu est employé de bureau au Cadastre et dessinateur à l’Ecole Polytechnique. Il tente en vain de remporter des concours d’architecture. Aucun projet ne sortira de terre. Malgré sa formation excellente à Rouen, il reste « provincial », il n’a pas fait l’Académie, pas présenté le prix de Rome….La révolution qui éclate achève tout espoir. Il s’invente un monde fantasmagorique. Avide de reconnaissance sociale, il se rêvera bâtisseur. Rien à voir avec un faussaire, mais un frustré, oui ! Il plonge dans l’univers des rituels maçonniques ou des cérémonials, puis, dans celui, contemporain, des jardins de Buffon. Isolé, continuant à croire en son talent, il poursuit son ambition d’être architecte. Il meurt dans le dénuement et l’oubli.
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