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Thème
Le Grand Palais présente, en partenariat avec le Métropolitan Muséum de New York, la première grande rétrospective consacrée en France, depuis sa mort, au célèbre photographe américain Irving Penn.
A travers un parcours à la fois chronologique et thématique, l’exposition retrace, en onze chapitres, soixante dix années de sa carrière.
Points forts
L’exposition offre une vision complète de l’ensemble des sujets de son travail ( la mode, les natures mortes, les portraits, les nus, la beauté, les cigarettes..) au travers de 235 photos principalement en noir et blanc, et d’une sélection de dessins et de peintures.
Les tirages photographiques présentés ont tous été réalisés du vivant de l’artiste et de sa main.
Irving Penn se voulait peintre avant de devenir photographe et ceci se ressent dans ses premières photos de natures mortes, dés 1943, notamment avec «After-Dinner Games » qui rappelle l’ambiance d’une partie de cartes. Avec humour, il donne à ses clichés un véritable sens de la composition.
Il révolutionne les photos de mode avec un style graphique raffiné et sobre. Son travail en noir et blanc s’inspire du dessin, mais la technique du hors champs qu’il utilise, vient du monde de la publicité.
Irving Penn réalise lui même ses tirages, comme ses recherches sur la maitrise du procédé de platine palladium qui lui permettra à partir d’un même cliché de créer des atmosphères vraiment différentes.
Lors de son voyage au Pérou en 1948, il réalise des portraits des habitants de Cuzco, dans lesquels il fixe les principes visuels fondamentaux -la composition des figures par rapport à l'espace et non par rapport au rectangle photographique- qui vont définir les séries de portraits ethnographiques qu’il réalisera à travers le monde au cours de sa carrière. Ils seront rassemblés dans le recueil «World in a Small Room». Certains clichés pris au Maroc, en Guinée et au Dahomey sont présentés dans cette exposition.
J’ai personnellement beaucoup aimé l’étude photographique sur « Les Petits Métiers ». Initiée pour Vogue, à Paris en 1950, elle est complétée à Londres et à New York.
Telle une série de gravures, il photographie des artisans avec leurs outils et des vendeurs de rues avec leurs marchandises. Il utilise le même fond neutre (le rideau peint) et la même lumière que pour les photos avec les mannequins ou les célébrités. On découvre ainsi le vendeur de peaux de chamois, le rémouleur, le vitrier etc. posant tous avec fierté, voir émotion comme des stars de cinéma.
Outre les merveilleux portraits réalisés pour Vogue, que l’artiste crée avec l’instinct du sculpteur, j’ai été frappée par sa capacité à capter le caractère profond de ses modèles, comme par exemple l’anxiété du jeune Yves Saint Laurent, la beauté simple et fragile de Marlène Dietrich, ou encore l’œil perçant tel un cyclope de Picasso.
Il tempère le réalisme de sa série des « Nus », grâce à un procédé argentique inédit, surexposant l’image avant de la blanchir. Ces corps ronds apparaissent tels des statues abstraites en structure de marbre.
Enfin et pour conclure cette très belle exposition, j’ai également beaucoup aimé la photo réalisée pour L’Oréal, d’une bouche recouverte de traits de rouges à lèvres de couleurs différentes, tel un papillon délicatement posé sur cell- ci. Magnifique contraste du noir et blanc et de la couleur.
Quelques réserves
Je n’en vois pas. L’exposition nous offre un voyage dans la beauté, le raffinement et la sobriété.
Encore un mot...
Après Lucien Clergue, Helmut Newton et Seidou Keïta, le Grand Palais poursuit la présentation des rétrospectives des photographes emblématiques du XXe siècle.
Cette exposition exceptionnelle réalisée grâce à l’importante contribution de la Fondation Irving Penn entraîne le visiteur au cœur de la brousse comme au cœur de Manhattan.
Une phrase
- Sur les portraits de Cuzco : « J’organisais la pose de mes sujets avec les mains, je les forçais à prendre la position voulue, mais ils avaient les muscles raides et résistants, et il me fallait déployer des efforts considérables ».
- « La lumière du jour c’est la lumière de Paris, la lumière des peintres. Elle semble tomber comme une caresse ».
- « J’ai toujours été fasciné par l’appareil photo. Je le reconnais pour l’instrument qu’il est, mi stradivarius, mi scalpel ».
L'auteur
Irving Penn (1917- 2009) un est photographe américain, célèbre pour sa longue collaboration avec le magazine VOGUE, dont il fera entre 1943 et 2007, 165 couvertures.
En 1938 il acquiert son premier appareil photo, un Rolleifi ex bi-objectif, format carré 6X6 cm et utilisera ce modèle pendant une soixantaine d’années.
Maître du portrait de mode, il choisira dés 1943 de travailler exclusivement en studio, ceci contrairement au photographe de mode Richard Avedon, son contemporain.
Il conçoit des mises en scène qui lui sont propres, comme les « Corner portraits » où les sujets sont photographiés dans un angle formé par deux cloisons, créant une contrainte pour le modèle et le faisant ainsi réagir avec ses émotions et sa personnalité.
Puis il réalisera ses clichés devant un rideau de théâtre peint, qui « efface les perturbations du décor et permet de faire émerger le personnage ».
Considéré comme le « roi de la photographie commerciale », ce n’est qu’à partir de 1975, et l’exposition de sa série « Mégots » au MOMA , qu’il passera dans le camp des artistes, alors même que la photographie n’est pas encore totalement reconnue comme une discipline artistique .
Irving Penn est le frère du cinéaste Arthur Penn (Bonnie & Clide, Little Big Man..)et l’époux de Lisa Fonssagrives, qui fut également son modèle.
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