GIORGIO DE CHIRICO, LA PEINTURE MÉTAPHYSIQUE
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Thème
Une analyse de l’œuvre, et en particulier, de la peinture métaphysique de Chirico. Une exposition qui couvre sa production, de la genèse à la période la plus connue, période qui correspond à sa découverte par Apollinaire et le groupe des surréalistes. C’est également la période où Paul Guillaume, dont la collection se trouve au Musée de l’Orangerie, devient son premier marchand.
Points forts
Pour présenter la production de Chirico, son parcours et ses influences durant son séjour à Paris, l’exposition se déploie sur 3 salles correspondant à 3 villes européennes :
- Munich, à partir de 1906 où il fait ses études et est marqué par la peinture de Böcklin et la lecture de Nietzsche.
- Paris, après un séjour en Italie où il part sur les traces du dernier séjour de Nietzsche à Turin et à Florence et où il commence à définir le concept de « peinture métaphysique », il s’installe à Paris en 1911 où il expose, au Salon d’Automne, son tableau fondateur L’énigme d’un après-midi d’automne. Le tableau est construit autour d’une perspective où convergent des points de fuite multiples mettant en valeur une disproportion du temple et de la statue. Ombres renforcées, couleurs inspirées de Böcklin, voile évocatrice du voyage composent l’ambiance de la toile.En 1913, il rencontre Apollinaire qui l’introduit auprès des avant- gardes parisiennes, Picasso et surtout le groupe des surréalistes.
- Ferrare, en 1915, année durant laquelle son œuvre évolue sous l’influence de la guerre. Il rencontre alors le peintre futuriste Carra qui l’accompagne sur la voie de la réflexion métaphysique.
Le découpage de l’exposition est clair et très lisible et les explications souvent accessibles malgré la complexité des thèmes abordés.
Quelques réserves
Si le petit tableau de Picasso se différencie bien dans la salle consacrée à Paris, les œuvres des autres peintres ne se démarquent pas suffisamment des tableaux de Chirico, notamment dans la salle sur Ferrare.
Encore un mot...
Une exposition très intéressante de l’œuvre de Chirico, définie par lui-même comme « métaphysique » c’est à dire comme « une transposition de la réalité au-delà de la raison » et reconnue comme telle par les surréalistes et André Breton, leur chef de file.
Une illustration
L'auteur
Giorgio de Chirico (1888-1978), est Italien, né en Grèce. Il a un frère cadet qui sera aussi un artiste reconnu sous le pseudonyme d’Alberto Savinio. Chirico étudie à Athènes où il pratique le dessin d’après les œuvres antiques. A la mort de son père en 1905, il s’inscrit à l’Académie des Beaux-arts de Munich considérée alors comme la grande ville artistique européenne. Il y découvre la peinture du romantique tardif Arnold Böcklin et la philosophie de Nietzsche.
En 1909, après un bref séjour en Italie -où il raconte qu’à Florence, il est saisi « de curieuses sensations » où se mêlent la beauté de la ville et l’obsession des écrits de Nietzsche- il tente de transcrire dans son travail, «la mélancolie des belles journées d’automne et la lumière des villes italiennes ». Il esquisse alors les bases de sa peinture métaphysique que nous retrouvons dans son premier tableau, déjà cité plus haut, L’énigme d’un après-midi d’automne.
En 1911, Il s’installe à Paris où il produit ses tableaux les plus décisifs. Avec Apollinaire en 1913, il découvre la poésie de Rimbaud. Au contact de l’avant-garde, il affine son vocabulaire plastique : pas de représentation humaine, mais des statues de marbre inspirées de l’antiquité, des fragments d’architectures associant motifs classiques et éléments modernes. Les couleurs inspirées par Böcklin, la perspective faussée, les ombres démesurées ajoutent à l’étrangeté dans toute son œuvre. André Breton et les surréalistes le reconnaissent tous comme l’un des leurs. Est-ce à dire que Chirico est un peintre surréaliste ?
En 1915, Chirico s’installe à Ferrare. Sous l’influence de la guerre, il assombrit sa peinture qui se replie sur des espaces clos où les objets s’accumulent de manière étouffante avant d’introduire des mannequins de fer et de chiffon. C’est là, qu’il rencontre le peintre Carrà qui néglige le mouvement futuriste pour suivre les traces de Chirico. De nombreux peintres italiens se reconnaissent alors dans sa peinture dite métaphysique.
Après la guerre, il s’installe définitivement en Italie où ses recherches picturales évoluent vers un néoclassicisme qui le conduit à une rupture avec les surréalistes en 1925. Il tente en vain un retour à un courant néo-métaphysique dans les années 60.
Raymond Queneau dira de son œuvre qu’elle se divise en deux périodes « la première et la mauvaise ! ».
C’est la première qui est présentée au musée de l’Orangerie.
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