Germaine RICHIER
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Thème
Née en 1912, décédée prématurément d’un cancer à 54 ans, première artiste femme exposée de son vivant au Musée National d’Art Moderne en 1956, Germaine Richier est une sculptrice majeure du 20e siècle, comme un chainon entre Rodin et César.
Formée à la statuaire classique par Antoine Bourdelle, elle déploie très jeune des talents exceptionnels de portraitiste.
Son séjour en Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale marque un tournant décisif dans son œuvre.
Quittant la statuaire traditionnelle en bloc, elle plonge dans la matière qu’elle se met à façonner en pétrisseur inlassable pour faire sortir du bronze des corps palpitants et des âmes vibrantes.
Elle participe au renouveau de la figuration en créant de nouvelles images de l’Homme.
Sa singularité tient notamment à son travail unique sur l’hybridation entre les êtres humains et les formes de la nature. Elle crée des êtres hybrides toujours prêts à bondir ou s’envoler. Son imaginaire la conduit à s’intéresser aux mythes qui lui inspirent des créatures mythologiques entre onirisme et profonde humanité.
Elle contribue malgré elle à la polémique de l’art sacré qui naît dans les années 1950.
La rétrospective réunit près de 200 œuvres, majoritairement des sculptures en bronze, quelques dessins d’étude et gravures, qui permettent de découvrir la fulgurance de son talent et la précocité de sa maturité artistique.
Points forts
La qualité des portraits des débuts de Germaine Richier frappe d’emblée.
Bien qu’assez classiques dans la forme, ses figures saisissent par leur présence incarnée et l’expressivité de la personnalité propre du modèle.
Obsédée par l’humain, la sculptrice consacrera sa vie à en chercher une représentation au plus près de de l’intensité de son « invisible ».
Elle se détache de la figuration traditionnelle et c’est alors que son œuvre prend une dimension unique, par ses inspirations, sa forme d’expression, son sens, sa portée.
Renonçant à toute concession à un esthétisme classique et conventionnel, elle bouleverse la manière de sculpter et le regard.
Avec une précision et une exigence servies par sa formation académique, elle construit ex nihilo, creuse, fouille, plonge, râcle, découpe, écorche, scarifie, blesse la matière, jusqu’à ce qu’il en sorte des êtres mi-humains mi-animaux, plus vivants que toute créature réelle figée dans une représentation.
Ses créations oniriques emmènent instantanément jusqu’aux viscères, aux tréfonds de l’âme.
C’est puissant, déroutant, dérangeant parfois, toujours magique.
Le regard est captivé, le cœur est pris, dans une ronde universelle au pays de l’Humain, dans sa fragilité, sa force, ses contradictions, sa place dans la nature, jusqu’au plus subtil de sa dimension sacrée.
Le travail de Germaine Richier est visionnaire par la combinaison dans ses œuvres, des matériaux et des formes entre l’homme et la nature, animale, végétale et minérale. Par l’insertion dans ses œuvres, aussi, de fils tendus à partir du sujet, elle préfigure la prise en compte de l’espace du spectateur dans la substance et l’existence même de l’œuvre.
Le Christ d’Assy, créé pour l’église du Plateau d’Assy (Haute Savoie) en 1951, retiré à la demande de groupes traditionalistes avant de retrouver sa place en 1969, symbolise à lui seul, les recherches de Germaine Richier et bouleverse par sa pureté et sa puissance.
Quelques réserves
Aucune. Une artiste exceptionnelle et unique, présentée dans une exposition resserrée saisissante d’expressivité et d’humanité.
Encore un mot...
A ne pas manquer, tout simplement.
Une illustration
Une phrase
« Ce qui caractérise la sculpture, c’est la façon dont elle renonce à la forme solide et compacte. (…) Une forme vit tant qu’elle ne recule pas devant l’expression. «
Germaine Richier.
L'auteur
Germaine Richier naît à Grans dans les Bouches du Rhône en 1902.
Elle passe son enfance entre vignes et garrigues. A 12 ans, elle découvre les sculptures du Cloître Saint-Trophime à Arles et décide de devenir sculptrice.
Après avoir intégré les Beaux-Arts de Montpellier où elle étudie dans la classe de Louis-Jacques Guigne, ancien élève de Rodin, elle part pour Paris où elle entre dans l’atelier particulier d’Antoine Bourdelle.
Dès 1928, elle expose au Salon d’Automne où ses bustes sont remarqués.
En 1929, elle épouse le sculpteur Otto Charles Bänninger.
En 1933, en parallèle de sa carrière d’enseignante, elle installe à Paris l’atelier dans lequel elle restera toute sa vie.
En 1936, elle est la première femme à recevoir le Prix Blumenthal de sculpture.
En 1939, elle est exposée pour la première à l’étranger, en participant à des expositions collectives.
Elle vit 6 ans en exil en Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale et commence ses recherches sur l’hybridation.
Après la guerre, elle retourne à Paris et poursuit ses travaux sur l’hybridation, tout en innovant dans les matériaux et les formes : débuts de l’utilisation de la filasse enduite de plâtre et de la présence des fils tendus.
En 1948, elle est choisie pour représenter la France à la Biennale de Venise, et est exposée à la Galerie Maeght à Saint-Paul de Vence.
En 1951, création du Christ d’Assy. Elle commence à travailler la couleur, inspirée par des amis peintres abstraits.
En 1954, les médecins lui détectent un cancer du sein.
En 1956, elle est la première femme sculptrice à être exposée de son vivant au MOMA à New York.
Elle décède en 1959 à l’âge de 54 ans après avoir sculpté jusqu’au bout, assise, des figures abstraites.
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