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Thème
Les années 1860 furent sans doute parmi les plus décisives de l'histoire de l'art. L'exposition, qui réunit la quasi-totalité des œuvres peintes attribuées à Frédéric Bazille - quarante-cinq sur une soixantaine - permet une approche chronologique exhaustive de la courte carrière du peintre stoppée brutalement par sa mort au combat.
Pourtant le propos de l'exposition n'est pas purement monographique car elle mêle les œuvres de Bazille à celles des autres artistes de son temps, comme Delacroix, Courbet, Manet, Monet, Renoir, Fantin-Latour, Guigou, Scholderer ou encore Cézanne (une quarantaine d’œuvres) .
A travers cette confrontation en sections thématiques et chronologiques à la fois, l'exposition place l’œuvre et le travail de Bazille en perspective de celle de ses contemporains. Au cœur du défi de cette oeuvre d'avant-garde qui ambitionne de rénover la peinture, Frédéric Bazille cherche, innove et s'engage dans des chemins jamais empruntés auparavant.
Malgré sa très courte vie, Frédéric Bazille est honoré là par une rétrospective internationale, fruit d'une belle collaboration entre le musée d'Orsay, le musée Fabre de Montpellier et la National Gallery of Art de Washington.
Bazille est enfin redécouvert à travers cette exposition qui le replace parmi les plus célèbres artistes contemporains de son temps.
La profonde originalité de son inspiration, sa modernité saisissante contribuèrent largement à l'émergence de l'impressionnisme.
Points forts
La confrontation, tout au long du parcours de cette exposition rétrospective, des œuvres de Bazille avec les artistes contemporains est passionnante. Tout d'abord avec ses maîtres: Delacroix et Courbet, puis avec ses amis : Manet, Monet, Renoir, Sisley, Fantin-Latour...
Le parcours chronologique en sections thématiques est très clair et nous aide à comprendre comment tous ces artistes, au fort tempérament indépendant, ont su s'extraire de la tradition pour rénover la peinture en travaillant dans un écheveau d'amitié, se servant souvent de modèle l'un pour l'autre et partageant le même atelier.
Cette osmose est permanente tout au long du parcours grâce à la mise en correspondance sur les cimaises des œuvres de Bazille avec celles de ses contemporains et amis.
Intrusion de la technologie, une table numérique tactile, présente dans une salle, permet de découvrir les traces d'un tableau disparu "sous" une composition plus tardive, grâce à la technique de la radiographie. Cet apport de modernité aide beaucoup à la compréhension des techniques et de l'histoire de l'art.
Comme tous les artistes de l'époque, Bazille s'exerce avec brio aux natures mortes et trophées de chasse qui sont souvent des tableaux de commande liés au mécénat bourgeois du Second Empire. Mais le choc de l'exposition ( salle 7 et salle 8 ), qui nous ravit, ce sont vraiment ses "figures au soleil" et le "Nu moderne", tableaux emplis de modernité et d'une fougue lumineuse et colorée.
Bazille, metteur en scène d'images, porte avec audace dans cette série de tableaux le projet de la modernité dans la représentation du nu réaliste en plein air, loin du nu académique peint en atelier. Ces peintures préfigurent l'intérêt de Cézanne pour le même thème, avec les "Baigneurs".
A la fin de ce parcours, nous nous interrogeons et nous mettons à rêver : Que serait devenu Bazille si il avait vécu plus longtemps, comme ses amis Monet et Renoir ?
Quelques réserves
Le choix du 5ème étage pour cette belle exposition est dommage. Les chefs d’œuvres réunis auraient vraiment mérités de baigner dans une lumière naturelle, notamment pour la "Vue du village", "Scène d'été"ou encore la "Réunion de famille", afin d'y retrouver le temps suspendu et l'inertie de la mélancolie évoqués par les tableaux de l'artiste.
Encore un mot...
La courte carrière de Frédéric Bazille se devait d'être honorée par un musée national français.
Bazille: une vision esthétique, inventive et idéaliste qui incarne les premiers pas de la modernité des Impressionnistes rejetés par l'art officiel des institutions de l'époque.
Une phrase
" J'espère bien, si je fais quelque chose, avoir au moins le mérite de ne copier personne " (Frédéric Bazille)
L'auteur
Né le 6 décembre 1841 à Montpellier au sein d'une famille de la grande bourgeoisie protestante, Frédéric Bazille commence des études de médecine pour satisfaire sa famille tout en s'initiant au dessin au contact des chefs-d’œuvre du musée Fabre.
En 1862, à vingt ans, il quitte Montpellier pour poursuivre ses études de médecine à Paris, études qu'il va pourtant abandonner rapidement.
Il s'inscrit à l'atelier du peintre suisse Charles Gleyre où il rencontre Claude Monet, puis Auguste Renoir et Alfred Sisley.
En 1864, Bazille quitte l'atelier de Gleyre pour peindre désormais librement dans son propre atelier, aux côtés de Monet.
Très vite, il va intégrer le groupe des artistes de son temps au cœur des grands problématiques de la peinture d'avant-garde des années 1860, qui donnera le jour au mouvement des Impressionnistes.
Malheureusement il meurt au combat le 28 novembre 1870 à Beaune-la-Rolande (Loiret), quelques jours avant son vingt-neuvième anniversaire.
L'impressionnisme naîtra officiellement quatre ans plus tard, en 1874...
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