Si vous avez la chance de pouvoir passer par Munich cette semaine...
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Thème
Première rétrospective européenne pour Florine Stettheimer, peintre, poète et scénographe américaine du XXè siècle. Après des études d'art à New York, un long voyage en Europe entre 1900 et 1914 lui permet d'étudier la peinture à Berlin et Munich, entre autres. Sa manière est encore lourde de maladresses et d'influences, dont celles de maîtres italiens renaissants ou de contemporains Allemands, comme Franz von Stück, représentant d'un symbolisme antiquisant.
Après être rentrée aux États-Unis, en 1914, son style s'épanouit et la conduit à créer une oeuvre profondément singulière, éminemment insolite, exceptionnellement hors-norme. L'échec commerciale d'une première exposition personnelle, malgré un succès d'estime, la détourne du circuit commercial des galeries d'art. Elle vit alors au milieu de ses créations, qui représentent le plus souvent sa vie, qu'elle conçoit comme une oeuvre.
Points forts
- Cette exposition est la première occasion pour l'Europe de découvrir les peintures de cette artiste inclassable.
- On y voit aussi les maquettes et dessins faits à Paris pour son ballet << Orphée des Quat-z-arts >>, qui ne fut jamais monté. Ces esquisses, leur naturel, leur vivacité montrent tout son talent de dessinatrice.
- Son art de la composition est d'une grande saveur, mêlant théâtralité, humour, joie de vivre et simplicité.
- Ses couleurs révèlent un véritable don personnel, par la subtilité d'une technique qui va de l'empâtement au glacis dans un mélange des genres parfois détonant.
- Sa palette est libre de toute tradition, elle ne se fie qu'à son émotion esthétique et à son intuition.
- Les amateurs d'anecdotes ou d'histoire de l'art retrouveront dans ses toiles, souvent peuplées de nombreux personnages, Marcel Duchamp, Francis Picabia, les photographes Edward Steichen et Adolf de Meyer etc...
Quelques réserves
- Les cartouches qui donnent le titre des oeuvres et leur provenance ne mentionnent ni dimensions ni techniques.
- Le vrai point faible ne vient ni de l'exposition ni de l'artiste Florine Stettheimer. Il vient du manque de curiosité des musées français qui conduisent trop souvent leur public à voir les mêmes peintres (français de préférence), sans prendre le risque de la nouveauté, de l'inconnu.
Encore un mot...
L'art de Florine Stettheimer est sans doute le plus anachronique qui soit. Elle fut appréciée par Marcel Duchamp alors même que leurs oeuvres n'ont esthétiquement rien en commun. Andy Warhol compte parmi ses admirateurs.
Aujourd'hui encore elle touche de jeunes artistes par son style outrancièrement baroque.
Ses compositions, d'une grande complexité, reflètent la vie humaine la plus ordinaire dans ce qu'elle a de grouillant, voire de chorégraphique. Son exubérance colorée rejoint paradoxalement le plus naturel des spectres. Sa lumière est celle de la création environnante: le soleil, la mer, les fleurs, et le ciel, qui semble être l'un de ses éléments favoris.
Nombre de ses tableaux donnent l'impression d'être en apesanteur.
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