Si vous ne pouvez vous rendre à Bâle, essayez, au moins, de vous procurer le catalogue...
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Thème
Il y a 10 ans que Gauguin n’avait pas bénéficié d’une exposition importante en Europe .La fondation Beyeler a rassemblé une cinquantaine d’œuvres en provenance de 13 pays, parmi lesquels les USA, le Canada et la Russie,avec des chefs d’œuvre de l’Ermitage et du musée Pouchkine. L’exposition se concentre sur les œuvres, toiles mais aussi sculptures, de la maturité . Parmi elles, le tableau le plus cher du monde, « Nafea faa ipoipo » (Quand te maries-tu ?), en partance pour le Qatar, alors que la pauvreté avait causé la perte de l’artiste à 54 ans...
L’ecrin unique de la fondation, dessinée par Renzo Piano, avec ses grandes baies vitrées ouvertes sur la nature,constitue un cadre exceptionnel.
Points forts
-La sélection des œuvres de la maturité permet de suivre limpidement la quête de Gauguin pour un monde idéal proche de la nature , depuis les premières tentatives bretonnes à Pont-Aven , jusqu’à Tahiti , où le désenchantement succède à la fascination , et enfin, aux iles Marquises.
"L’ autoportrait à la palette", qui ouvre l’exposition, annonçe ainsi clairement le choix effectué : le regard du peintre y est perçant ; l’individu est en pleine possession de ses moyens.
-Les premières salles consacrent déjà le style visionnaire de Gauguin et l’empreinte spirituelle qui baigne les toiles de Pont-Aven. « La vision du sermon » met en scène le combat de l’ange avec Jacob,sur fond rouge, et devant des bretonnes en prière. Celles-ci sont ensuite ensommeillées aux cotés du « Christ jaune », et distraites par une chèvre au pied du « Christ vert » . « Le Christ au jardin des oliviers » a le profil du peintre .
Les scènes rurales, saules, barrière (avec un coup de chapeau à Courbet, dans « Bonjour monsieur Gauguin »), sont la toile de fond de « La perte du pucelage » dont la blancheur du modèle évoque la mort, alors que la sculpture synchrone reprenant les mêmes symboles du renard et de la fleur, perdue, s’appelle « La luxure ».
- L’ambiance est toute différente à Tahiti. Loin de la civilisation occidentale, hommes et bêtes vivent en harmonie. Tout invite à l’oisiveté sur ces plages de sable rose.Les idoles locales ne sont il est vrai plus que des éléments de décor car la colonisation arrive, les robes se boutonnent et la mélancolie gagne le peintre. Ses merveilleux bois sculptés ravivent la tradition des artisans du Pacifique :« Hina », « Hina et Fatu », « L’apres midi d’un faune ».
« D’où venons- nous ? Que sommes-nous ? Ou allons- nous ? », la frise symboliste de plus de 3 mètres,peinte alors qu’il voulait mourir, fait ici face à « La cueillette des fruits », peinte sur fond d’or un an plus tard, en une confrontation exceptionnelle ( une toile vient de Boston, l’autre de Moscou ).
- Toujours à la recherche de plus d’authenticité, Gauguin se rend aux Marquises, à Hiva Oa .Ses dernières toiles célèbrent toujours la beauté de la Polynésie et sa richesse culturelle. Les couleurs se font plus tendres ;le rève affleure : « Contes barbares », « Femme à l’éventail ».Le périple se termine par des « Cavaliers sur la plage », inspirés des toiles européennes de Degas, réunissant ainsi l’Europe et la Polynésie.
-Une salle multimédia, fort ludique, retrace la vie et les voyages de Gauguin, du Pérou de son aïeule Flora Tristan, au Danemark de sa belle famille, en passant par ses tours du monde au sein de la Marine Francaise.
Quelques réserves
Je n’en ai ressenti aucun tant le voyage proposé est enthousiasmant.
Encore un mot...
La parfaite illustration que les couleurs sont à la peinture ce que les mots sont à la littérature. La révolution que Gauguin a apportée à la peinture et la profondeur de son influence sur l’art du XXeme siècle apparaissent ici avec une éclatante évidence.
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