Exposition Mark Rothko à la Fondation Louis Vuitton
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Thème
Depuis la rétrospective du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1999, la Fondation Louis Vuitton présente la première exposition en France consacrée au peintre américain Mark Rothko. Elle réunit une centaine d’œuvres provenant de la National Gallery of Art de Washington, de la Tate de Londres, de la Phillips Collection de Washington, et de collections privées internationales dont celle de la famille de l’artiste.
L’exposition se déploie dans toute la Fondation Vuitton et retrace l’ensemble de la carrière de l’artiste, depuis ses premières peintures figuratives jusqu’à l’abstraction qui caractérise son œuvre.
Points forts
Les tableaux sont exposés selon un parcours chronologique dans les galeries de la Fondation Vuitton.
Les galeries 1 et 2 au niveau – 1 permettent de découvrir les premières toiles de Rothko avec des scènes figuratives et des paysages urbains des années 1930, qui évoluent vers une simplification aux touches expressionnistes. Le contexte tragique du début des années 40 inspire au peintre des mythes antiques et des éléments proches du surréalisme. Puis en 1946 les formes se densifient, se structurent verticalement. Ce sont les Multiformes qui tendent vers l’abstraction.
Au niveau 0, la peinture de Rothko devient identifiable : superposition de plusieurs formes rectangulaires et colorées qui s’agrandissent, touche atmosphérique qui confère à la toile une surface mystérieuse dont les couleurs vibrent. Les tons jaunes, rouges, ocre, orange, bleus ou blancs donnent vie aux tableaux.
Dans les années 50, Marc Rothko affirme « Mon art n’est pas abstrait, il vit et respire ».
En 1958, le peintre accepte la commande d’une série de peintures destinée aux murs du restaurant du Seagram Building à New-York. Il assombrit sa palette et choisit deux tonalités de couleurs par panneau. Les formats se font plus horizontaux pour être visibles derrière les convives. Après un an de travail, Rothko réalise que le lieu ne correspond pas à l’esprit de son projet artistique et il annule le contrat.
Dix ans plus tard, il fait don de 9 panneaux à la Tate de Londres, avec l’envie qu’ils soient en proximité avec les œuvres de Turner qu’il admire.
Les tableaux arrivent à Londres le jour de la mort de Rothko et sont réunis dans une seule salle : la Rothko Room. Le visiteur de la Fondation Vuitton a actuellement la chance de découvrir l’ensemble de ces Seagram Murals dans la galerie 5 au niveau 1.
Dans la galerie 6, les Blackforms sont des panneaux sombres presque monochromes, aux tons noirs, bruns, rouges et violets. On doit accoutumer son regard pour apercevoir les couleurs et ressentir une émotion. L’éclairage très tamisé de la salle accentue cette difficulté de perception.
Trois peintures emblématiques de la période classique de Rothko et issues de la Philipps Collection (Washington DC), sont réunies dans la galerie 7. Dans cette « Rothko Room », un banc fait face aux tableaux, selon le souhait de l’artiste, pour permettre au visiteur de contempler les rectangles aux couleurs vibrantes qui émergent des tableaux.
Les années 1960, sont consacrées à la réalisation de tableaux individuels dans lesquels le peintre associe des couleurs assourdies de rouges, noirs, marrons et bleus profonds. La galerie 9 au niveau 2 procure ainsi au visiteur une expérience sensible et lumineuse, qui incite à la contemplation.
En 1969-1970, Mark Rothko entreprend la création Black and Gray Giacometti. Chaque peinture est composée de deux parties séparées : un rectangle noir dans la zone supérieure et un rectangle gris dans la zone inférieures. Ces toiles d’une sobriété remarquable, sont exposées dans la galerie 10, où elles accompagnent magnifiquement les Grandes Figures de Giacometti.
Cette association évoque la commande d’une peinture monumentale de l’Unesco à laquelle l’artiste a renoncé. Cette œuvre aurait dû être située à proximité d’une sculpture de Giacometti.
La visite se termine dans la galerie 11, illuminée par trois toiles aux couleurs éclatantes, bien que Mark Rothko a toujours refusé d’être vu comme un «coloriste » alors qu’il utilisera des couleurs lumineuses jusqu’à la fin de sa vie.
Le parcours de l’exposition est un véritable cheminement dans la pluralité de l’œuvre de Rothko à travers son questionnement et sa volonté d’un dialogue silencieux avec le spectateur.
Quelques réserves
La faible luminosité de certaines salles, ne permet pas d’apprécier les nuances subtiles et de ressentir les vibrations chromatiques.
Encore un mot...
Il faut vraiment prendre le temps de se plonger dans les nuances chromatiques des toiles pour ressentir le dialogue silencieux avec la peinture. Le catalogue édité par la Fondation Louis Vuitton / Citadelles & Mazenod, réunit en plus de 300 pages les 115 œuvres présentées dans l’exposition (45 €).
Une illustration
Une phrase
« Je suis devenu peintre parce que je voulais élever la peinture au même degré d’intensité que la musique et la poésie » Mark Rothko
L'auteur
Markus Rotkovičs, né en 1903 à Dvinsk (aujourd’hui Daugavpils en Lettonie) est le benjamin d'une famille juive de quatre enfants. Pour que ses fils ne soient pas embrigadés de force dans l'armée impériale russe, son père, pharmacien, émigre à Portland, aux États-Unis. Il y fait venir sa famille fin 1913 mais meurt un an après son arrivée. Mark Rothko fait ses études à la Lincoln High School de Portland, puis à l'université Yale.
En 1929, il devient professeur de dessin pour des enfants, se marie en 1932 avec Edith Sachar puis fonde, en 1934, l’Artist Union de New York. Ce n'est qu'en 1940 qu'il adopte le nom anglicisé de Mark Rothko, deux ans après avoir pris la nationalité américaine. D'après ses amis, il était d'un naturel difficile, profondément anxieux et irascible, mais pouvait être plein de dévouement et d'affection.
Sa carrière démarre véritablement dans les années 1950, notamment grâce au collectionneur Duncan Phillips qui lui achète plusieurs tableaux et lui consacre une salle entière de sa collection. C'était le rêve de Rothko, qui souhaitait que les visiteurs ne soient pas perturbés par d'autres œuvres.
Les grandes commandes arrivent dans les années 1960 : université Harvard, Marlborough Gallery de Londres, chapelle à Houston .
Cependant, cet élan créateur et de reconnaissance est stoppé par un anévrisme de l’aorte, qui empêche désormais l’artiste de peindre des grands formats.
Mark Rothko se suicide en 1970 à New York.
Commentaires
L’exposition est magnifique
Regrettable que l’annonce de la fermeture de la boutique 15 minutes avant l’évacuation des salles ne soit pas faites…beaucoup de frustration pour les derniers visiteurs
Les. Toiles sont sublimes mais l’ éclairage catastrophique : si c’est un parti pris du commissaire , je ne le comprends pas car la lumière est au cœur de toute l’œuvre de Rothko, les contrastes et rien ne ressort, impossible d’apprécier la texture, les couches , le travail chromatique!
De plus avec la taille de certaines œuvres, il y a des espaces beaucoup trop exigus : le manque de recul ne permet pas de les apprécier.
C’est vraiment dommage car l’exposition et sinon très bien faite, Les textes permettent de saisir l’évolution du travail de l’artiste.
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