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Thème
Le musée du Louvre, en collaboration avec le Metropolitan Museum of Art de New York, nous offre la première rétrospective à Paris d'Eugène Delacroix (1798-1863) depuis 1963. Cette exposition historique, éblouissante, réunit plus de 180 œuvres dont une majorité de peintures.
La carrière de Delacroix se déroule sur un peu plus de quarante années (de 1821 à 1863).
A travers les peintures de la première décennie qui firent la célébrité du jeune artiste jusqu'aux mystérieuses compositions religieuses et paysagées de la fin de sa vie, l'exposition tente de répondre aux questions que pose une carrière longue, riche et complexe d'un artiste en résonance avec les grands phénomènes artistiques de son temps.
Points forts
- Si vous avez besoin d'une seule raison pour voir cette exposition, la première salle suffira à vous convaincre.
Quel énorme choc ! Quatre grands chefs d’œuvre de jeunesse vous attendent : La Barque de Dante (1822), Le Massacre de Scio (1824), La Liberté guidant le peuple (1830) et La Mort de Sardanapale (1827) qu'il faudra aller voir dans la Salle Mollien, son immense format ( 395 x 495 cm) n'ayant pas permis de l'exposer dans le Hall Napoléon.
Ces premières œuvres monumentales sont de véritables manifestes du peintre et de sa fougue romantique. Ce pari un peu fou, chargé du parfum de scandale, va lui apporter la célébrité et l'imposer comme chef de file de la nouvelle peinture, après la mort prématuré de son aîné et mentor Théodore Géricault (Le Radeau de la Méduse, en 1819).
La critique crie au scandale car les œuvres de Delacroix bousculent la tradition néoclassique de l'époque. L'oeuvre picturale ne correspond plus aux principes classiques de composition de l'art et Delacroix jette, au regard du spectateur, ses personnages au premier plan de ses tableaux comme des modules de sa composition finale dans une explosion de couleurs, il ne recherche pas la perfection académique mais l'émotion d'un réalisme narratif cru.
C'est tout simplement moderne, surprenant et puissant ! Delacroix, en s'adressant, à l'époque, directement à un large public à travers les Salons, réalise un coup de maître. Il aurait été, peut-être, aujourd'hui, un des artistes les plus actifs sur les réseaux sociaux...
- Seul le musée du Louvre pouvait relever le défi d'une exposition monographique dédiée au peintre tant l'oeuvre de Delacroix est foisonnante et complexe.
Le Louvre a réussi à réunir des chefs-d'oeuvre de nombreux musées français et des prêts exceptionnels en provenance du monde entier, des Etats-Unis, d'Angleterre, d'Allemagne, du Canada, de Belgique, de Hongrie,...
- A découvrir: son goût pour la littérature moderne et étrangère, de Byron, Dante, Shakespeare, Scott à Goethe, amène Delacroix à illustrer de luxueuses publications littéraires, comme celle du Faust de Goethe. Ses dessins mélangent avec virtuosité: effroi, fantaisie et humour grinçant et Delacroix utilise une technique récente de reproduction, la lithographie.
- En 1832, un voyage au Maroc puis à Alger, véritable choc visuel et culturel, plus dans le temps que dans l'espace, permet à Delacroix de nous offrir une série de tableaux dont le fameux Femmes d'Alger dans leur appartement (1834), intemporalité du Maghreb et de ses harems, loin de sa peinture nourrie du drame ou des passions.
- Avec ses recherches sur le motif de la chasse aux fauves, à l'instar de Rubens, nous retrouvons dans Chasse aux lions (1855) la violence des passions de ses premiers tableaux.
- L'exposition nous montre toutes les facettes du peintre, au delà de la peinture, à travers l'écriture et le dessin. On retrouve son journal intime, trésor de la mémoire et de la pensée de l'artiste, ses lettres à son amie George Sand ou encore ses carnets de jeunesse avec de magnifiques petites aquarelles.
- Delacroix n'aura désormais plus de secrets pour nous tant l'exposition propose une vision complète d'un artiste à la personnalité attachante, éprise de gloire et à la recherche du buzz, surtout à ses débuts, mais aussi acharnée de travail, curieuse et cultivée, qui dominera son siècle. Sa création originale, novatrice et son travail de la couleur vont introduire la peinture moderne de la fin du 19e siècle.
Quelques réserves
Après le choc du début de l'exposition, nous sommes un peu déroutés par la dernière partie où Delacroix se montre un peu versatile entre le tourbillon de ses compositions florales un peu kitsch et l'austérité de ses tableaux religieux, plus intéressants et peu connus.
On regrette que l’énergie de sa première décennie se soit assagie à la fin de sa vie dans un effort de synthèse personnelle rétrospective où il reproduit en petit format la production picturale de ses débuts.
Encore un mot...
Violence, sexe et passion nourrissent le génie et l'audace de Delacroix. Mais ce sont surtout l'énergie fougueuse de son "coup de brosse" et son travail de la couleur qui semblent le mieux définir son art et ouvrir à la modernité.
Commentaires
Ce n'est pas Delacroix qui est "versatile" mais s'il le patait, c'est la faute des commissaires qui ont mal choisi les oeuvres des années 40 et 50, n'ont pas traité correctement les grandes décorations ( Talma? Salon du Roi? Saint-Sulpice ? ) et ont même ridiculement titré une des salles " fleurs et fauves"!!! Il manque des dessins et surtout des pastels. Les grandes toiles auraient du rester là où elles sont si bien exposées d'habitude : c' est navrant de voir ces magnifiques tableaux de Salon accrochés presque par terre dans des salles si bas de plafond...d'ailleurs, il y a un gros problème d'échelle dans toute l'exposition: même le Baron Schwitters parait énorme alors qu'à la National Gallery, le portrait est de taille moyenne.Et le Louvre aurait peut-être pu nettoyer un ou deux de leurs tableaux pour cette exposition majeure??? A côté de certains prêts de musées étrangers ou provinciaux, les tableaux du Louvre sont crasseux et ternes...et je finirais en mentionnant les étiquettes métallisées et totalement illisibles...
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