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Thème
Nombreux sont les clichés et les fantasmes qui auréolent les ateliers des artistes, ces temples de création impénétrables qui enfantent des chefs d’œuvre : un mystère chéri, cultivé, protégé, dans le but d’exalter le mythe, comme pour accroître l’espace qui sépare les artistes du reste du monde. Pourtant, pour quelques mois, le Petit Palais a choisi de laisser la clé sur la porte des ces lieux obscurs, et entrevoir le quotidien et la réalité – souvent apprêtée mais toujours touchante – des artistes en pleine création.
Points forts
• Transversalité et profondeur sont les deux mots qui caractérisent le gargantuesque travail de recherche qu’a mené le Petit Palais pour donner vie à cette exposition peu conventionnelle : ce pêle-mêle structuré de plus de 400 photographies, daguerréotypes et vidéos, illustre le processus de création d’artistes issus de toutes les époques et de tous les courants, évitant ainsi l’écueil d’une structure chronologique qui aurait focalisé l’attention sur l’évolution de l’atelier plutôt que sur son universalité.
• Si elle y parvient avec brio, l’exposition va bien au-delà de nous laisser être les témoins discrets de ces instants préservés au cours desquels les artistes entre en création : elle nous permet surtout de découvrir avec un œil neuf la personnalité de certains d’entre eux. Ainsi, l’extrême dépouillement de l’atelier de Monet à Giverny traduit l’abandon absolu de l’artiste au profit de la justesse de son œuvre ; dans une veine différente, le chaos déroutant de l’atelier de Francis Bacon fait écho au flou trompeur, et pourtant si précis, qui en caractérise les productions. L’exposition sait ainsi consolider comme détruire le mythe de l’artiste solitaire, dont le dessein est guidé par une inspiration divine : l’on prend par exemple conscience que la production quasi-industrielle de Jeff Koons n’est permise que par les dizaines de petites mains que l’on imagine s’activer sur les nombreux bureaux de son atelier de New-York.
• Ainsi, en nous laissant pénétrer dans l’intimité précieuse du créatif, l’exposition parvient avant tout à nous toucher, ce qui est aussi rare que louable. Qu’il soit absent, en plein travail ou prenant la pose, l’artiste retrouve cette humanité troublante, créant ainsi un lien de proximité très différent de celui qu’un observateur peut entretenir avec une œuvre. J’ai été particulièrement émue par la série des mains d’artistes au travail et par les « Cézanne’s Objects » de Joel Meyerowitz, qui se réapproprie la technique de la nature morte chère au peintre en photographiant les objets qui composent son atelier d’Aix-en-Provence et qui ont servi de modèles à ses œuvres.
• Et s’il prend plus de recul encore, le visiteur pourra s’interroger sur le propos quasi philosophique de l’exposition que l’on devine en filigrane. Ainsi, cette mise en abyme constante de l’artiste au travail – le peintre, le sculpteur – saisi par un autre artiste au travail – le photographe – dans une mise en scène souvent trop parfaite pour être authentique, ne manquera pas de questionner : lequel des deux est le véritable artiste ?
Quelques réserves
S’il fallait en trouver un : la densité de l’exposition n’a pas permis à quelques œuvres d’y trouver leur place, qui ont finalement toutes été parquées dans une dernière salle dont le sujet manque de clarté et qui pourra laisser le visiteur quelque peu insatisfait.
Encore un mot...
Bien plus qu’une exposition de photos de grande qualité, Dans l’atelier déverrouille une touchante voie d’accès à la création artistique, qui séduira tous les amateurs d’art.
Commentaires
La chronique est savante. Précieuse ou Ridicule ?
Et ne manque pas de questionner : à quels publics s'adresse Culture Tops ?
Madame, Monsieur,
Culture-Tops s'adresse à tous les publics, c'est pour cela que les chroniqueurs viennent d'horizons culturels, politiques et religieux variés.
Bien à vous
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