Cindy Sherman, une rétrospective de 1975 à 2020
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Thème
Née en 1954, vivant et travaillant à New York, Cindy Sherman a développé depuis la fin des années 1970 une œuvre photographique quasi intégralement consacrée au portrait, sans jamais recourir à d'autres modèles qu'elle-même. La Fondation Vuitton lui rend hommage avec une rétrospective riche de 170 clichés.
Sous les yeux du spectateur, cette exposition chronologique retrace les séries diverses et variées d'autoportraits de l'artiste. Commencer par les œuvres de jeunesse de Cindy Sherman est une proposition pertinente ; celles-ci constituent la matrice de son travail, tant par la diversité de leurs techniques (films, photos, collage) que par leurs thèmes : identité, déguisement, fiction ou mode. Devant l'appareil, l'artiste se grime, s'écorche, se retouche et s'embellit dans une quête identitaire stupéfiante.
Au fur et à mesure que les portraits se succèdent, nous retrouvons certains thèmes récurrents : Cindy Sherman questionne le genre par le travestissement et la caricature, s'approprie et s'attaque à la tradition occidentale du portrait peint, et propose une vision excentrique et artificielle de la mode.
Les grands formats photographiques, à échelle humaine, sont mis en valeur par une scénographie impeccable. L'éclairage est minutieux dans les couloirs pastel de l'exposition. Et régulièrement, le spectateur se surprend lui-même à s'observer dans les miroirs parsemés près des photographies de Cindy Sherman.
La dernière salle présente des travaux inédits. Voilà une nouvelle série complète où l'artiste se présente exclusivement en homme(s). Le texte de salle précise : « Cindy Sherman propose de réinventer les codes de représentation d'une masculinité nouvelle et volontiers ambiguë qui brouille les frontières habituelles entre les genres ». Attendu et dans l'air du temps.
Points forts
- La pluralité des médiums et la richesse de l'œuvre de Cindy Sherman sont parfaitement présentés et accompagnés de textes éloquents.
- Une scénographie efficace rendant un bel hommage au travail de l'artiste.
- Une exposition complémentaire : Crossing views, conçue en écho à la rétrospective Cindy Sherman, se trouve dans les étages de la Fondation Vuitton. Résultant d'un « regard croisé » avec l'artiste, cette exposition réunit vingt-trois artistes français et internationaux et une cinquantaine d'œuvres. On y retrouve notamment les portraits d'Andy Warhol, Christian Boltanski, Wolfgang Tillmans, entre autres…
Quelques réserves
- Aucune mise en perspective historique. Nous aurions aimé savoir quels artistes et réseaux elle fréquentait dans le New York arty et foisonnant de 1977. Par exemple, le groupe Pictures Génération (entre autres...) dont elle a fait partie n'est pas mentionné dans l'exposition. Autrement, quelles ont été ses sources d'inspirations ?
- Certes, Cindy Sherman nous dévoile toutes les facettes de sa personnalité à travers ses autoportraits. Pourtant, nous ne savons rien du point de vue de l'artiste sur sa propre pratique. Il aurait été intéressant de lire ou de visionner un entretien avec l'artiste pour en avoir une vision encore plus intime.
Encore un mot...
Cindy Sherman est définitivement une artiste complète : devant son appareil, elle s'improvise à la fois actrice, costumière, modèle, technicienne, éclairagiste, truqueuse, accessoiriste. La Fondation Vuitton lui rend un bel hommage en exposant de manière parfaite 170 de ses clichés.
L'auteur
Cindy Sherman est née en 1954 à Glen Ridge dans le New Jersey. Elle habite et travaille à New York. Considérée comme l’une des artistes les plus influentes de sa génération, elle a connu la célébrité à la fin des années 1970 avec le groupe d’artistes Pictures Generation.
Sa rétrospective 2012 au MOMA de New York a ensuite voyagé au Museum of Modern Art de San Francisco, puis au Walker Art Center de Minneapolis et, enfin, au Museum of Arts de Dallas. D’autres expositions récentes ont eu lieu à la Fondation Fosun de Shanghai, pour l’inauguration du Broad Museum à Los Angeles, à la Queensland Art Gallery | Gallery of Modern Art de Brisbane en Australie et à Oslo au musée Astrup Fearnley.
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