Chiharu Shiota. The soul trembles (les frémissements de l’âme)
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Thème
Chiharu Shiota, née au japon en 1972, vit et travaille à Berlin depuis plus de vingt ans. Depuis le début des années 90, elle tisse…des kilomètres de fils entrelacés dont elle compose des installations gigantesques. Elle assure également quelques performances d’art corporel. Son travail protéiforme s’exprime aussi dans la photographie, la sculpture, la vidéo, le dessin, la scénographie d’opéra. Centré sur le corps, il interroge notre rapport au temps, à la mémoire, nous entraîne aussi vers le rêve, dans un voyage sensoriel et onirique.
Cette brève description pourrait donner à certains d’entre vous l’image d’une œuvre très cérébrale, abstraite, froide, presque absconse, réservée à quelques initiés du monde de l’art. C’est pourtant tout à fait le contraire qui vous attend, une déambulation inattendue faite de vibrations, d’émotions, de sensations subtiles qui vous touchent au cœur.
L’exposition co-organisée avec le Mori Art Museum, Tokyo, est la plus importante jamais consacrée à l’artiste en France et embrasse plus de 20 ans de sa carrière ; elle permet, à travers plusieurs installations monumentales et d’autres pièces déployées sur plus de 1 200 mètres carrés, de découvrir une œuvre d’une force rare.
Points forts
- Une œuvre de prime abord déconcertante qui pourtant parle directement à l’âme, en profondeur : des fils rouges, noirs ou blancs qui s’entrelacent, souvent entremêlés d’objets, d’une technicité proprement exceptionnelle, qui expriment la présence dans l’absence, la force d’un lieu de mémoire ou l’espoir d’un autre et d’un ailleurs. Des fils tendus comme des liens. La poésie, la modernité, la tendresse parfois, dans l’âpreté et la rigueur, sont partout.
- Une leçon sur la possible transformation de la vie par l’art : l’extraordinaire énergie de vie de Chiharu Shiota est palpable. Ses tourments et ses traumatismes font partie intégrante de son travail, la mort rôde ; elle les digère, les transforme dans des pièces dont la puissance, la justesse et la force d’évocation s’imposent. Avec elle, l’art témoigne de sa capacité à sauver de la destruction et ne pas sombrer. Ses œuvres renvoient chacun à sa sensibilité propre et à son chemin intérieur
- Rien n’est gratuit, rien n’est de trop, tout prend sens et porte une dimension universelle, la théâtralité de certaines pièces est authentique.
- Une exposition dont on ressort fortifié et bouleversé par tant de grâce.
Quelques réserves
Aucune, laissez-vous porter par votre curiosité émerveillée.
Encore un mot...
L’exposition est la première du Grand Palais après cinq ans de travaux. Une programmation qui augure du meilleur pour ce lieu mythique.
Une illustration
Une phrase
« Mon âme est avec mon corps. Si mon corps disparaît, mon âme disparaît-elle avec lui ? Combien de temps peut-elle rester près du cœur ?» Chiharu Shiota
L'auteur
Née près d’Osaka en 1972, Chiharu Shiota commence par étudier la peinture puis la sculpture. A 19 ans, elle découvre l’art de la performance à travers le travail de Magdalena Abakanowicz (1930-2017), une artiste polonaise auprès de laquelle elle part étudier en Allemagne. Elle parvient à s’établir définitivement à Berlin en 1996. Entre 1993 et 2024, elle a participé à plus de trois cents expositions personnelles, expositions collectives, biennales et autres évènements. Elle fait l’expérience à de multiples occasions, de la vulnérabilité́ de la vie qui lui a été accordée, notamment en étant éprouvée deux fois par le cancer.
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