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Thème
Antoine Bourdelle (1861-1929), tignasse rebiquée, yeux fermés, se love entre les pattes d’un brave lion. A quoi songe-t’il ? Pour qui compose-t-il cette posture fixée par un anonyme ? Le choix de la photographie qui fait l’affiche de l’événement laisse entrevoir ce que nous allons exactement découvrir dans cette expositionBourdelle Intime, dans l’authentique atelier-musée du sculpteur, proche de Montparnasse.
Points forts
- C’est original, l’accès à l’exposition elle-même passe par un ensemble de tentations visuelles et d’interrogations. Franchir la grille du joli jardin - je me suis renseignée, la galerie aux arcades est faite de briques de Montauban, pays d’origine de Bourdelle -, et entrer dans cet étonnant musée, c’est recevoir un choc de saisissement devant les sculptures monumentales qui l’habitent dehors comme dedans. Tellement en contraste avec le fonds intimiste de sa vie personnelle qui va être dévoilé, plus loin, pour la toute première fois.
- une vitrine consacrée aux outils du sculpteur, une balustrade sur laquelle campent des sujets en bronze de petite taille, plus bas les impressionnants Monuments, élevés l’un au poète Polonais Adam Mickiewciz (1908-1928) l’autre aux Morts, Combattants et Serviteurs du Tarn-et-Garonne (1870-1871).
- Soudain, une surprenante transition, inattendue, attachante : les bustes en bronze des proches du sculpteur sont réunis dans leurs différentes poses statiques. C’est l’introduction à l’exposition du moment, voulue par Amélie Simier, directrice du musée.
- On entre dans la pièce aux souvenirs qui racontent la jeunesse, les parents, les amours, les élèves, les amis voisins, artistes eux-mêmes, ses goûts de collectionneur, sa passion du dessin, la photographie qu’il pratique pour ses travaux préparatoires et pour fixer les scènes de sa vie familiale, la beauté de ses dessins à l’encre, les pastels délicats de sa mère, ses grands parents et les émouvantes esquisses en terre crue ou en plâtre inspirées par ses deux épouses et ses enfants.
Une centaine d’œuvres dont une soixantaine de photographies témoignent de l’imbrication totale entre le labeur et la vie personnelle, entre la création et la vie de l’artiste et des siens.
Quelques réserves
Il m’a semblé qu’il pouvait ne pas être évident de saisir seul, en une seule visite, la lecture qui a voulu être donnée de cette exposition. Cet écueil est compensé par une plaquette bleue, offerte ; prenez le temps de la lire intégralement avant d’entrer dans la salle d’exposition, elle vous aidera à « voir » et à « ressentir » pleinement.
Encore un mot...
A la faveur de cette exposition très singulière, découvrez ou redécouvrez Bourdelle, de l’atelier au jardin. Le Maître était un généreux pédagogue, un homme romantique et facétieux…
Stéphanie Cantarutti, conservateur du Patrimoine, est l’auteur d’une parution qui sert de catalogue : Bourdelle – Ed. Alternatives/Gallimard – 32 euros.