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Thème
Depuis sa réouverture, le Musée Bourdelle avait plus souvent servi de cadre à des expositions dédiées à des sujets - plus ou moins - connexes à l’oeuvre du sculpteur (les productions de Balenciaga, la figure du mannequin dans la création artistique) qu’à mettre en avant le travail de l’artiste lui-même. Justice est rendue cette fois-ci avec cette rétrospective dédiée à l’antique, qui eut une influence thématique comme stylistique majeure sur l’oeuvre d’Antoine Bourdelle.
Points forts
- Après une rapide mais intrigante introduction à la fascination d’Antoine Bourdelle pour les références à l’Antiquité, dont il reproduisait au crayon ou à l’encre les oeuvres présentées au Louvre, l’exposition se structure autour de huit études de cas, chacune centrée sur une ou plusieurs sculptures de l’artiste et faisant écho à l’intérêt profond que portait Bourdelle à l’Antique : ses dieux et ses mythes, mais aussi l’esthétique singulière dont sont marquées les oeuvres - picturales, littéraires, philosophiques - produites au cours de l’Antiquité.
Ces études de cas successives et complémentaires permettent d’appréhender une facette plus profonde et technique du sculpteur.
- Dans cette perspective, l’exposition élargit aussi le champ de vision du spectateur en faisant dialoguer avec les oeuvres de Bourdelle celles d’autres artistes, comme Modigliani, Puvis de Chavannes ou Picasso, donnant à comprendre ainsi comment ces références à l’antique vont au delà de la pure Antiquité en interagissant avec les artistes contemporains de Bourdelle.
Quelques réserves
- De par sa structure thématique pertinente et approfondie, la visée didactique de l’exposition est très appréciable - pourtant, elle rebute lorsqu’il y a plus à lire qu’à voir, et le visiteur passe plus de temps les yeux rivés sur les cimaises à décoder légendes, éléments techniques et notes de contexte qu’à apprécier les oeuvres. Ne vous méprenez pas, je suis tout à fait favorable aux explicitations et aux mises en regard, sauf lorsque celles-ci demandent tant de justifications que l’on se demande si certains liens sont vraiment pertinents.
- Plus largement, il est important de rappeler qu’émancipé de l’influence de Rodin, rarement associé à un courant artistique net, Bourdelle est un sculpteur à part, parfois difficile à appréhender. Malheureusement, cette exposition ne déroge pas à la règle, et ne permettra probablement pas au visiteur curieux et non spécialiste d’adhérer émotionnellement à l’oeuvre de Bourdelle. Malgré sa volonté didactique, l’exposition reste en effet très pointue et solennelle - est-ce un point faible ? Probablement, dans la mesure où elle semble plus destinée à un visiteur connaisseur et amateur de l’artiste qu’à un public en découverte, qui gagnera plutôt à flâner dans les salles de l’exposition permanente.
Encore un mot...
Une exposition pointue, technique et fouillée, qui séduira et enrichira les amateurs de Bourdelle mais risquera de dérouter les plus novices.
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