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Thème
Pour la première fois, le Grand Palais consacre une exposition à l'art vidéo dont le pionnier est Bill Viola. Né en 1951 à New York, cet immense artiste aime dire qu'il est né "avec la vidéo". Ce grand mystique est inspiré par ses références religieuses, ainsi que par ses grands maîtres de la peinture, comme Goya, Turner, Vermeer, Rothko...
Un accident arrivé à l' âge de six ans l'a marqué à vie: juste avant qu'il ne soit sauvé d'une noyade, un monde aquatique merveilleux lui est apparu, dont les visions "remplies de couleurs" l'obsèdent toujours.
Plus tard, ce seront ses voyages au Japon et en Toscane qui l'inspireront dans sa philosophie apaisée du temps qui passe...
Films, vidéos, pièces sonores, installations monumentales, oeuvres intimistes...
L'exposition nous dévoile vingt réalisations sur une trentaine d'écrans et des heures d'images filmées, de 1977 (The Reflecting Pool) à 2013 (The Dreamers).
Points forts
1. Le parcours s'articule autour des grandes questions métaphysiques:
"Qui suis-je? Ou suis-je? Ou vais-je?". Parmi ces oeuvres où se mêlent métaphysique et technologie:
- "The Dreamers", réalisée l'année dernière, montre sept personnages immergés dans l'eau, qui dorment. Ces dormeurs sous l'eau qui n'ont pas besoin de respirer, symbolisent l'immortalité, selon Bill Viola.
-"Heaven and earth", qui date de 1992, est composée de deux écrans qui diffusent, l'un un portrait d'un nouveau-né (son fils), l'autre, le visage d'une vieille femme souffrante (sa mère). Pour Bill Viola, la mort n'est pas une fin, mais fait partie de nous.
2 Ces vidéos impressionnent par leur lenteur extrême, parfois briséesubitement par l'apparition d'un évènement que l'on n'attendait pas.
Comme devant cette pièce d'eaux lustrales où apparaît subitement un corps en suspension qui finit par disparaître lentement, comme un joli poème, accompagné d'une musique aquatique... Plus loin, une femme se perd dans des flammes ondoyantes qui font penser à un tableau... Bill Viola travaille sur des éléments forts qui évoquent la création et la destruction: l'eau de la naissance, mais aussi du déluge; le feu de la création et le feu qui tue...
3 Bill Viola aime le temps en suspension, il rejette la vitesse, le zapping, le monde de l'information et de la consommation qui va trop vite. En revanche, pour l'artiste "la transformation est une force profonde et nécessaire, un processus lent qui permet la construction d'un être humain", comme le montre cette vidéo d'un couple âgé et nu, mais digne.
Quelques réserves
L'unique inconvénient de cette exposition est qu'elle prend du temps si on veut tout voir, car regarder une vidéo peut parfois durer une vingtaine de minutes.
Par ailleurs, il est regrettable qu'il n'y ait pas plus de bancs ou de chaises pour visionner ces vidéos.
Encore un mot...
Il est intéressant de voir la modernité s'installer au Grand Palais, ce grand bâtiment classique qui n'hésite pas à évoluer. On peut apprécier que l'installation de cette exposition ne comporte aucune structure technique: ni cables, ni caméras, ce qui est un vrai défi. Il suffit "d'écouter les oeuvres qui sont un voyage pour le spectateur".
A chacun de trouver là son chemin.
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