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Thème
L’exposition explore les possibilités offertes aux artistes par les nouvelles technologies depuis la fin des années 1960. La présentation d’icônes reconnues comme Nam Jun Paik n’est que le point de départ d’une réflexion sur les possibilités offertes par la vidéo, les algorithmes, les capteurs de mouvement ou encore les images génératives pour trouver de nouveaux chemins créatifs dans des genres canoniques comme le portrait ou le paysage.
La ligne directrice de l’exposition est de montrer comment l’usage des nouvelles technologies redessine les limites de la création.
Points forts
-Le spectateur n’est pas seulement confronté à des œuvres qu’il peut admirer avec distance mais est pris dans une expérience sensorielle qui le fait parfois devenir le co-auteur de l’œuvre, en participant à sa création. L’installation de Raquel Kogan, au début de l’exposition, prend son sens en fonction du nombre de spectateurs qui s’y trouvent. Le nombre de personnes présentes influe sur la structure de l’espace. Il s’agit, derrière cela, d’inciter le public à réfléchir sur son propre regard et sur ses propres gestes face à une œuvre.
L’art vidéo n’est pas le seul concerné et lors de la montée du grand escalier, le spectateur se trouve nez à nez avec une installation musicale dont la configuration change en fonction du souffle du visiteur, Jacopo Schilingi nous invitant, entre autres, à nous demander si une œuvre est finie ou non.
-L’exposition montre bien comment, au service des artistes, les nouvelles technologies permettent de décupler l’inventivité. En architecture, l’installation de colonnes en papier découpé à l’aide d’un algorithme – présentée dans une salle éclairée en clair-obscur donnant l’illusion d’entrer dans une caverne de stalagmites merveilleuse - montre combien la technique a permis de repousser les limites de l’art de bâtir. L’auteur de ces Astana Column, Michael Hansmeyer, révèle la poésie que comporte 20 000 feuilles en papier carbone découpées au laser.
Derrière cela, on se demande s’il y a encore des limites pour la création humaine grâce à ces outils qui permettent de décupler les gestes graphiques ou techniques ; comme ces bras robots qui ont permis à Tresset de reprendre le goût de dessiner.
-Derrière les possibilités offertes à la vidéo, à l’architecture ou aux représentations personnelles d’un homme ou d’une femme, ce sont des questions d’histoire de l’art cruciales qui sont posées. La figuration en peinture a été un canon pictural pendant longtemps quoique les peintres qui réalisaient paysages et portraits soient bien conscients de son caractère illusoire, devant l’infini des expressions que pouvait comporter un visage ou une feuille.
Quelques réserves
-Plus qu’un point faible, on fera une remarque sur la muséographie de l’exposition. Visiteur pressé : prenez le temps ! L’exposition est foisonnante et les questions qu’elle explore, cruciales: iintelligence artificielle, rapport entre l’homme et les machines, scientisme, sciences comme facteur d’émancipation politique. Le parcours proposé par les commissaires touche à un moment où un autre ces questions. Une visite rapide ne permettrait peut-être pas d’en comprendre tout l’intérêt. Prenez une bonne heure et demie pour en profiter.
-Cela ne tient pas à l’exposition, mais à la structure du Grand Palais lui-même. Essayez d’aller à l’exposition en début d’après-midi pour ne pas être pris dans une affluence qui risquerait de vous faire passer à côté de certaines œuvres.
-Le titre de l'expo restreint le foisonnement créatif et historique proposé, concernant en fait toutes les possibilités offertes par les nouvelles technologies, et dont savent déjà se saisir les artistes.
Encore un mot...
Ce ne sont pas les artistes qui deviennent les sujets des robots. Non, ce que met remarquablement en valeur cette exposition ce sont les moyens que les technologies nouvelles – bras robots et autres – leur offrent pour explorer de nouveaux champs à développer.
L'auteur
Les deux commissaires de cette exposition:
- Laurence Bertrand Dorléac est historienne de l’art, professeur à Sciences Po Paris. Elle est spécialiste, notamment, de l’histoire des arts à Paris pendant la seconde guerre mondiale.
- Jérôme Neutres, est directeur de la stratégie de la RMN-Grand Palais. Il a notamment été commissaire des rétrospectives consacrées à Bill Viola et Irving Penn.
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