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Thème
Pour la seconde de ses deux expositions annuelles, le CNCS (Centre national du costume de scène), à Moulins, dans l’Allier, braque cette fois le projecteur sur les différents corps de métiers qui participent à la confection des costumes de spectacle.
Points forts
1) Les fidèles de l’émission « Au théâtre ce soir » le savaient : les décors étaient de Roger Harth et les costumes de Donald Cardwell. Mais ces deux professions (décorateur et costumier) ne sont pas les seules à s’activer en coulisses. Pour qu’un comédien ressemble le plus possible à son personnage, encore lui faut-il des chaussures, souvent un chapeau, parfois une perruque ou un faux nez, des bijoux, des plumes, peut-être même une armure…
Ce sont les fabricants de ces différents accessoires, forts d’un savoir-faire précis et maîtrisant des techniques hautement spécifiques, que le CNCS a choisi de mettre en lumière cette fois.
L’initiative est louable et sa réalisation passionnante. L’exposition est à la fois divertissante (on a l’impression de se promener dans les coulisses d’un théâtre où se prépare un spectacle) et surtout très instructive.
2) Dans chaque salle est reproduit l’atelier de l’artisan à l’honneur (le bottier, le chapelier, le bijoutier, le perruquier…), avec ses outils propres, ses formes, ses moules, ses croquis, ses prototypes, ses échantillons, ses matières premières… De courts reportages sont diffusés en boucle sur des téléviseurs et montrent le professionnel à l’ouvrage et en interview.
Enfin, dans de grandes vitrines sont réunis de nombreux exemples parmi ses réalisations : des dizaines de chaussures de toutes époques, des chapeaux jusqu’aux plus excentriques, des masques étonnants, de splendides faux bijoux…, sans oublier les effets spéciaux (cœurs sensibles attention : les vitrines réunissant des êtres difformes, des membres blessés, des exemples de cicatrices, des cyclopes et la tête de Saint Jean-Baptiste sanguinolente sont impressionnantes !)
3) Malheureusement la crise économique actuelle n’épargne aucune profession et certains ateliers indépendants rencontrent de graves difficultés, menaçant même leur survie. Certains ont pu être sauvés par leurs principaux clients. C’est le cas notamment de la maison Février. Créée en 1929, spécialisée en confection de costumes de plumes, elle a été rachetée en 2009 par Le Moulin Rouge dans le cadre de sa politique de conservation du patrimoine artisanal français.
4) L’exposition est riche d’enseignements variés. La place manque ici pour en faire un relevé détaillé. Prenons un seul exemple, celui du plumassier justement. Au théâtre, la plume est assez discrète, synonyme de pouvoir et de luxe. Elle agrémente souvent une coiffe ou un chapeau, sauf pour le personnage de Papageno dans « La Flûte enchantée » de Mozart !
En revanche, elle prend toute son importance au music-hall et dans la variété depuis les années 20 avec l’avènement des revues menées par Mistinguett. Mais la Convention de Washington limite désormais l’usage des plumes exotiques. L’aigrette et l’ibis sont par exemple prohibés. Les plumassiers ont donc recours à des plumes d’élevage. Ils n’utilisent que peu d’outils, mais leur savoir-faire et leur maîtrise de la matière peuvent être assimilés à des secrets de métier.
Quelques réserves
L’exposition est particulièrement copieuse. Ici le CNCS expose plus de 200 objets hétéroclites, parfois tout petits (on pense à certains bijoux). Il s’est donc trouvé confronté à une difficulté de taille : comment disposer plus de 200 cartels, ces petits écriteaux sur lesquels sont détaillés les descriptifs, sans qu’ils ne vampirisent la surface d’exposition. Les commissaires ont opté pour de grandes cartes à prendre en mains par les visiteurs, mais elles ne sont pas toujours très claires. Qu’importe, on s’en passe ; la plupart des accessoires se suffisent à eux-mêmes.
Encore un mot...
La nouvelle exposition du CNCS en Auvergne propose une découverte très concrète des différents artisans qui fabriquent les accessoires des costumes de scène. La visite s’apparente à une récréation éducative. Elle fait surtout prendre conscience de la richesse et de la haute-technicité de ces métiers. Elle devrait plaire à tous les publics, notamment aux enfants.
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