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Thème
Le Grand Palais organise, avec la Fondation Gulbenkian de Lisbonne, une rétrospective de l'oeuvre d'Amadeo de Souza-Cardoso, grand artiste portugais injustement tombé dans l'oubli : près de 300 oeuvres dont 200 peintures.
Amadeo (1887- 1918) entre à l'école des beaux-arts de Lisbonne, d'abord attiré par l'architecture avant de s'enthousiasmer pour la caricature, le dessin et l'illustration. A l'automne 1906, il s'installe à Paris, à la Cité Falguière puis rue de Fleurus, près des époux Stein, et ensuite près du quai d'Orsay. Il rencontre en 1908 celui qui sera son complice artistique et ami le plus cher, Modigliani, qui lui présentera Brancusi. En 1911 il fait la connaissance des époux Delaunay avec lesquels il aura une collaboration intense et qui viendront, eux-mêmes, s'installer au Portugal en 1915 et 1916. Son chemin a croisé un grand nombre d'artistes de son temps : Apollinaire, Picabia, Chagall, Marie Laurencin, Diego Rivera, Paul Klee, Albert Gleizes entre autres....
Artiste reconnu de son temps, exposé à plusieurs salons d'automne et des indépendants à Paris, à l'Armory Show à New-York, et à d'autres salons d'avant-gardistes à Vienne ou à Munich, il retourne au Portugal en 1914 au début de la guerre et meurt prématurément de la grippe espagnole en 1918 à l'âge de 30 ans.
Points forts
Amadeo est un artiste d'une créativité foisonnante, d'une originalité surprenante et un précurseur de l'art moderne. Il a participé à tous les courants de son temps, tout en gardant toujours son indépendance : "je ne fais partie d'aucune école", disait-il.
Fernando Pessoa le qualifiait du "plus célèbre peintre portugais d'avant-garde".
A la fois cubiste et primitif, futuriste, orphiste, abstractionniste, poète et passionné de l'imagerie populaire, il explore la "nature vivante" des maisons, des objets (en opposition aux natures mortes), les légendes. Il joue de la couleur et du mouvement avec une vibration, un rythme et une vivacité incomparables, à l'image du "Saut du lapin", son tableau le plus célèbre.
Il peint avec éclectisme et une intensité chromatique rare les paysages de sa région natale à laquelle il était très attaché, la chasse et le cheval (thème récurrent dans son oeuvre), la femme en mouvement, les visages, les instruments de musique. Il a aussi magnifiquement illustré la légende de St Julien l'Hospitalier, de Flaubert, s'inspirant de l'art médiéval dans sa recherche de lien entre écriture et peinture.
Personnage fulgurant, d'une sensibilité à fleur de peau que l'on peut découvrir sur une série de très belles photos de lui, il est aussi attiré par l'expressionnisme allemand, que l'on retrouve dans la section "tête nègre-paysage vert", avec des visages plus tourmentés, un trait plus brutal et des couleurs plus sombres.
Son oeuvre est prolixe, foisonnante, complexe, inclassable, d'une beauté imprévisible. Peintures, dessins, collages : une surprise à chaque pas.
L'exposition est très bien présentée. Elle propose un parcours divers non linéaire, fidèle à l'évolution toujours en mouvement de l'artiste.
Quelques réserves
Le tableau choisi pour l'affiche n'est pas, à mon avis, le meilleur ni le plus représentatif de la flamboyance de la palette d'Amadeo.
Encore un mot...
La découverte de l'immense oeuvre d'Amadeo a constitué, pour moi, personnellement, un vrai coup de coeur !
Merci à la RMN de le remettre en lumière avec cette exposition étonnante et magnifique.
De mon point de vue: à voir absolument.
Une phrase
"Nous, la nouvelle génération, il n'y a que l'originalité qui nous intéresse. Impressionniste, cubiste, futuriste, abstractionniste ? Un peu de tout. Mais rien de tout cela ne constitue une école."
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