Adolfo Wildt (1868-1931), le dernier symboliste

Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries
75001
Paris
Jusqu’au 13 juillet: Tous les jours sauf le mardi, de 9h à 18h
Vu
par Culture-Tops

Thème

C’est un choix risqué que celui du Musée de l’Orangerie de consacrer une exposition à Adolfo Wildt, sculpteur italien dénigré de son époque, et largement ignoré de la nôtre. Que ce soit pour sa proximité avec le régime de Mussolini ou son style artistique inclassable, les critiques dont il est l’objet n’ont d’égal que la fascination et l’effroi que suscite l’excentricité de ses productions. Réunissant près de soixante chefs-d’œuvre, l’Orangerie revient avec brio sur la carrière tourmentée de cet esthète, dont le style, au croisement entre symbolisme, art nouveau et expressionnisme, en fait une figure à part dans l’histoire de l’art moderne.

Points forts

• Difficile d’inviter le visiteur à s’immerger dans l’univers d’un obscur artiste italien lorsque trônent dans la salle voisine les Nymphéas de Monet… Pourtant, la muséographie adoptée, à la fois chronologique et thématique, ne souffre d’aucun manque de clarté, et concourt, dès les premières minutes, à piquer au vif les visiteurs les plus perplexes, qui découvrent d’abord les techniques employées par l’artiste, avant de pouvoir contempler des chefs-d’œuvre dont le magnétisme va crescendo. • L’exposition rend ainsi bien compte de l’évolution significative qu’a connu le style de Wildt à l’orée du XXème siècle : s’il prend d’abord pour modèles les maîtres classiques italiens – inspiration dont les moulages de sculptures antiques ou les croquis présentés rendent compte avec justesse – ses œuvres s’imprègnent ensuite d’un expressionnisme inattendu, dont la plus grande manifestation reste le magnétique Vir Temporis Acti. Mêlant ensuite l’étrangeté du symbolisme, la noblesse du gothique et la ligne de l’art nouveau, il s’éloigne progressivement de la réalité anatomique de ses sujets au profit de formes plus épurées, et dont les expressions, baignées de spiritualité, s’avèrent aussi dérangeantes qu’apaisantes. • Aussi difficile soit-il de lier Wildt à un mouvement artistique précis, l’artiste a pourtant su exploiter les mêmes inspirations que ses contemporains, comme les visiteurs les plus avisés pourront le pressentir : si son utilisation de la dorure sur marbre rappelle le penchant de Klimt pour l’or byzantin, ses visages longilignes et extatiques évoquent les portraits de Fernand Khnopff, comme ses références spirituelles et mythologiques font écho à celles exploitées à la même époque par Gustave Moreau. Ce syncrétisme s’éprouve particulièrement dans la salle dédiée à ses réinterprétations de la figure maternelle, et notamment l’iconographie religieuse de la Vierge qu’il repense dans une perspective épurée, à la symbolique inédite. • Enfin, parmi cette succession de chefs-d’œuvre, quelques pièces ne manqueront pas de marquer l’esprit du visiteur. J’évoquerais volontiers de nouveau le Vir Temporis Acti, emblème de la puissance et de la douleur, symbole de la virtuosité technique de Wildt comme de sa singularité iconographique. Plus étonnant encore : l’imposant buste en bronze de Mussolini attaqué à la pioche à la Libération, et dont la souveraineté désarme.

Quelques réserves

• Le sous-titre – « le dernier symboliste » – déroutera probablement de nombreux visiteurs : en effet, si elle l’évoque à plusieurs reprises, l’exposition ne s’attache pas à repréciser, pour les plus inavertis, les caractéristiques de ce mouvement complexe. Celui-ci s’éprouve non seulement dans l’esthétisme mystique des œuvres de Wildt, mais aussi dans la diversité des interprétations qu’elles permettent ; l’exposition aurait ainsi gagné à faire preuve d’une plus grande clarté sur ce terrain souvent méconnu.

Encore un mot...

Une exposition aussi captivante que ne l’est son excentrique sujet, immanquable pour les adeptes de cette période artistique complexe.

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Un grand sculpteur, qui gagne vraiment à être connu.

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