L’égalité un fantasme français
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Héritée de la Révolution, l’égalité s’est installée sur le fronton de la République pour témoigner de cette promesse faite aux Français, et fut reprise en pacte social par le CNR ( le Conseil National de la Résistance) en 1945. Curieusement la France reste le seul pays au monde à avoir prioriser ainsi cette valeur en devise nationale .
C’est dire le défi qui lui est attaché et les débats passionnés, les prises de positions tranchées qu’elle suscite, le tout exacerbé par la crise pandémique censée toucher prioritairement les plus faibles de la société.
Sur bien des points, précise l’auteur, l’égalité reste « une passion française » avec ce qu’elle transporte de facto d’irrationalité et de fantasme.
Il y a d’abord ce déni de la réalité, cette tendance nationale à préférer le « ressenti » aux faits : ainsi, alors que la France est, grâce (ou pour son malheur) à son « Etat -providence », le pays le plus égalitaire au monde, celui qui redistribue le plus (57% de sa production), le champion toutes catégories des prélèvements obligatoires et des réglementations multiples, il se trouve que certains (avec le député François Ruffin) n’hésitent pas à recommander… « la fin de la parenthèse libérale » !
En réalité la France a poussé ses vertus égalisatrices jusqu’à devenir au sens plein du terme « socialiste » depuis 1975 en renouant avec son péché mignon de l’économie administrée et de l’orgie de la suradministration. « ...Les Français surestiment le niveau des inégalités, préfèrent l’égalité apparente à l’égalité réelle en s’arc-boutant sur la réduction des inégalités de revenus, négligent le combat de la mobilité sociale... »
Points forts
Michel de Rosen éclaire de son exceptionnelle expérience de grand commis de l’Etat, de chef d’entreprise, d’expatrié et « d’enfant d’immigré » ce rôle de pionnier que la France joue pour le développement de l’égalité dans le monde et dans notre pays. La pandémie agit à la fois comme un catalyseur et un révélateur de nos forces et de nos faiblesses : L’égalité à la française reste une valeur qui nourrit le progrès républicain, et une réalité : la France championne du monde en la matière, mais incarne un fantasme jamais complètement assouvi dans l’imaginaire collectif (ne serait-ce qu’en raison que tout un chacun, comme le disait un humoriste, estime « en droit » d’être un peu plus égal que les autres et surtout de son voisin !).
Michel de Rosen, en grand sage, ne croit pas (ou plus) aux « grandes réformes » radicales. Il avance des pistes pour progresser plutôt « à petits pas sur cet ambitieux chemin en acceptant que les inégalités ( jusqu’à un certain point ) soient aussi un stimulant : « comme en thermodynamique : si tous les éléments sont à même température il n’est pas possible de faire émerger l’énergie : les différences créent l’énergie et les richesses… »
Quelques réserves
Je n’en souligne aucun tant sa démonstration est accessible à tous publics.
Encore un mot...
Une contribution intellectuelle précieuse, largement documentée pour apporter sur ce sujet qui sans doute animera fortement le « monde d’après », la part de lucidité qui lui fait défaut.
A noter qu’elle se double d’une postface de l’auteur « Pavane pour l’ énarque défunt » qui à elle seule aurait mérité une publication à part entière.
Une phrase
C’est aussi la pensée de Friedrich Hayeck que Turgot aurait approuvée : «..il y a toutes les différences du monde entre traiter les gens de manière égale et tenter de les rendre égaux .La première est une condition pour une société libre alors que la seconde n’est qu’une nouvelle forme de servitude. »
L'auteur
Michel de Rosen, Français d’origine russe, a servi l’Etat, vécu aux Etats unis, travaillé dans le privé, intégré et présidé de grandes entreprises (Rhône-Poulenc, Eutelsat, etc). Il est reconnu comme un expert de l’industrie.
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