La Non-épuration en France de 1943 aux années 1950
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Thème
Il n’y a pas eu d’épuration en France après la Libération. L’épuration est un mythe, une « fake news », une invention d’historiens bien-pensants …
Points forts
C’est tellement hargneux, vindicatif, caricatural, partisan et, pour tout dire, tellement bête, que cela en devient risible.
Quelques réserves
Des jugements partisans à l’emporte-pièce : Maurice Schumann, le porte-parole de La France Libre à Londres, est un « sauveteur professionnel de collaborationnistes » ; Loustanau-Lacau, le fondateur du réseau de résistance Navarre, déporté à Mauthausen, un « pro-nazi avéré » ; le cardinal Suhard, un « prélat fasciste » ; Allen Dulles (chef des services secrets américains en Europe), un « nazophile » finançant les « vichysto-collaborationnistes » ; Daladier, un « ‘’républicain’’, complice de Pétain » ; Aimé Lepercq (chef des FFI de l’Ile de France, compagnon de la Libération, ministre des Finances dans le premier gouvernement du général de Gaulle), un « ‘’résistant’’ fort tardif » ; Raymond Aron, une « icône contemporaine de la bien-pensance » à la solde des américains ; le général Davet (représentant des Mouvements Unis de Résistance en Suisse), un « cagoulard vichyste » ; Robert Schuman, un « ultra clérical féal du Vatican, germanophile et ‘’révisionniste’’ territorial des Traités post bellum, dont les Wendel avaient avant-guerre fait leur député et le chef de leur très fasciste Action catholique lorraine » (sic) … J’en passe et des meilleurs …
Une vision historique totalement manichéenne : d’un côté les « vrais » résistants, c’est-à-dire les communistes, de l’autre, tous les autres, peu ou prou « suppôts de l’occupant ».
Il n’y a pas de collaborateurs, il n’y a que des collaborationnistes : Weygand-Pucheu-Darlan-Pétain-Laval-Doriot-Darnand, même combat …
Pas une ligne pour rappeler que, hors épuration sauvage (soit 10 à 15 000 victimes), les juridictions d’exceptions mises en place à la Libération (cours de justice et chambres civiques), comprenant des jurés triés sur le volet, prononcèrent tout de même 95 879 condamnations (allant de la peine de mort à l’infamante dégradation nationale dont les effets n’avaient rien d’anodin) …
Le choix du mythe ou de la légende au détriment de la vérité historique :
Sous la plume de Mme Lacroix-Riz, le Parti communiste français redevient l’imaginaire « parti des 75 000 fusillés » … Le général Schaumburg, le gouverneur militaire de Paris, est de nouveau tué dans un attentat organisé par les FTP du groupe Manouchian en juillet 1943 alors que tous les historiens savent qu’il est mort d’une maladie osseuse le 4 octobre 1947 dans un hôpital de Hambourg … Sans oublier la fameuse synarchie, cette inévitable résurgence du monstre du Loch Ness qui n’existe que dans l’imagination fertile de quelques complotistes : atteinte de psittacisme, Mme Lacroix-Riz voit des « synarcho-cagoulards », des « grands synarcho-cagoulards » et même des « grands synarcho-cagoulards royalistes » partout. Au nombre d’entre eux, le colonel Passy, responsable à Londres du BCRA, le service de renseignement gaulliste.
Des analyses sommaires et partiales : quiconque aura travaillé sérieusement sur l’affaire des cinq étudiants de Poitiers, sur celle de la rue de Buci, sur Pierre Pucheu ou sur René Hardy sera consterné par l’indigence des analyses de Mme Lacroix-Riz (Hardy ayant évidemment livré le général Delestraint et Jean Moulin aux Allemands « avec l’accord des chefs de Combat », cette « élimination [étant] planifiée par Frenay et son gourou Bénouville », tous deux considérant que Delestraint et Moulin, « non ouvriers », s’étaient rendus « coupables de trahison sociale » - le « tabou suprême » selon Mme Lacroix-Riz, en ne s’affichant pas suffisamment anticommunistes).
Mais en définitive, le pire n’est pas là. Le pire, c’est le style. La lecture du livre de Mme Lacroix-Riz est une vraie souffrance : mal écrit, constellé de guillemets qui commencent et s’arrêtent on ne sait où, de crochets triturant et tronquant des bouts de phrase soigneusement sélectionnées, des notes placées en fin de volume rendant vaine toute tentative de consultation, des coquilles faisant douter de la relecture du manuscrit (Tixier Vignancourt pour Tixier-Vignancour, infirmère pour infirmière, d’embée pour d’emblée etc ...)
Encore un mot...
Une catastrophe, sur le fond comme sur la forme. Pour Annie Lacroix-Riz, tout historien introduisant de la nuance est aussitôt accusé de vouloir « réhabiliter Vichy ».
Une phrase
« Comment ne pas imputer à une pression « rouge » une décision antagonique avec la procédure « juridique » anti-épuratrice bricolée en décembre 1943 ? »
« Les listes d’arrestation désignaient pour l’ensemble de la France des catégories homogènes ou des lots disparates, tous cagoulards, synarques ou synarcho-cagoulards, cas notoire de trahison et de collaboration d’avant-guerre et d’Occupation. »
« Des onze pièces du « premier dossier [de] la correspondance » Darlan-Pétain de 1941 soumises à « la réunion [du] matin » du 15 novembre 1944 entre « les seuls représentants des ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur », la seule première, le récit par Darlan des événements des 21 mars-15 juin 1940, attestait le crime contre la sûreté intérieure (et extérieure) de l’Etat de Pétain – nommé par Reynaud vice-président du conseil le 16 mai 1940, certitude de la Défaite acquise. »
L'auteur
Annie Lacroix-Riz est une militante marxiste-léniniste assumée, membre du Pôle de renaissance communiste en France (PRCF). Elle est également agrégée d’histoire. Pourquoi pas ? Après tout, Nathalie Arthaud, la muse de Lutte Ouvrière, est bien agrégée en économie et gestion, et c’est la raison pour laquelle, comme l’écrivait Alexandre Vialatte à l’issue de ses chroniques, « Allah est grand » …
Commentaires
...Certes on peut lui préférer Mac Bloch... qui défendait les mêmes idées que l'historienne Annie Lacroix-Ruiz - quand même professeur d'Histoire contemporaine à l'université Paris VII-Denis Diderot - quant à la collaboration totale de l'oligarchie bancaire et industrielle française avant la seconde guerre mondiale. Même si son style n'est pas celui d'un grand écrivain, elle a le mérite, elle, au moins de citer une quantité impressionnante d'archives pour étayer ses thèses... consultables et vérifiables... Il serait plus professionnel de citer quelles archives utilisées par l'historienne seraient fausses, non ?
Critique encore plus haineuse que cet ouvrage. Certes le style n'est pas agréable, mais le fond lui est indiscutable, et les archives mentionnées sont vérifiables.
C'est une histoire cohérente, à l'opposé de celle qui repose sur des témoignages d'anciens collaborateurs, qui se blanchissent entre eux.
C'est dingue comme les boulets rouges pleuvent lorsque les travaux de chercheurs honnêtes et "sachants" apparaissent (voyez la pluie encore grésillante s'abattre sur Didier Raoult !!). Tout est bon pour les discréditer. Les œuvres d'Annie Lacroix-RIz sont majeures dans la compréhension de l'avant 2nde guerre mondiale et de l'après. Toujours documentées, ses travaux sont indéboulonnables. Il n'y a que des persifleurs comme l'auteur de cet article qui se jettent dans une bataille perdue d'avance. Les autres se taisent et en coulisse la réduisent au silence pour le grand public.
Gilles Antonowicz, né en 1953 à Marseille, est un avocat, historien et essayiste français. on comprend mieux son intervention lorsque l'on sait qu'A. L-R l'a écorné dans le Monde Diplomatique de juillet 2049 témoignant de la « banalisation de la réhabilitation de Vichy et de la criminalisation du communisme » (source Wikipedia)
Auteur d'une étude sur l'épuration dans le département de la Haute-Vienne, 15 années de recherches et de confirmation m'ont été nécessaire à établir une liste (Publiée) de 474 noms de victimes de cette épuration dans ce département. On peut toujours s'adonner à l'exercice qui consiste à nier l'évidence en essayant de discréditer les travaux contradictoires, mais il est plus intéressant de convaincre un autre public que celui de l'aile dure des militants politiques que l'on souhaite embobiner un peu plus encore. Là, rien ne nous est épargné dans la tarte à la crème du propos issus des meilleures écoles de formation des cadres du bolchevisme d'autrefois... On est en pleine rééducation.
Commentaires de commentaires. On s'aperçoit à la lecture des trois commentaires ci-dessus à quel point Mme Lacroix-Riz fait école, au regard du nombre de fautes de tous genres qui truffent ces commentaires. Le pompon étant attribué à M. Iedidia qui réussi à citer un article du Monde Diplomatique datant de ... 2049. L'histoire devient pour lui de la science-fiction. J'aimerai qu'Ulyssien nous donne la référence de Marc Bloch, cela permettrai de vérifier ce qu'il avance en ce qui concerne "les mêmes idées" que Lacroix-Riz, à défaut ce n'est, malheureusement qu'une affirmation sans fondement. Frédéric nous parle d'anciens collaborateurs qui se blanchissent entre eux comme s'il n'existait rien entre l'extrême gauche de Lacroix-Riz et la droite extrême des Vichystes. Les bibliothèques que j'ai fréquentées me paraissent pourtant mieux fournies. Bref, on peut idéologiquement partager les idées de Mme Lacroix-Riz, cela ne fait pas de ce qu'elle écrit de l'histoire. Finalement, je comprends Gille Antonowicz, et cela ne fait que confirmer que les Universités sont pleines de gens qui n'ont de scientifiques que le titre.
Monsieur Alain Michel ne s'est pas douté qu'il puisse s'agir, de ma part, d'une erreur de frappe. J'en avait prévenu le site en m'excusant et demandant correction - qui n'a pas été faite. Qu'importe. Cela montre à quel point, la mauvaise foi des uns les fait sauter sur ce genre de coquille. A défaut d'avoir des contre-arguments valides. D'avoir lu tout simplement son livre.
Et pour la gouverne du sieur Ladourie, je tiens à lui signaler mon penchant politique : je suis anarchiste libertaire (donc pacifiste qui considère comme Proudhon que "le gouvernement de l’homme par l’homme, c’est la servitude", ce qui ne m'empêche pas de m'instruire et les livres d'histoire de Madame Lacroix-Riz sont d'un point de vue "scientifique" plus qu'éclairant. Me traiter et la traiter par la bande de "bolchevique" révèle à quel point les partisans de Vichy n'ont pas disparu.
Les loups depuis la "Libération" ont revêtu des peaux de mouton.
D'ailleurs cet antiquaire "éclairé", ledit sieur Ladourie, membre du bureau de HSCO, une association nationale pour une Histoire Scientifique et Critique de l’Occupation, a accueilli Gilles Antonowicz pour une intervention lors du colloque “Ré-écrire l’Histoire de l’Occupation en 2019?” organisé par le HSCO. C'est de bonne guerre qu'il le défende.
L'histoire ce n'est pas un affrontement entre les extrémistes. C'est une science construite patiemment loin du sensationnalisme complotisme. Le marxisme, quand on le connaît, c'est une belle mise en récit mais c'est aussi le plus grand aveuglement qui empêche l'avènement d'une connaissance scientifique. Vous évoquez son style. Certes ce n'est pas Proust mais, vous étiez historien vous sauriez que ce n'est pas ce qui importe.
Quant on vérifie dans les archives on constate que des documents sont trafiqués ou interprétés sans critique interne . Elle leur fait dire ce qu'elle VEUT leur faire dire . FAUSSAIRE !
JM Moine , historien de la sidérurgie
Je peux vous donner des exemples précis.
GILLES ANTONOWICZ préfère nettement écrire sur Isorni ou Tixier-Vignancour... Allez comprendre !
Le plus grand reproche que l’on doive faire au livre est l’impasse qu’il fait sur les responsables allemands.
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