La Chambre des dupes
510 p. -
22 €
Infos & réservation
Thème
Sur les cinq filles de la famille Mailly-Nesle, l’un des plus grands noms de France, quatre ont fréquenté la couche de Louis XV, mais c’est Marie-Anne, « la plus belle de toute la portée », qui évincera ses sœurs et passera à la postérité comme maîtresse royale sous le titre de duchesse de Châteauroux. La Chambre des dupes s’attache donc à la courte période de gloire de la favorite, dont la mort à 27 ans laissera Louis XV inconsolable jusqu’à l’arrivée de la Pompadour, deux ans plus tard.
Points forts
- Le titre fait référence à La journée des Dupes de novembre 1630 au cours de laquelle le jeune Louis XIII récuse puis exile sa mère Marie de Médicis pour installer Richelieu à la première place. Camille Pascal, lui, met en scène le triomphe de la favorite après le revirement de Louis XV qui, à Metz, avait été sommé par le parti des Dévots de faire amende honorable et de renvoyer sa maîtresse sous peine de ne pas recevoir les derniers sacrements à l’article de la mort.
- L’évocation des cinq sœurs, qui paraissent avoir été assez laides, sauf Marie-Anne :
- Marie-Anne, marquise de La Tournelle, l’héroïne principale, ambitieuse, intrigante, capricieuse et coquette, jalouse le titre de sa sœur Diane mais, une fois instituée Duchesse de Châteauroux, elle finit par aimer sincèrement le jeune roi (surnommé encore « le Bien-Aimé ») et se mêle même de politique.
- Louise de Mailly, première maîtresse pendant dix ans, est piétinée par ses sœurs mais elle est bonne et sans rancœur et finit en dévote repentante.
- Pauline, marquise de Vintimille, après avoir évincé Louise, est morte en couches « d’un enfant mâle qui ne devait rien à son mari » (sa ressemblance avec le roi lui valut le surnom de Demi-Louis).
- Diane, duchesse de Lauraguais, grasse, gourmande d’une placidité légendaire, (surnommée par Louis XV « la grosse réjouie ») partage souvent le roi avec sa sœur Marie-Anne, en particulier lors du séjour à Metz.
- Hortense marquise de Flavacourt, enfin, semble ne pas avoir cédé au roi, mais sans doute l’occasion lui a-t-elle manquée
- La dimension des clans qui n’ont rien à envier à nos modernes lobbies : s’affrontent les Dévots menés par Maurepas, proches de la reine confite en dévotions, et les Libertins dominés par le duc de Richelieu véritable « maquignon de femmes », rangés derrière le roi et sa favorite. De leur antagonisme découlent les multiples cabales et intrigues de cour, les libelles qui courent Paris, les élévations et les disgrâces.
- La solennité de l’étiquette qui constitue la seule angoisse des courtisans et se limite à une révérence réussie, un propos joliment tourné ou un mot d’esprit apprécié. Et que dire de l’importance d’un tabouret pour une duchesse qui peut s’assoir devant le roi ! Nous sommes là dans le monde si bien décrit du film Ridicule.
Quelques réserves
Il n’est pas impossible que les préférences de Camille Pascal aillent au clan des Libertins plutôt qu’à celui des Dévots : les évêques, confesseurs et chapelains divers qui traversent le récit sont animés pour la plupart de sentiments plus proches de l’ambition personnelle que de l’amour de Dieu.
Encore un mot...
Le brio avec lequel Camille Pascal se meut au XVIIIe siècle masque une recherche forcenée dont témoigne la bibliographie de fin d’ouvrage. Le soin des détails touchant aux meubles, aux costumes et aux habitudes de la cour atteint un paroxysme ; quant à Louis XV agonisant sous les coups de la médecine du temps à base de lavements et de saignées et sauvé par un obscur chirurgien-major, le fait est authentique. Vérification faite, la composition de l’élixir administré au roi par ce Moncharvaux inconnu figure dans un Bulletin des sciences pharmacologiques paru en 1915.
Une phrase
Pour le plaisir, deux des petits libelles qui circulèrent dans Paris lors du renvoi de Louise :
- Mme Allain est tout en pleurs
Voilà ce que c’est d’avoir des sœurs !
L’une jadis lui fit grand-peur !
Mais chose nouvelle,
L’on prend la plus belle,
Ma foi ! c’est jouer de malheur !
Voilà ce que c’est d’avoir des sœurs !
et
- Grand roi, que vous avez d’esprit
D’avoir renvoyé la Mailly !
Quelle haridelle aviez-vous là !
Alléluia !
L'auteur
Camille Pascal, né en 1966, a fait une carrière dans l’enseignement et l’audiovisuel avant de devenir conseiller de Sarkozy en 2011. Il siège au Conseil d’Etat depuis 2012.
Il est surtout connu du grand public depuis L’été des quatre rois pour lequel il a reçu le grand prix du roman de l’Académie Française en 2018.
Ajouter un commentaire