Dix-sept ans
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Thème
Lina, soixante-quinze ans, dévoile à ses trois fils un « secret de famille » : deux ans après la naissance d’Eric, qu’elle a eu à Dix-sept ans, elle a mis au monde son deuxième enfant illégitime, une petite fille, abandonnée sur l’ordre de sa mère. Elle implore leur pardon, accordé immédiatement par deux d’entre eux, alors qu’Eric, le fils aîné, se montre incapable de la moindre compassion.
Quelques jours après, il décide de partir pour Nice, sa ville natale, qu’il ne connaît pas. Intimement touché par cette révélation, qui le renvoie à ses propres interrogations sur son origine, il tente de recomposer le passé et la personnalité de Lina, envoyée toute seule dans cette ville pour cacher la naissance honteuse de cet enfant sans père.
Il déambule dans la ville et retrouve par le biais de rencontres improbables, les traces de sa « petite mère », qu’il a ignorée, voire même détestée pendant si longtemps.
Parviendra-t-il à effacer tous ses doutes, à se réconcilier avec elle, à réparer tous les manques, à faire renaître un amour enfoui au plus profond de lui-même ?
Points forts
• La construction du livre suit la progression de la démarche compliquée du narrateur, accomplie à cinquante-sept ans, pour comprendre son histoire familiale, faite de déchirements, de secrets, de mensonges.
• Ses mots d’écrivain lui permettent enfin d’exprimer tous les sentiments qu’il a tus pendant des années : comment guérir des absences répétées d’une mère trop jeune, du silence comme seul langage, de la peur viscérale de l’abandon, du manque d’amour, d’une souffrance muette comme un cri intériorisé ou une « statue de pierre » en lui ?
• Le portrait de celle qu’il appelle Lina, qu’il considère comme sa grande soeur est retracé par petites touches ; effacée par ses deux pères plus mystérieux, il ne la connaissait pas et il découvre enfin une femme courageuse, sauvée par son métier d’infirmière. Il s’adresse à elle ou lui donne la parole dans des pages magnifiques.
• L’auteur rappelle la honte, dans les années 1960, des enfants nés hors mariage, la solitude des femmes face à ce problème à cause de la fuite irresponsable des hommes. Sa grand-mère ne pardonnera jamais ces écarts à sa fille.
• La description vivante et colorée de la ville de Nice.
• Un style étincelant. Il cisèle des formules frappantes pour s’approcher au plus près de ce qu’il ressent.
Quelques réserves
Je n’en vois pas.
Encore un mot...
Après avoir consacré un livre à chacun de ses pères, Eric Fottorino nous propose le roman de sa mère. Il nous montre une fois de plus toute l’étendue de son talent, qui allie ici une infinie délicatesse des sentiments à la force évocatrice des mots. Un récit intime, profond, d’une beauté bouleversante, grâce à l’analyse fine et sensible des personnages tellement romanesques qui composent sa famille.
Une phrase
Ou plutôt trois:
- « Lina abandonnée par sa mère. Lina forcée d’abandonner son enfant. Etre abandonné, avoir abandonné, qui peut dire ce qui fait le plus mal ? » p.49
- « Je ne suis pas ton fils. Je suis ton fardeau. » p.67
- « Depuis toutes ces années, ne rien se dire a été notre mode unique de conversation. » p.70
L'auteur
Né en 1960, Eric Fottorino est journaliste et écrivain ; après vingt-cinq années au quotidien Le Monde, qu’il a dirigé de 2007 à 2011, il est cofondateur de l’hebdomadaire le 1, lancé en 2014 et du magazine trimestriel America en 2017 ; auteur de nombreux livres, on citera les plus récents : L’homme qui m’aimait tout bas (2009), Questions à mon père (2010), Le marcheur de Fès (2013), Chevrotine (2014), Trois jours avec Norman Jail (2016).
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