Dictionnaire amoureux de l'Italie
2 volumes, 750 p + 810 = 1560 p.
1ère édition 2008
Prix du coffret 49 €
Infos & réservation
Thème
Elargissez votre horizon avec ce vagabondage érudit et fascinant.
Sans se contenter de décrire des lieux (même incontournables comme Florence qu'il n'aime guère ou Ferrare ou Bergame qu'il adore), l'auteur aborde tous les aspects de ce qui donne à l'Italie une saveur particulière : l'art, le cinéma, la littérature, la gastronomie, les rues, les palais, les jardins, les ténors et les divas, des personnages célèbres et d'autres méconnus, les moeurs, l'histoire et la politique ...bref, l'art de vivre.
Il y a deux manières de lire un tel opus : on sélectionne les rubriques par les mots, les noms que l'on connaît pour bénéficier du regard et de l'analyse d'un passionné ; ou bien, au contraire, on choisit ceux que l'on ignore pour enrichir sa culture ! L'un n'empêchant pas l'autre, de toutes manières, on "picore". Une lecture d'un seul trait exigerait des semaines... Une rubrique de temps à autre offre un plaisir renouvelé.
Le premier tome court de A à M compris et le second de N à Z. Fernandez a tant publié sur ce pays que rassembler ses écrits finit par former cette "somme". Les rubriques alphabétiques sont d'inégale longueur, le mot Opéra par exemple (dont Fernandez est un fin connaisseur) ne comporte pas moins de 60 pages, Caravage (dont il est un spécialiste reconnu) environ 35, et Pavèse (auquel il a consacré sa thèse) 58. Les rubriques courtes sont rares. Toutes sont riches en informations.
Points forts
- Fernandez a le don de partager son immense érudition, avec un style riche sans être pédant, toujours agréable à lire. Son inépuisable curiosité génère des enthousiasmes ou des rejets et c'est tant mieux. Cet esthète vagabond laisse affleurer ses souvenirs, sans s'interdire des comparaisons avec d'autres cultures européennes qu'il connait parfaitement (la russe, notamment mais aussi l'anglaise ou l'allemande).
- Il nous entraîne souvent vers des lieux à l'écart des circuits touristiques.
- Lorsqu'il cite un livre, un film, un opéra, un tableau, il prend la peine d'en détailler le contenu, l'histoire, les aventures des protagonistes. Sans partir du stupide principe que "le lecteur n'a qu'à connaître", au contraire, il le prend courtoisement par la main, pour le guider et le conseiller.
- Il réhabilite certains (Henri de Régnier !), en démolit d'autres (Garibaldi "héros calamiteux"), nous invite à porter un regard différent sur un personnage ou un lieu que l'on croyait connaître (la rubrique Poncifs) mais toujours il justifie son jugement.
- Heureusement que le second tome propose un index des noms cités et un index des lieux, car qui penserait chercher Donizetti à B, comme Bergame ou Volpone à N comme névroses ?
Quelques réserves
- La défense de l'homosexualité est le combat de Fernandez, on ne saurait lui dénier ce droit. Cependant, dans de nombreuses rubriques, on a l'impression qu'il n'évoque tel auteur ou tel personnage (Vinci entre autres) ou même telle ville (Florence : haut lieu de la culture gay) que sous cet angle. On finirait par croire que les génies italiens ne sont jamais hétérosexuels (hormis Verdi ouf !). La répétition finit par lasser.
- un regret, qui n'est pas un point faible : j'aurais aimé trouver certains lieux (parce qu'ils le méritent ou que j'y ai des amis) : Perugia, Matera, Bari, Ravenne,... mais il est évident qu'il lui était impossible de décrire les mille et une villes italiennes (ce manque est compensé par l'éblouissante description de Raguse, en Croatie, aujourd'hui Dubrovnik).
Encore un mot...
Si les livres invitent au voyage, on ne saurait trouver meilleur compagnon pour l'Italie que ce Dictionnaire amoureux, qu'on ne pourra, hélas, emporter dans ses valises vu le poids de ces deux volumes !
Ma rubrique préférée ? "Littérature". La littérature italienne, hormis quelques grands classiques, est mal connue en France. Autant l'on peut citer moult musiciens ou artistes italiens (et pas tous !), autant on peine à avancer quelques noms de romanciers ou de poètes. Fernandez avance plusieurs explications et l'on prend à vif intérêt à les découvrir.
Une phrase
La Bohême de Puccini ne serait pas l'opéra le plus joué dans le monde si le livret, à la mise au point duquel le compositeur, selon son habitude, prêta une minutieuse attention, ne possédait une valeur dramatique exceptionnelle. Les Scènes de la vie de bohème, d'Henry Murger, d'où l'opéra fut tiré, sont tombées injustement dans l'oubli...
(à la rubrique Otello) 1816 : Napoléon avait perdu son trône, Dominico Bargaja affermissait le sien. L'empereur du Bel Canto avait commencé comme garçon de café à Milan. Enrichi d'abord par l'invention de la crème fouettée, puis... entré en possession d'une fortune de plusieurs millions, il était devenu impresario de deux théâtres lyriques de Naples, alors les premiers dans le monde, le San Carlo et le théâtre del Fondo. Homme de taille moyenne mais bâti en hercule, la poitrine large, les épaules carrées, le poignet de fer, il régna pendant quarante ans sur l'Europe lyrique.
L'auteur
Né en 1929, Dominique Fernandez, ancien élève de l’École normale supérieure, est agrégé d'italien et fut professeur à l’Institut Français de Naples puis, après la soutenance de sa thèse consacrée à Pavese, professeur à l’université de Haute-Bretagne. En 1974, il reçoit le Prix Médicis pour son roman Porporino ou les Mystères de Naples qui met en scène un castrat napolitain. En 1982, il se voit décerner le Prix Goncourt pour son roman Dans la main de l’ange qui s'inspire de la vie de Pasolini, assassiné à Ostie. Il est élu à l’Académie française en 2007. Son oeuvre est immense. Citons uniquement le dernier ouvrage paru chez Grasset en 2020 : L'Italie buissonnière
Commentaires
Absolument d'accord avec vos commentaires.
Lorsqu'on découvre les œuvres de Dominique Fernandez au hasard d'un rayon d'une librairie, on a réellement envie de connaître les écrits de ce grand monsieur qui partage son immense culture sans pédanterie.
Quel partage !
Mille mercis.
Ajouter un commentaire