Treize façons de voir

C'est bien l'un des meilleurs écrivains de langue anglaise
De
Colum McCann
Editions Belfond - 320 pages
Notre recommandation
4/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Depuis la mort de sa femme, Mr Mendelsohn, un juge new yorkais à la retraite, est las:  voilà le point de départ de « Treize façons de voir », la première (et la plus longue) nouvelle qui donne son titre au nouveau livre de Colum McCann, titre inspiré par un poème de l’Américain Wallace Stevens (1879- 1955). Le juge à la retraite est las de voir son fils lancé dans un troisième divorce, de voir les New Yorkais conduire comme des fous… Heureusement, son quotidien est illuminé par l’employée de maison, Sally, qui l’accompagne chaque jour au restaurant. Un jour de neige, il y a rendez-vous avec son fils. Ce sera le dernier jour de sa vie et tous ses proches vont être convoqués pour (tenter d’)expliquer la mort du juge…

Suivent donc quatre autres nouvelles : « Quelle heure est-il, maintenant, là où vous êtes ? », «  Sh’kol », « Traité » et « Comme s’il y avait des arbres ». Colum McCann y met en scène un jeune garçon adopté et sourd en fuite sur la côte irlandaise ; un auteur qui raconte les étapes de création de la nouvelle qu’il est en train d’écrire ; une femme, devenue nonne, découvrant à la télé celui qui, quelques années plus tôt, l’a enlevée, torturée et violée en Amérique du sud ; un homme viré de son boulot sur un chantier pour drogue et qui va se venger non pas sur son supérieur, celui qui l’a « remercié » mais sur un innocent…

Points forts

- Dans "Treize façons de voir", il y a de la violence, oui, de cette violence banale, ordinaire, quotidienne. Il y a aussi de la subtilité, de la grâce, de la générosité,  à l’image de Colum McCann, écrivain virtuose qui sait à merveille se glisser sous la peau de l’autre.

- Une fois encore, McCann a tricoté sans la moindre faute des textes sur des thèmes qui lui sont chers : la séparation, la fragilité de l’existence, la force du souvenir.

- Sans jamais forcer les mots et les traits, l’auteur donne des textes qui cognent fort, d’une puissance littéraire rare…

- La formidable résonnance entre la première nouvelle du recueil et un épisode de la vie de Colum McCann. Il avait commencé l’écriture d’un roman quand un accident de la vie et une agression l’ont sacrément abîmé alors qu’il tentait de mettre à distance un homme qui frappait sa femme. C’est alors qu’il a retrouvé dans ses cartons l’ébauche d’une nouvelle avec Mr Mendelsohn, le juge new yorkais à la retraite…

Quelques réserves

Un tout petit regret : les quatre dernières nouvelles (très bonnes, pourtant) ne sont pas à la hauteur de la première, parfaite, qui donne son titre au recueil !

Encore un mot...

En cinq nouvelles, Colum McCann signe un neuvième livre aussi étourdissant que brillant et confirme qu'il est l'un des meilleurs auteurs anglo-saxons de l'époque. Magicien de la langue, il nous offre une fois encore des textes aussi cohérents qu’exigeants et puissants.

Une phrase

- « Ce qu’il sait, (…), c’est que le froid et l’isolement seront importants : parce que ce récit traite de la Saint-Sylvestre, parce que Sandi sera prisonnière dans son cube de solitude humaine, comme la plupart d’entre nous à l’aube d’une nouvelle année, quand nous regardons à la fois derrière et devant nous ».

- « L'enfant brillant passe si vite à l'homme perdu ».

L'auteur

Né le 28 février 1965 dans la banlieue de Dublin, d’une mère au foyer et d’un père ancien footballeur professionnel devenu éditeur, Colum McCann a reçu, à 18 ans, le prix du jeune journaliste irlandais de l'année pour un article sur les femmes battues dans la capitale irlandaise. Trois ans plus tard, il voyage aux Etats-Unis, y parcourt vingt mille kilomètres, y multiplie les petits boulots. Il enchaîne avec un séjour au Japon avant de retourner à New York où il vit encore aujourd’hui.

En 1990, il écrit sa première nouvelle pour l’hebdomadaire de Dublin, « The Sunday Tribune ». Quatre ans plus tard, c’est son premier roman qui arrive en librairie : « La Rivière de l'exil » (en VO : « Fishing the Sloe-Black River »), suivi de « Le Chant du coyote » (1996), « Les quatre saisons de la nuit » (1998), « Danseur » (2003), « Zoli » (2007), « Et que le vaste monde poursuive sa course folle » (2009, National Book Award 2009 et meilleur livre de l’année pour le magazine français « Lire »), « Transatlantic » (2013) et, cette année, donc, « Treize façons de voir ». A ce jour, ses romans ont été traduits en 26 langues à travers le monde.

En marge de son activité littéraire, Colum McCann assure des cours de « creative writing » au Hunter College de l'Université de New York et il est professeur associé à l’European Graduate School à Saas Fee, en Suisse.

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