Bleu de Prusse
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Dans BLEU de PRUSSE, nous retrouvons le héros récurrent de Philip Kerr, Bernie Gunther, commissaire de la police criminelle de Berlin avec lequel on traverse successivement la fin de la République de Weimar dans les années trente, le troisième Reich puis l’après-guerre et l’exil.
Dans ce polar, il est question à deux reprises du bleu de Prusse, couleur très particulière. La première fois, en octobre 1956, lorsque le général Erich Mielke, numéro deux de la Stasi, la redoutable police politique de l’ex RDA, indique à Bernie qu’il est le seul antidote capable de pallier les effets terrifiants d’un poison, le Thallium, arme favorite de la Stasi. La seconde fois se situe en avril 1939; bleu de Prusse sera le mot de passe choisi par Bernie lorsqu’après une enquête hallucinante, il s’apprêtera à appréhender le coupable du meurtre perpétré sur la terrasse de la résidence d’Adolf Hitler à Berchtesgaden.
L’histoire commence en 1956 sur la Côte d’Azur. Bernie va quitter, c’est la fin de la saison, son emploi dans un grand hôtel. Il ne sait pas que le soir même le général Mielke va mettre tout en œuvre afin de le « convaincre » d’assassiner une renégate de la Stasi en Angleterre. Mais dès le lendemain, il réussira à fausser compagnie aux hommes du général. Alors commence, à travers la France, une traque impitoyable menée à la fois par la police française et les agents de la RDA. C’est dans sa fuite éperdue qui le mènera de Lyon à Dijon puis à Chaumont, à Merlebach puis en Sarre que Bernie devra faire face aux pires situations, à la lâcheté, à la délation, échappant de peu à la mort. Il revivra aussi cette étrange mission que lui avait confiée Heydrich dix-sept ans plus tôt : démasquer l’auteur d’un meurtre sacrilège car commis sur la terrasse de la résidence d’Hitler. A Berchtesgaden, c’est Martin Bormann, incarnation du Führer, qui fait la loi et met la région en coupe réglée. Personne ne voit d’un bon œil l’arrivée de Bernie. Il se heurtera à la véritable guerre que se livre les services de sécurité du Reich. Il manquera se faire exécuter par la Gestapo et simultanément par les sicaires de Bormann.
Cet entremêlement des époques ne relève pas de l’exercice de style. Le chef de l’équipe de la Stasi qui le poursuit avec acharnement n’est autre que l’adjoint qui l’aida en 1939 à mener à bien sa mission. Ces deux épisodes trouvent leur épilogue dans le même lieu : les galeries désaffectées de la mine de Homburg, petite cité universitaire sarroise.
Bernie est également, au-delà de son talent de policier honnête, de son astuce, un personnage attachant à l’humour ravageur quelles que soient les circonstances. Il nous parle de Goethe, de Fichte, comme des films des années trente.
Pour tous ceux qui auront suivi les tribulations passées de Bernie, Bleu de Prusse revêt une dimension toute particulière. C’est l’ultime opus qui met l’infatigable héros en scène, puisque Philip Kerr nous a quitté en mars 2018.
Points forts
- Avec Bernie, on partage la vision d’un allemand, sa perception des évènements durant l’époque nazie jusqu’à celle de la guerre froide. Tout est fiction mais rien n’est plus vrai.
- La qualité de l’écriture, la précision jusque dans les moindres détails donnent une impression de vécu, de véracité que l’on ne trouve que rarement dans un roman policier.
- L’histoire avec ses rebondissements, la construction narrative rendent cet ouvrage haletant, d’autant que les passages d’une époque à l’autre sont parfaitement maitrisés.
Quelques réserves
Seuls ceux qui ne supportent pas certaines évocations bien réelles de la vision du monde allemand pourraient ne pas apprécier ce roman.
Encore un mot...
Bien plus qu’un simple roman policier, Bleu de Prusse nous fait entrer dans les plus hautes sphères qui furent celles du régime nazi ou de celui l’ex RDA et constitue aussi une réflexion sur le crime dans un monde sans morale.
L'auteur
- L'auteur: Philip Kerr, né en Ecosse en 1956, embrassa une carrière de journaliste et de publicitaire, avant de devenir, en 1989, un écrivain mondialement reconnu avec la parution de sa «Trilogie berlinoise », mettant en scène celui qui allait devenir le héros de douze ouvrages : Bernhard Gunther dit Bernie. Le talent de Philip Kerr ne s’est pas limité à cette saga policière. Il est également l’auteur de plusieurs romans et de livres pour la jeunesse.
- L’interprète: Eric Herson-Macarel, acteur français de théâtre et de cinéma, est également actif dans le doublage. Il est notamment la voix de Robert Carlyle, Willem Dafoe, Daniel Craig. Il est également la voix de livres audio et de documentaires.
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