Tarzan, Seigneur de la jungle
84 pages -
17,95 €
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Thème
1885, côte de l’Afrique équatoriale. John et Alice Clayton, comte et comtesse de Greystoke, tentent de survivre dans la jungle hostile où ils ont trouvé refuge suite au naufrage de leur navire. Un an après la naissance de leur fils, Johnny, Alice est emportée par une longue maladie tandis que John est tué par un grand mâle Mangani, une espèce de grand singe alors inconnue des sociétés occidentales. Le petit Johnny est recueilli par Kala, une guenon qui vient de perdre son enfant.
Vingt ans plus tard, une expédition zoologique financée par l’université de Baltimore et dirigée par le professeur Porter, accompagné de sa fille Jane, explore cette même jungle à la recherche du « chaînon manquant » de l’évolution humaine. Menacés par un environnement hostile et l’agressivité de tribus anthropophages, les membres de l’expédition font la rencontre d’un personnage « à moitié homme et à moitié animal » qui pourrait bien être leur seule chance de sortir vivants de cet enfer vert.
Points forts
Les vingt premières pages, dépourvues de texte à l’exception de cinq vignettes de voix-off minimalistes, sont d’une puissance graphique magistrale dans la façon dont elles restituent la jeunesse de Tarzan chez les singes Mangani. Toutes les relations au sein de la tribu Mangani, entre Tarzan et ses frères singes, entre les singes et les autres espèces animales de la jungle sont retranscrites par la force d’un regard, un mouvement de faciès, une crispation de muscles. La maestria du dessin est telle que le texte devient presque superflu.
Les scènes d’affrontement entre animaux ou de combats entre humain sont assez prodigieux de brutalité et de violence brutes. A ce sujet, on notera la présence menaçante de « la rodeuse », sorte de double cruel de la Bagheera du Livre de la Jungle de Walt Disney.
Enfin, la rencontre de Jane et Tarzan est très joliment mise en scène, avec beaucoup de sensibilité, de sensualité et de pudeur, sur fond de crise existentielle d’une jeune femme destinée à une vie qu’elle ne souhaite pas.
Quelques réserves
L’album divise la vie de Tarzan en trois grands moments : la jeunesse chez les singes, la rencontre avec l’espèce humaine, le retour à la vie « normale ». Le temps consacré par l’album à chacun de ces moments se rétrécit à mesure qu’avance le récit, pouvant ainsi donner le sentiment que la fin de l’ouvrage est traitée « au pas de charge » et avec moins de profondeur que son premier tiers. Fidélité des auteurs au texte originel, choix de faire tenir leur adaptation en un album unique, intérêt moindre pour la fin du récit… ? Au lecteur de se faire son opinion.
Encore un mot...
J’avoue n’avoir pas lu le roman originel Tarzan seigneur de la jungle d’Edgar Rice Burroughs publié en 1912 ni les suites qui lui seront données par son créateur ; n’avoir pas vu les douze films dans lesquels Johnny Weissmuller incarna le seigneur de la jungle entre 1932 et 1948 ; n’avoir pas épluché les comic strips qui lui seront consacrés dès 1929 ; n’avoir pas décortiqué, enfin, les 77 400 000 résultats donnés par Google à la recherche : « Tarzan ». Je reconnais que ma culture de Tarzan se limitait à l’imagerie populaire et au très beau Greystoke, la légende Tarzan, seigneur des singes de Hugh Hudson sorti en 1984 avec Christophe Lambert dans le rôle-titre.
Et pourtant, l’adaptation de Christophe Bec et Stevan Subic m’a donné le grand plaisir d’avoir l’impression de redécouvrir un héros universel et intemporel qui n’aurait pas pris une ride. Bien que l’histoire soit archi connue - saluons ici la fidélité des auteurs au roman originel - cet album évite tout sentiment de déjà vu grâce à sa modernité et à son dynamisme.
Une illustration
L'auteur
Né à Rodez, Christophe Bec est contaminé très tôt par le virus de la BD. Autodidacte, il publie dans des fanzines pendant une dizaine d’années avant d'intégrer l'école de Bande Dessinée d'Angoulême en 1990. En 1992, il signe son premier contrat aux Éditions Soleil pour dessiner Dragan, sur un scénario de Corbeyran. Zéro Absolu, trilogie de science-fiction avec Richard Marazano au scenario le fait remarquer, éd. Soleil, 1997-1999. En 2000, il passe chez les Humanoïdes Associés en 2000 où il réalise les séries Sanctuaire, sur un scénario de Xavier Dorison, 2001-2004, et Carthago en collaboration avec divers dessinateurs, 2007-2019. Les ventes de ces deux séries en font des best-sellers de la BD. Auteur insatiable, il multiplie les projets : Ténèbres ; L'Aéropostale, des pilotes de légende ; Deepwater Prison ; Olympus Mons et s’impose comme une référence majeure de la BD Fantastique et d’Anticipation. Plus récemment, il s’essaie avec succès au Western avec le premier tome de Gunfighter, avec Michel Rouge au dessin, éd. Glénat, 2019, ou le tome de la série West Legends consacré à Billy Le Kid, Billy The Kid, The Lincoln county war, éd. Soleil, 2020.
Stevan Subic est né en Serbie où il vit et travaille. Démarrant sa carrière BD en 2009, il est vite récompensé et remarqué entre 2009 et 2012 par de nombreux prix attribués à des festivals de comics en Serbie, en Croatie et en Macédoine. En 2011, il remporte le premier prix à un concours international grâce à Conflitti. En 2014, il signe les dessins du premier tome de la série Moriarty, éd. Delcourt, 2018, et enchaîne avec le second tome. Il est aussi le dessinateur du tome 10 de la série L’Homme de l’année, 1996 – L’Homme à l’origine du grand incendie de Londres, éd. Delcourt, 2015. En 2018, il est membre du collectif d’auteurs francophones et serbes qui donnent leur vision de la Grande Guerre dans L’Ombre d’antan, recueil de 14 récits, chroniques de soldats ou de civils, éd. Inukshuk.
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